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Pensées 415 à 419

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

415

La

Musique ital.

de langue francoise consiste toutte en iambes c’est a dire que l’on separe tout par de deux sillabes en deux sillabes, dont la premiere est breve et l’autre longue. La langue italiene au contraire[1] consiste toute en trochée une longue et une breve et est coupée de deux en deux sillabes d’une longue et d’une breve cela fait deux declamation totalement difference[2] et qui se peut a peine comparendre quand on en ignore la raison come le recitatif italien est une declamation plus haute nous Francois ne le pouvons pas plus souffrir que la declamation italiene or ce qui fait une des genies si differents dans la declamation le doivent estre infiniment dans la musique : une declamation si differente doit faire musique aussi tres differente l’italien pese sur la penultieme {p.376} sillabe le francois sur la derniere. Les Anglois et les Allemans et originaires Teutons ne font ny trochees ny iambes il font des dactiles milord Cārtĕrĕt dēr vēn vătĕr et come le dactile aproche plus du trochée que de l’iambe car c’est toujours la derniere breve ces nations langues souffrent mieux la musique italiene que la francoise

Voy p 377.

 : chaque musique est donc excellante c’est a dire la plus excellante que chaque langue puisse porter il me semble seulement que notre musi declamation est meilleure et nostre musique moins bonne. Il faut chercher sur ces principes la difference des deux musiques : examines si cette difference de declamation ne viendroit pas de ce qu’une des deux langues a plus de voyeles que l’autre ou de quelque autre raison c’et une chose arbitraire que l’une tou se tourne en trochées, l’autre en iambes tournes la feuille (1)[3]

Main principale M

416

La principale difference du sisteme payen au La principale difference du sistheme payen au notre c’est que nous croyons la plus par les intelligences d’un ordre inferieur cré[é]es et que les payens qui n’avoînt pas d’idée de la creation les croyoit engendrées

Main principale M

417

Le

Paganisme devoit necessairement être

paganisme devoit necessairement êstre : mettes moy des Indiens Mexicains ou Peruviens imbus de la religion chrétiene cent ans sans livres et sans prédicateurs, ils seront bientost idolâtres, car nous somes portes a fixer les idées que nous avons de grandeur de superiorité de merveilleux sur quelque sujet particulier, outre que la flaterie le feroit tout de meme

Main principale M

418

{p.377}

Declamon italiene

(1) La declamation italiene est foible et ne peut estre bone dans le tragique parce qu’il est impossible de prononcer un mot soutenu parce qu’on finit toujours par une breve. Je ne scay pas encor pourquoy les vers rimes sont insuportables dans une comedie ou tragedie italiene come on me dit[1].
L’avantage de nos yiambes sur les trochees italiens est que les iambes frapent mieux les organes les [lettres biffées non déchiffrées] mots la longue qui finit le mot semble lui adjouter quelque chose la breve qui le finit semble lui otter quelque chose lors que nous voulons mouvoir un corps nous l’ebranlons et gardons toujours la grande percussion pour la fin il en est de meme des mouvemens de l’ame aussi les anciens pas mettoit ils des iambes dans les vers qui ls devoint se declamer afin de battre sans cesse l’oreille et a examiner la declamation italiene on voit bien qu’ils f que les Italiens font bien de n’avoir que des polichinels et des harlequins, ils c’est qu’ils ne… peuvent pas faire mi avoir mieux le tragique a besoin ... de force[2] et la prononciation italiene n’a pas cette force : la cadance dans la danse et la musique c’est de tomber {p.378} tout a coup affin d’ebranler l’ame touts les vers latin finissoit leur repos et le dernier pied par une longue et une breve estoit une licence ; voila je croy pourquoy la langue un[e] piece francoise ne peut estre bien traduitte en italien si fait bien une piece angloise c’est que l’anglois fait a toujours que des dactiles et finit de deux par des breves come l’italien il est vray encore qu’il y a une autre raison qui est que la langue francoise est plus pure et plus simple et l’italiene p[lettres biffées non déchiffrées] plus haute et plus elevée ce qui fait que ce qui est grand parmi nous est comun parmi eux et ce qui est parmi nous comun est pour eux insipide :
Les articles

Articles

dont notre langue est pleine empechent nos vers d’estre si serrés que les latins cela etend les mots quoy qu’il n’y ait que le meme sens les Grecs avoint aussi des articles mais ils les retranchoint quand ils vouloint. Ces articles sont des non valeurs. D’ailleurs il n’y a que les transpositions du genitif et du datif qui soyent permises en francois[3] nous avons notre cesure toujours au meme endroit mais les Italiens la mettent apres le premier le second ou le troisieme pied. Temoin les 3 premiers vers du Tasse[4]
Pos

Main principale M

419

{p.379}

Pays qui ont ete fort habités fort mal sains

Remarques que touts les pais qui ont esté beaucoup habités sont très mal sains. Ainsi le territoire de Rome devenu très mal sain l’Egipte devenüe tres mal seine ; aparament que les grands ouvrages des homes qui s’enfoncent sous la terre, les canaux, caves souterreins recoivent les eaux qui y croupissent[1] l’Egipte est sujette a la peste ce païs se detruit peu a peu et la destruction augmente par la negligence a entretenir les anciens canaux ainsi l’Egipte a cette peste toutes les années[2].

- - - - -

Main principale M


415

n1.

Cet article et le nº 418 qu’un appel sur le manuscrit invite à lire à la suite, constituent un seul développement annoncé ci-dessus (nº 412). L’italien, à côté du latin et du grec, était considéré comme la langue vernaculaire de référence pour établir la pauvreté harmonique du français. Si des traités techniques associant la diction et le chant pouvaient fournir à Montesquieu des arguments contre cette idée (voir Jean-François Castille, Naissance d’une esthétique de la prose de langue française, les enjeux de l’opposition prose-poésie dans l’histoire des discours rhétoriques et poétiques de l’Antiquité aux Lumières, thèse inédite de l’université de Caen, 2007, t. II, p. 447-448 [dactyl.]), le rapprochement avec un article du Spicilège (nº 473) accrédite l’influence des entretiens avec l’abbé Conti. Montesquieu a exploré la possibilité d’une prose poétique dans le Temple de Gnide (voir nº 333, note 1).

415

n2.

Lire : différentes.

415

n3.

Signe de raccord invitant à lire le nº 418 après le nº 415.

418

n1.

L’abbé Conti, comme Scipione Maffei, Muratori, rencontrés en Italie, Guiseppe Orsi (Voyages, p. 137, 147, 367-368), et Gravina (Shackleton, p. 90), dénonce les défauts de la rime et proclame l’excellence et l’utilité des vers blancs, dans le contexte du débat italien sur le vers tragique ; voir V. Gallo, « Lineamenti di una teoria del verso tragico tra Sei e Settecento », dans Il Verso tragico dal Cinquecento al Settecento (Actes du colloque de Vérone, 14-15 mai 2003), G. Lonardi et S. Verdino (dir.), Padoue, Esedra, 2005, p. 123-168.

418

n2.

L’abbé d’Aubignac avait déjà souligné la composante bouffonne du théâtre italien (Pratique du Théatre, Paris, A. de Sommaville, 1657, p. 147), dont la tragédie était éclipsée par les auteurs français (Corneille et Racine), en dépit des efforts de Gravina, Maffei et Conti, comme théoriciens et dramaturges (Gérard Luciani, « L’Aube de la modernité en Italie », dans L’Aube de la modernité (1680-1760), P.-E. Knabe et al. (dir.), Amsterdam – Philadelphie, J. Benjamins, 2002, p. 230).

418

n3.

Il s’agit des inversions (« transpositions ») de groupes de mots occupant les fonctions qui correspondent au génitif et au datif en latin (voir nº 285 et 251, note 3).

418

n4.

« Canto l’armi pietose, e’l Capitano, / Ch’il gran Sepolcro liberòdi Christo. / Molto egli oprò col senno, e con la mano : / Molto sudò nel glorioso acquisto ; » (« Je chante les pieuses armes, et le capitaine qui délivra le grand tombeau du Christ. Il fit beaucoup par son génie et sa valeur ; il eut beaucoup à souffrir dans cette glorieuse conquête », Le Tasse, La Jérusalem délivrée, A. Desplaces (trad.), Paris, Charpentier, 1845 ; Il Goffredo del Sig. Torquato Tasso […], Venise, G. Perchacino, 1581, « Canto primo », p. 2 – Catalogue, nº 2194).

419

n1.

Cf. Voyages, p. 125, 242, 259, 308 ; Réflexions sur les habitants de Rome (1732, OC, t. 9, p. 78) et Troisieme memoire sur les mines (1731, Voyages, p. 627). Les sources sur la question de la qualité de l’air et de ses effets pathogènes ont été répertoriées dans l’introduction de Sheila Mason aux Réflexions sur les habitants de Rome (OC, t. 9, p. 72-73).

419

n2.

Cf. nº 137.