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Pensées 890 à 894

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

890

{f.9r} [Passage à la main M] Sur les mauvais succes de l’empereur

Empereur

dans la guerre de 1733 et 1734[1] je disois ce qui fait la vraye foiblesse de l’empereur c’est que cette cour n’est pas acoutumée a joüer un premier rosle elle jouoit un ny en politique ny en guerre. Du temps de la monarchie d’Espagne c’estoit elle[2] qui le jouoit en Italie et aux Pais Bas ensuite les Holandois ensuite le roy Guillaume ensuite la reine Anne  les ils soont este bien embarrasses quand il a falu jouer un premier rolle premier rosle ils n’ont point d’establissemens po leur sa monarchie[3] a este faite tout a coup de pieces et de morceaux la notre est une monarchie faite peu a peu a mesure qu’on a vu un inconvenient on l’a reparé mais la monarchie de Viene n’a pas eu les establissemens necessaires pour conserver sa puissance n’ayant pas eu d’establissement d’ingenieurs elle n’a pas scu deffendre les places elle a eu d’asses bons ordres pour l’artillerie elle a regardé les estats d’Italie come des ruisseaux qui devoint lui aporter de l’argent et a consommé les revenus de ces pais la en pensions : il falloit leur employer touts {f.9v} les revenus de ce pais la a le maintenir avoir toujours une armée de trente mille homes complette en Lombardie vers les frontieres du pape dix mille homes vers dans le royaume de Naples aussi vers les frontieres du pape et dix autres mille homes a partie a califourchon sur le detroit cela auroit joint en quelque facon toutes ses forces et il les auroit avancées la ou il auroit voulu :
* Autrefois la providence des empereurs estoit dans l’empire et du coté de la Honguerie le reste n’estoit presque pas de leur bail[4] :

- - - - -

Passage de la main E à la main M

891

Depuis que j’ay vu a Amstredam l’arbre qui porte la gome

Arbre qui porte la gomme

apellée sang de dragon gros come la cuisse quand il estoit auprès de l’arbre femelle, et pas plus gros que le bras quand il estoit seul, j’ay conclu que le mariage estoit une chose necessaire[1] :

- - - - -

Main principale M

892

{f.10r} On ne doit pas estre estoné de voir que les homes presque touts les peuples de l’univers

Despotisme

soyent si eloignés de la liberte qu’ils aiment, le gouvernement despotique saute pour ainsi dire aux yeux et s’establit presque tout seul come il ne faut que des passions pour le former tout le monde est bon pour cela, mais pour faire un gouvernement moderé il faut combiner les puissances les temperer, les faire agir et les regler donner pour ainsi dire un lest à l’une pour la mettre en estat de resister a une autre c’est un chef d’œuvre de legislation que le hazart fait bien rarement, et qu’on ne laisse guere faire a la prudence : voy p 17 et la p 534 du vol precedent

- - - - -

Main principale M

893

Il me semble que dans les femmes les plus jolies

Femmes jolies

il y a de certeins jours ou je voy coment elles seront, quand elles seront laides :

- - - - -

Main principale M

894

Dans les dernieres disputes des anciens et des modernes

Anciens et modernes

MrPope seul a frapé au but[1] madame Dacier ne scavoit ce qu’elle admiroit elle admiroit Homere parce qu’il avoit ecrit en grec[2] ; Mr de Lamote manquoit {f.10v} de sentiment et son esprit s’estoit retraissi par le comerce de gens qui n’avoint que de la bavardrie[3] et eux ny lui n’avoint aucun scavoir ny aucune conoissance de l’antiquité[4] pour l’abé Terrasson les cinq sens lui manquoint[5] : Boivin estoit un scavant et rien seulement[6] ; pour le poete Gacon poete Gacon c’estoit l’ignominie du Parnasse : on ne l’a jamais connu trop meprisable[7] :

- - - - -

Main principale M


890

n1.

Charles VI, empereur d’Autriche, se trouva isolé lors de la guerre de Succession de Pologne, qui se déroulait en Allemagne et en Italie. Le 10 décembre 1733, l’armée franco-piémontaise entra dans Milan, possession autrichienne, en vertu du traité de Rastatt. En juillet 1734, l’armée française mena une offensive victorieuse contre les Impériaux dans la vallée du Rhin.

890

n2.

« Elle » : la monarchie d’Espagne.

890

n3.

« Sa monarchie » : celle de Vienne.

890

n4.

Comprendre : de leur gouvernement. « Tenir le Royaume en bail, pour dire, en avoir la régence et le gouvernement » (Furetière, 1690, art. « Bail »).

891

n1.

Montesquieu a vu cet arbre, le « dragonnier », lors de sa visite au Jardin des plantes d’Amsterdam dans la deuxième quinzaine d’octobre 1729 (Voyages, p. 481) ; le « sang de dragon » désigne la résine rouge, issue de plusieurs espèces, qu’on faisait venir d’Inde, des Canaries et de Madagascar pour ses usages en médecine (Thomas Corneille, Le Dictionnaire des arts et des sciences, Paris, J.-B. Coignard, 1694, art. « Sang »).

894

n1.

Dès le premier cahier des Pensées (en particulier aux nº 108, 114, 123, 134) jusqu’aux tardifs extraits de lecture annotés de l’Iliade et de l’Odyssée, postérieurs à 1751 (mss 2526/2a et 2526/2b, OC, t. 17, à paraître), la convergence des jugements de Montesquieu sur Homère avec ceux de Pope est frappante : voir la Traduction de la première partie de la préface de l’Homère anglais de M. Pope [1re éd. fr. 1718-1719], dans La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, A.-M. Lecoq (éd.), Paris, Gallimard, 2001, p. 557-578.

894

n2.

Voir Pensées, nº 116 ; BM Bordeaux, ms 2519 (LP, OC, t. 1, p. 595).

894

n3.

« Impertinence dans le discours » (Furetière, 1727, art. « Bavarderie »).

894

n4.

Le jugement de Montesquieu sur les traductions et surtout sur les commentaires de Houdar de La Motte est ici beaucoup plus sévère qu’au nº 116. Cette tendance s’accentuera dans les extraits de lecture d’Homère postérieurs à 1751 (voir ms 2526/2a, OC, t. 17, à paraître).

894

n5.

Allusion à l’approche esthétique purement rationaliste de Jean Terrasson (1670-1750), partisan des Modernes, qui publia en 1715 une Dissertation critique sur l’« Iliade » d’Homère, où, à l’occasion de ce poème, on cherche les règles d’une poétique fondée sur la raison […] (Paris, F. Fournier et A.-U. Coustelier).

894

n6.

Élu membre de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres en 1705, et de l’Académie française en 1721, auteur d’une Apologie d’Homère, et Bouclier d’Achille en 1715 (Paris, F. Jouenne), Jean Boivin (1663-1726) était réputé pour son érudition.

894

n7.

Partisan des Anciens, auteur d’un pamphlet intitulé Homère vengé, ou Réponse à M. de La Motte sur l’« Iliade » (Paris, E. Ganeau, 1715), François Gacon (1667-1725) est l’auteur d’innombrables satires et épigrammes contre des œuvres et des auteurs (d’où sans doute le jugement très sévère de Montesquieu).