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Pensées 1609 à 1613

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1609

{f.462r} [Passage à la main M] Fragmens de vieux materiaux des Lettres persanes[1] que je n’ay n’y j’ay jetté nyles les autres ou mis ailleurs

Fragmens
Lettres persanes

_______
Le roy du Tybeth[2] a la congregation
De la propagande a Rome[3]

[Passage à la main P] Vous m’avez envoié icy un homme qui m’a dit que sa relligion exigeoit qu’il fut habillé de noir, vous m’en avez envoié un autre qui se vante de ce qu’il est vetu de gris[4], ils se haisent si fort que quoy qu’ils soient a tant de milliers de lieuës de leur pays ; ils ne se voient que pour se dire des injures, et bien que mon empire soit d’une prodigieuse etendue, ils n’y peuvent vivre tous deux, je leurs ay dit qu’ils pouvoient se le partager, et s’en aller l’un a l’orient, l’autre a l’occident, mais ils ne veulent pas que l’un soit dans un endroit ou l’autre n’ira jamais, j’avoue qu’ils ont quelque connoissance des mathematiques, mais ne pouroient ils pas etre aussi scavans sans etre aussi fols ? Comme ils m’ont {f.462v} dit que c’étoit leur habit qui leurs inspiroit une fureur si grande je les ay fait depouiller et ay voulu qu’ils fusent vetus comme deux mandarins, d’ailleurs je me suis imaginé que comme ils n’avoient point de commerce avec les femmes cela leur donnoit un esprit rude ; ainsi j’ay resolu de les marier et de leurs en donner a chacun d’eux. &c[5]

- - - - -

Passage de la main P à la main M

1610

Enfin on vient de publier l’arrest qui met l’etranger[1] aux petites maisons[2], et tous les Francois a l’hopital[3]. Les actions et les billets de banque

Billets de banque

perdent de moitie, on ote aux sujets trente fois cent millions d’un coup de plume, c’est a dire une somme qui n’existe pas a peine dans le monde et avec lequel on pouroit achepter trois fois tous les fonds du royaume de Perse toute la nation est en larmes la nuit[,] et le deuil couvrent ce malheureux royaume, il ressemble à une ville prise d’assaut, ou ravagée par les flames : au milieu de tant de malheurs l’etranger seul parait content de luy même, et parle encore de soutenir son funeste sistheme : j’habite icy le pays du desespoir : mes yeux ne voient que malheurs qui accablent les infidelles, un vent s’eleve et emporte leurs richesses leur fausse abondance disparait comme unun fphantome

Main principale P

1611

{f.463r} J’aprend en ce moment que l’arrest dont je te parlois vient d’etre revoqué ce changement ne te doit pas paraitre extraordinaire : icy les projets chassent les projets, comme les nuës chassent les nuës, l’arrest est revoqué, mais non pas le mal qu’il a fait. Ce ministere vient de faire au peuple une confidance dont il ne se relevera jamais. Adieu de Paris du 21 de la lune de Rhebiab 1er 1720[1].

- - - - -

Main principale P

1612

Tu me dis que notre grand monarque n’est occupé qu’à rendre a ses sujets une justice inviolable, qu’à retirer les petits de l’oppression des grands, et a faire respecter les grands par les petits. Gloire a jamais a ce genereux prince ; veuille le ciel que sa puisance n’ait pas plus de bornes que sa justice.

- - - - -

Main principale P

1613

Vous me demandés ce que c’est que la regeance

Régence

c’est une succession de projets manqués, et d’idees independantes des saillies[1] mises en air de sistheme, un mêlange informe de foiblesse et d’aucthorité, toute la pesanteur {f.463v} sans la gravité du ministere, un commandement toujours trop roide, ou trop lache, tantôt la desobeisance enhardie et tantot la juste confiance decouragée, une malheureuse inconstance a abandonner le mal même, un conseil qui tantot se roidit tantot se multiplie, qui parait et se perd aux yeux du public d’une maniere sourde, ou eclatante aussi differant par les personnes qui le composent, qu’il l’est par la fin qu’ elles se proposent.

- - - - -

Main principale P


1609

n1.

Les articles nº 1609-1619 (reproduits dans LP, p. 600-607), rejets des Lettres persanes, sont à rapprocher des lettres publiées en 1745 dans Le Fantasque : voir LP, p. 583-592.

1609

n2.

Ce fragment devait s’insérer dans le chapitre de L’Esprit des lois sur la « propagation de la religion » (EL, XXV, 15) et figure dans le manuscrit (De l’esprit des loix (manuscrits), II, OC, t. 4, p. 701). Il concerne les querelles entre missionnaires (cf. nº 55) et plus particulièrement entre jésuites et capucins qui cherchent à s’implanter au Tibet au début du XVIIIe siècle : voir nº 1609, note 3.

1609

n3.

La congrégation de la Propagande ou de Propaganda fide, instance pontificale chargée de l’envoi de missionnaires, avait condamné les jésuites dans l’affaire de la querelle des rites (1703) et confié officiellement la mission du Tibet aux capucins. De 1706 à 1732, date à laquelle la congrégation trancha définitivement en faveur des capucins, les jésuites cherchèrent à rétablir leur présence dans le pays : voir Michael J. Sweet, « Desperately Seeking Capuchins: Manoel Freyre’s Report on the Tibets and their Routes (Tibetorum ac eorum Relatio Viarum) and the Desideri Mission to Tibet », Journal of the International Association of Tibetan Studies, nº 2, août, 2006, p. 2-3 [en ligne à l’adresse suivante : http://www.thlib.org?tid=T2722].

1609

n4.

Il s’agit du froc gris des capucins. L’habit noir était en usage chez les jésuites.

1609

n5.

Recopié ici entre 1748 et 1750 par le secrétaire P, ce fragment transcrit par le secrétaire H (1741-1742) dans le manuscrit de L’Esprit des lois est raccourci de quelques lignes : voir De l’esprit des loix (manuscrits), II, OC, t. 4, p. 701, l. 45-52.

1610

n1.

Montesquieu reprend la périphrase qui désigne John Law dans les Lettres persanes (LP, 132 [138], p. 499). Sur cet arrêt, voir nº 1611.

1610

n2.

Voir nº 872, note 2.

1610

n3.

« Lieu pieux et charitable où on reçoit les pauvres pour les soulager en leur necessitez » (Furetière, 1690, art. « Hopital ») ; le terme est utilisé dans les Lettres persanes pour évoquer les conséquences du Système (LP, 126 [132], p. 481).

1611

n1.

Arrêt du Conseil d’État du 21 mai 1720 (voir la chronologie des Lettres persanes dans LP, p. 72) réduisant la valeur des actions de la Compagnie des Indes et des billets de banque pour faire face à l’effondrement du Système. L’arrêt fut révoqué et Law démis du Contrôle général des Finances ; voir Antoin E. Murphy, Law : économiste et homme d’État, Bruxelles, Peter Lang (Économie et histoire ; 2), 2007, p. 319-343 ; Montesquieu rejoint ici le point de vue de Saint-Simon qui jugeait pernicieuse cette mise à découvert des opérations de Law (Saint-Simon, t. VII, p. 667-668).

1613

n1.

Sur l’utilisation de ce terme à propos du Régent, cf. nº 173 (p. 145 du manuscrit des Pensées) et 1018.