HOMME ET LOUP

2000 ans d'histoire


version française

An infernal journey: The movements of 8 rabid wolves (1590-1878)

Notes and References

The resulting incident is striking in its speed: the rabid wolf only attacks during the "furious" phase of the illness, and stops as soon as the animal enters pre-agonic prostration or is killed by men. Unity of time, unity of space, unity of action: the rabid wolf is like a character in classical tragedy! However, during that time, aggravated by the rabies, the attacker's mad rampage becomes a fateful journey, sometimes over a very long distance.

On 25 and 26 June 1590, the wolf of the territory of Belfort travelled around 40km in 24 hours, bringing terror to nine different rural communities, until a group of reapers managed to kill it with their scythes: of the 12 victims treated by Jean Bauhin, first doctor to the Count of Montbéliard, nine died in "great suffering".1

In a single day, Wednesday, 17 September 1692, another rabid wolf travelled over 25km in the south of the Forest of Orléans: from 6:15 in the morning when the furious animal attacked a wine-grower who was re-hoeing his vineyard in Bas-Gradoux, above Saint-Jean de Braye, until nightfall when it wounded several people in Sully-la-Chapelle (Loiret), six parishes were struck by the "carnage". When the night was over, the tragedy ended in Montliard, in the neighbouring diocese of Sens .2

In Champagne, on Tuesday 27 December 1773, in just one day, a rabid wolf travelled a good 10km in Pays d’Othe, from the Villadin woods to the village of Estissac (Aube), before being killed. It was around 3PM when a sudden panic scattered the herd of cows grazing in the woods. Soon after, the shepherd was brought down by the wolf. It was only 11PM when a solid, six-foot giant (the expression was not only applied to wolves), a weelwright, in a breathless struggle and after suffering terrible bites, managed to open the animal's mouth and break its jaw, bringing it to the feet of a butcher's boy who killed it with a knife. In the time if its journey, our nightmarish creature had ravaged four parishes, taking advantage of another tragedy which had taken place the day before in Mesnil-Saint-Loup with a fire in the house of a family of poor labourers, the Paulins: surprised at nightfall by the mad wolf, in the pathetic setting of their destroyed home, three members of the family were mutilated .3

In the south of Burgundy, around Cluny (Saône-et-Loire), a rabid wolf made a journey of terror in late December 1775. The first attack was recorded at around 3PM, in Poiriers, a hamlet between Buffières and Donzy… and the attacks continued until the morning of 10 December, when the wolf was killed with a rifle in Marizy, in neighbouring Charolais, along with the sow it was furiously tearing apart and the two dogs that were attacking it. Making a journey of almost 50km in 24 hours, the furious animal attacked around 30 victims (not including domestic animals) from village to village (3 in Donzy, 2 in La Vineuse, 1 in Cortambert, 1 in Amugny, 1 in Confrançon, 3 in Cortevaix, 1 in Saint-Ytaire, 2 in Sailly, 1 in Sigy, 1 in Saint-Marcelin, and around 10 in Marisy): 12 did not survive .

The 19th century was not spared such dreadful incidents. In the Massif Central, several rabid wolves terrified populations, such as that of Saint-Germain-l’Herm (Puy-de-Dôme) with 28 victims, in the heart of the Livradois Mountains, in four hours of murderous fury on 19 December 1839. Of the 28 people bitten, a dozen contracted rabies. In 1928, when Raymond Rollinat investigated the disappearance of wolves in France, the memory of the event had not faded away .

In the night of 11 to 12 July 1850, a rabid wolf came to 8 villages in Uzès (Gard).­ In the space of seven or eight hours, it covered 36km, stopping each time it encountered men or domestic animals, sheep, horses, and dogs. In total, 23 people were bitten, particularly badly because it was harvest season, and almost all the victims were surprised whilst sleeping outside in threshing areas. After a zig-zag journey that alarmed people in the region, the attacker was finally stopped when it was shot with a rifle, fracturing its thigh before it was killed. Doctor Chabanon quickly became aware of this emerging tragedy by observing the corpse of the animal, brought to the Uzès sub-prefecture by villagers :

"The animal was very thin, large, and old. Its fangs were very worn and blunt, explaining the broad, torn wounds seen almost all those injured"4.

Not all the rabid animals were so weakened. The following year, the carnage caused by the old female wolf in Gard was surpassed by the attacks of a strikingly destructive rabid wolf in Côtes-du-Nord. On 36 April 1851, in an equally short episode – 7 hours – the attacker managed to cover 45km, biting 41 people (16 of whom died of rabies) and 76 domestic animals (36 cows, 20 steer, 8 calves, 14 horses, 8 lambs, 6 pigs, 3 goats and 1 dog), zigzagging through nine different towns. The terrible beast, which in the words of the teacher in Plésidy "walked as fast as lightning", attacking and "destroying" all the living beings it encountered along the way, was also shot with a rifle5.

Of the final tragedies that caused terror in France, that of 17 July 1878 remains one of the best documented .

A legacy of bygone times?
The beast of Tendu-Mosnay (1878))

Extrait de Daniel Bernard, La fin des loups en Bas-Berry, chez l’Auteur, 1991, p. 271-274 ; id., Un loup enragé en Berry : la bête de Tendu-Mosnay (1878), p. 12-16.

Source : Arch. dép. Indre, M 4006, doc. 233.

« Brigade d’Argenton. 17 juillet 1878.

Procès-verbal constatant les blessures graves faites par un loup sur le territoire des communes de Tendu et Mosnay (Indre) où il a mordu les sept personnes désignées ci-contre et trente-trois animaux domestiques.

Ce jourd’hui dix-sept juillet mil huit cent soixante-dix-huit à minuit, nous soussignés Jongler (Marcelin) et Gasnier (Joseph Charles), gendarmes à cheval, à la résidence d’Argenton, département de l’Indre, revêtus de notre uniforme, et conformément aux ordres de nos chefs, rapportons ce qui suit. Aujourd’hui 17 du courant, vers les 3 h ½ du soir, nous fûmes informés par le sieur Maray, messager à Argenton qui arrivait de Châteauroux, qu’un loup se trouvait sur le territoire de la commune de Tendu où cet animal avait mordu plusieurs personnes ainsi qu’un certain nombre d’animaux domestiques ; à cet avis, et après avoir eu donné connaissance de cet événement à l’autorité locale de notre résidence, sur l’ordre de notre chef de brigade, qui de son côté prévenait les commandants des brigades voisines de la présence du loup sur la circonscription de notre canton, nous nous sommes transportés ayant nos armes chargées, sur les lieux où ce loup avait commis les dégâts, qui nous étaient signalés et, d’après le résultat de nos investigations faites à ce sujet il résulte ce qui suit :

  1. – La nommée Bazin (Catherine), âgée de 25 ans, métayère au domaine du Gabas, commune de Tendu, nous a fait la déclaration ci-après : « Aujourd’hui dix-sept de ce mois et vers les 4 heures du matin, étant à garder mon bétail dans un petit bois situé près de notre domaine, un loup s’est présenté dans mon troupeau, s’est élance sur ma chèvre, alors je me suis approchée pour l’empêcher de l’emporter ; à ce moment il a lâché sa proie, s’est jeté sur moi, m’a terrassée deux fois sans me faire mal et s’est ensuite lancé sur mon chien qui cherchait à me défendre et l’a mordu, après quoi s’est retiré se dirigeant du côté de la Maison-Dieu. »
  2. – La nommée André (Joséphine), femme Jolivet, âgée de 25 ans, métayère à la Maison-Dieu, également commune de Tendu, sur notre invitation, a déclaré ce qui suit : « Aujourd’hui 17 du mois, vers 4h ½ du matin, je me trouvais dans un petit bois qui fait partie du domaine où nous sommes métayers, à garder un troupeau de moutons ; à un certain moment, un loup fait irruption dans ce bois tout en se lançant dans mon troupeau ; à son aspect, j’ai essayé de fuir, mais en mettant ce projet à exécution, je suis tombée et me trouvant étendue de frayeur sur la terre, cet animal s’est approché de moi, m’a mordu le pouce de la main gauche ainsi que deux de mes moutons et ma chienne, puis après il s’est retiré dans la forêt. »
  3. – La nommée Thibeault (Jeanne), âgée de 22 ans, métayère au domaine des Salerons également commune de Tendu, sur notre invitation, nous a déclaré ce qui suit : « Aujourd’hui 17 du courant vers les 5 h ½ du matin ; je gardais un troupeau de moutons dans un bois qui dépend de notre domaine où tout à coup un loup de haute taille est apparu au milieu de mes moutons et en a mordu dix, malgré tous les efforts que je faisais pour empêcher cet animal de les mordre, puis après avoir fait ce vacarme dans mon troupeau, il s’est retiré dans les bois. »
  4. – Le nommé Longain (Alexandre), âgé de 31 ans, métayer au domaine de Mazière, commune de Tendu, sur notre interprétation nous a déclaré ce qui suit : « Aujourd’hui, 17 de ce mois, vers 6 h. du matin, ma domestique qui est une jeune fille âgée de 14 ans, était à garder mon bétail dans un bois situé près de mon domaine où un loup a tout-à-coup fait irruption et a mordu deux de mes génisses et ma chienne, puis après il s’est dirigé du côté de la commune de Mosnay. »
  5. La nommée Dupont (Françoise), femme Ribaut, âgée de 36 ans, métayère au domaine des Terreaux, commune de Mosnay, nous a fait la déclaration ci-après : « Aujourd’hui vers 6 h.1/2 du matin, je gardais mes moutons dans un petit bois situé près de notre domaine où un gros loup est survenu et s’est lancé sur mes moutons ; voulant empêcher cet animal de causer un aussi grand mal dans mon troupeau, je lui arrachai de la gueule mes moutons les uns après les autres, mais à un certain moment il s’est jeté sur moi, m’a terrassée et mordue à l’épaule droite, au sein, au bras et à un doigt du même côté. Douze de mes moutons, trois chèvres et mon chien ont été mordus par ce loup. »
  6. – Le nommé Thomas (Jean), âgé de 58 ans, propriétaire à l’Arrachie, commune de Mosnay, nous a déclaré qu’aujourd’hui 17 courant et vers les 7 h du matin, il se trouvait à moissonner près de la forêt de Mosnay, ayant avec lui un mouton, une chèvre et une chienne, « un loup de haute taille est tout à coup sorti de ladite forêt et à mordu mes trois animaux que je viens de vous énumérer après quoi il a pris la fuite. »
  7. – La nommée Ribault (Solange), femme Châtel, âgée de 45 ans, demeurant aux Adenay, commune de Mosnay, sur notre demande, nous a fait la déclaration suivante : « Aujourd’hui vers 9 heures du matin, je me trouvais avec ma petite voisine, née Augras, Joséphine, âgée de 12 ans et ma petite fille que je tenais dans mes bras, à garder des porcs dans la forêt de Mosnay où un loup de forte taille est arrivé sur nous ; il s’est d’abord jeté sur moi, m’a terrassée et mordue à la cuisse gauche et sans ma truie qui est arrivée à mon secours en se jetant sur le loup, je ne puis savoir le sort qui m’était réservé ; et cet animal en se retirant s’est jeté sur la petite Augras et l’a mordue au côté gauche du cou, mais toujours poursuivi par ma truie, il a été obligé de se retirer. »
  8. – La nommée Aufour (Marie), femme Gay, âgée de 32 ans, demeurant à l’Abbaye, commune de Mosnay, sur notre invitation, nous a fait la déclaration suivante : « Aujourd’hui vers les 2 heures du soir, j’étais occupée à ramasser du bois dans un bois situé non loin de ma demeure ; pour faire ce travail j’avais avec moi mes deux enfants dont une petite fille de 7 ans et un petit garçon âgé de 5 ans ; tout à coup un loup de haute taille fit irruption près de nous, s’est jeté sur moi pour m’arracher mon petit garçon que je tenais caché dans mes jupons ; voyant ma résistance il m’abandonna pour saisir ma petite fille à la gorge pour l’emporter, alors voyant ma petite fille emportée par ce loup, j’ai abandonné mon petit garçon pour courir après cet animal et lui disputer jusqu’à la mort mon enfant, et en voulant lui arracher ma fille qu’il tenait par la gorge, il se lança sur moi pour me terrasser ; puis étant dans cette position il m’a emporté le nez d’un coup de dents et déchiré le visage, et ma petite fille a été mordue à l’épaule droite ; puis il lui a cassé la côte qui se trouve à la partie supérieure de la poitrine puis enfin, après nous avoir ainsi maîtrisés, il s’est dirigé du côté de la forêt de Mosnay et malgré ma triste position j’ai quand même pu me rendre à mon domicile avec mes deux enfants. »
  9. – Le nommé Berlaud (Henri), âgé de 54 ans, demeurant aux Essay, commune de Mosnay, sur notre invitation nous a déclaré ce qui suit : « Aujourd’hui vers 5h ½ du soir, je moissonnais dans un champ qui se trouve limitrophe de la forêt de Mosnay d’où un loup de forte taille est sorti pour se jeter sur moi, je me suis défendu de mon mieux. J’ai lutté avec cet animal pendant un laps de temps de vingt minutes environ, dans cette lutte il m’a coupé le pouce de la main gauche, arraché les deux tiers de l’oreille droite et mordu différentes parties du corps et ensuite il s’est retiré dans la forêt d’où il venait de sortir. »

Ces renseignements obtenus et aidés d’une grande partie des habitants de la commune de Mosnay ainsi que des communes de Bouesse, Tendu et Velles qui s’étaient réunis pour abattre ce loup furieux, nous l’avons recherché jusqu’à 10 h du soir, favorisés du reste par un beau clair de lune et avant que de nous retirer, Monsieur le maire de Mosnay nous a requis de nous trouver le lendemain 18 du courant et à 4 h. du matin avec Monsieur le lieutenant de louveterie qui devait organiser une battue générale dans les bois qui environnent la commune de Mosnay. Tels sont les renseignements qui sont parvenus à la connaissance de la gendarmerie dans la journée du 17 de ce mois […]. Fait et clos à Argenton, les jours, lois et an que dessus ». Signé : Gasnier et Jongler. »

In the early hours of the morning, adults and children, out in the fields, pastures and woods with their domestic animals, were faced with one of the last wolves in Berry, between Mosnay and Tendu (Indre) to the north-east of Argenton-sur-Creuse. Over 50 animals (six steer, five heifers, around thirty sheep, six goats, seven dogs and a sow) were killed, bitten by the wolf. Seven people were mutilated: the three worst injured died of rabies after terrible suffering.6

Until the end of the 19th century, wolves remained a public enemy for peasants: they were a structural threat to cattle, and occasionally a public safety hazard, especially when infected with rabies. With Pasteur on the brink of perfecting rabies treatment, the terrible disease was still incurable. The scourge of rabid wolves was even worse because it struck in the heart of agricultural activities. In the middle of summer, the animals surprised the population who were busy working in the fields and guarding animals, before the day began. Adults and children, out in the fields, pastures, and woods with their domestic animals, were faced with one of the last wolves in Berry. Over fifty animals (six steer, five heifers, around thirty sheep, six goats, seven dogs and a sow) were killed, bitten by the "furious wolf". Of the seven people mutilated, the three worst injured died of rabies after terrible suffering. A tragic event for several villages, attacks by rabid wolves remained present in minds even under the Third Republic, a legacy of the past.


Notes and References

1 Léon Nardin, « Jean Bauhin et ses observations sur la rage en 1590 aux environs de Belfort », Bulletin de la Société belfortaine d’émulation, 1894, 13, p. 122-130.
2 M. Moreau (éd.), « Les méfaits des loups » [notes de Charles Pasquier, curé de Saint-Jean-de-Braye de 1658 à 1694], Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, iii, 17, 1er trimestre 1963, p. 14-15.
3 Lucien Weil, « La louve de Villadin », Almanach de l’Est Éclair, 1967, p. 129-141.
4 Docteur Chabanon, Mémoire sur le traitement de la rage…, 1851, d’après Marcel Méric, Les Loups dans le Gard, Nîmes, 1992, p. 130.
5 François Grout de Beaufort, Écologie historique du loup…, 1988, p. 221-231.
6 Daniel Bernard, Un Loup enragé en Berry : la bête de Tendu-Mosnay (1878). Crise rabique et derniers loups de l’Argentonnais, Châteauroux, Badel (chez l’Auteur), 1978, vi-131 p. ; Jean-Marc Moriceau, Sur les pas du loup…, 2013, p. 235-236.