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Pensées 1531 à 1535

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume II

1531

[Passage à la main M] Anglois
A
Anglois
[Passage à la main I] Anglois

Anglois

ils parlent peu et cependant ils veulent etre ecoutés, chez eux la simplicite la modestie, la retenue ne sont jamais ridicules ils font cas du merite personnel {f.234v} plus qu’aucune nation du monde : ils ont leurs caprices mais ils en reviennent si vous leur envoyez de petites gens ils croyent que vous voulez les tromper ; ils sont vrais et ouverts et meme indiscrets, mais ils ne peuvent souffrir d’etre trompez. Tout ce qui s’apelle air leur deplait ; ils aiment a voir la simplicité et la decence ; ils aiment a raisonner plus qu’a converser, naturelement honnête gens si la cour et le besoin ne les a pas corrompus, braves sans estimer la bravoure, egalement capables de mepriser l’argent et de l’aimer, incapables de sce divertir, ils aiment qu’on les divertisse. Quand les étrangers n’ont pas les deffauts qu’ils leur croyent ils sont gens à les aimer a la folie, ils aiment les talents et n’en sont point jaloux tout cela est couvert d’une bisarrerie qui est comme l’habit qui envelope toutes leurs vertus.
* Voila pour les particuliers voicy la nation et le ministere.
Trompés les. Comme ils n’esperent pas de pouvoir vous le rendre, vous les mettez au desespoir.
{f.235r} La nation insolente les particuliers modestes.

- - - - -

Ne
Ne craignent craignons jamais un roy d’Angleterre qui n’aura pas de merite personnel

- - - - -

Passage de la main I à la main M

1532

Articles retranchés du livre de la Consideration sur la grandeur des Romains dans la nouvelle edition[1] que j’en donnerai ou qui n’ont pu entrer dans les augmentations, ce qui est imprimé est marqué par une croix

Consid sur les Rom.

.
Mais la grandeur de Rome parut bientot dans les edifices publics, les ouvrages* qui ont donné et donnent encore aujourd’hui la plus haute idée de la puissance ont été faits sous les roys, on commençoit deja a batir la {f.235v} ville eternelle
Note* ses egouts ses murailles voyez l’etonnement de Denis D’Hallicarn. liv. 3[2].
Note p. 7 les Romains regardoient les etrangers comme des ennemis : hostis selon Varron De lingua latina liv. 4 signifioit au commencement un etranger qui vivoit sous ses propres loix
P. 9 il etoit arrivé à l’Italie ce que l’Amerique a eprouvé de nos jours. Les naturels du païs foible et dispersé ayant cedé leurs terres a de nouveaux habitans elle etoit peuplée par trois differentes nations les Toscans, les Gaulois et les Grecs les Gaulois n’avoient aucune relation avec les Grecs ny avec les Toscans ceux ci composoient une association qui avoient une langue des manieres et des moeurs particuliers et les colonies grecques qui tiroient leur origine de differents peuples souvent ennemis avoient des interets assez separés.
{f.236r} Note †. On ne sait bien s’ils etoient du païs ou venus d’ailleurs Denis d’Hallicarn. les croit naturels d’Italie liv. I.
†. Le monde de ce tems là n’etoit pas comme nôtre monde d’aujourd’huy, les voyages, les conquêtes, le commerce, l’établissement des grands etats, les inventions, des postes de la boussole, de l’imprimerie une certaine police generale ont facilité les communications et etabli par parmi nous un art qu’on appelle la politique chacun voit d’un coup d’oeil tout ce qui remue dans l’univers et pour peu qu’un peuple montre d’ambition il effraye d’abord tous les autres[3].
Il y avoit une maladie  que l’on apelloit la maladie des camps[4]*

Maladie des camps

 ; elle venoit de ce que les Romains n’ayant point de forteresses il falloit que leur camp leur en tint lieu. Ils y etoient enfermés et pressés, pour prevenir cette maladie ils changoient {f.236v} souvent de camp et cela meme les rendoit plus robustes en multipliant leurs travaux
Note* voyez Vegece nous ne la connoissons plus nos camps aujourd’hui ont une autre etendüe que ceux des Romains[5].
P. 68 la Macedoine etoit entourée de montagnes inaccessibles, le senat la partagea en 4 parties les declara libres, deffendit toute sorte de liaisons entre elles, memes par mariage, fit transporter les nobles en Italie et par lâ reduisit a rien cette puissance[6].
P. 70 note quand Claudius Glycias eut donné la paix aux peuples de Corse le senat ordonna qu’on leur feroit encore la guerre et fit livrer Glycias aux habitans de l’isle qui ne voulurent pas le recevoir, on sçait ce qui arriva aux Fourches Caudines[7].
P. 72
Divitiarum tanta fama erat, dit Florus, ut victor gentium populus, et donare regna consuetus, socii vivitque regis confiscationem mandaverit I. 3 c. 9[8].
{f.237r} P. 87
Le cens en luy méme ou le denombrement des citoyens etoit une chose tres sage. C’etoit une reconnoissance de l’etat de ses affaires et un examen de sa puissance. Il fut etabli par Servius Tullius ; avant luy dit Eutrop. l. 1. le cens etoit inconnu dans le monde[9].
Les citoyens pouvoient être distingués de trois manieres, par l’origine comme les patriciens l’etoient des plebeïens, par l’ordre comme les senateurs l’etoient des chevaliers et les chevaliers du reste du peuple et enfin par le droit d’image qu’avoient ceux dont les peres avoient obtenu des magistratures curules, ce qui a quelque raport a nôtre noblesse d’aujourd’hui[10].
P. 99 :
Il y a a present dans lae Republique monde une république* que presque personne ne connoit et qui dans le secret et dans le silence augmente ses forces chaque jour. Il est certain que si elle parvient jamais à l’etat de grandeur ou sa sagesse la destine elle changera {f.237v} necessairement ses loix et ce ne sera point l’ouvrage d’un legislateur mais celui de la corruption méme
Note * le canton de Berne[11]
* P. 100.
Note. Il y a des gens qui ont regardé le gouvernement de Rome comme vicieux parce qu’il etoit un mélange de la monarchie, de l’aristocratie et de l’etat populaire ; mais la perfection d’un gouvernement ne consiste pas a se rapporter a une des especes de police qui se trouvent dans les livres des politiques mais a repondre aux vües que tout legislateur doit avoir qui sont la grandeur d’un peuple ou sa felicité le gouvernement de Lacedemone n’etoit il pas aussi composé des trois[12]
Na note otee par le censeur de l’édition de Paris[13].
† Si Charles premier, si Jacques second avoient vecu dans une religion qui leur eut permis de se tuer, ils n’auroient pas eu a soutenir, l’un une telle mort, l’autre une vie telle vie
{f.238r} P. 148. Note les grands de Rome etoient deja pauvres du tems d’Auguste, on ne voulut plus etre ediles ny tribun du peuple beaucoup meme ne se soucioient pas d’étre senateurs[14].
P. 158. Quoyque les gladiateurs eussent la plus infame origine et la plus infame profession qu’il y ait jamais eu car c’etoient des esclaves ou des criminels qu’on obligeoit de se devoüer et de combattre jusqu’a la mort aux funerailles des grands.
La passion pour leurs ces exercices qui avoient tant de raport a ceux de la guerre devint telle qu’on ne sçacouroit la regarder que comme une fureur, les empereurs, les senateurs, les grands, les femmes méme parurent sur l’arene, nec virorum modô pugnas sed et fœminarum[15] Suet. in Domit. les Romains n’avoient pas moins de goùt pour les athletes[16].
{f.238v} P. 162

Prince qui succede a une Republique

Il n’y a point d’autorite plus absolue que celle du prince qui succede a la republique, car il se trouve avoir toute la puissance du peuple qui n’avoit pu se limiter lui méme, aussi voyons aujourd’huy les rois de Dannemarck exercer le pouvoir le plus arbitraire qu’il y ait en Europe[17].

- - - - -

Main principale I

1533

[Passage à la main M]

Voiture
Montagne

Voiture a de la plaisenterie et il n’a pas de guaieté[1]. Montagne a de la guayeté et point de plaisenterie. [Lettre biffée non déchiffrée] Rabelais et le roman comique sont admirables pour la gayeté, Voiture et Fontenelle n’ont n’a pas plus de gayeté que Voiture. Moliere est admirable dans l’une et l’autre de ces deux qualites et les Lettres provinciales aussi j’ose dire dire que les Lettres persanes sont riantes et ont de la guayeté et qu’elles ont plu par la :

Passage de la main I à la main M

1534

{f.239r} La vie des patriarches

Vie des Patriarches

estoit bien longue mais cette longueur de la vie paroit estre contre l’ordre de la nature parce que plus les hommes vivent long temps, moins faudroit il qu’il en naquit affin queil l’n’y enut eut pas trop d’habitans sur la terre mais plus les hommes vivent de temps plus l’espece humaine se multiplie t elle.

- - - - -

Main principale M

1535

[Passage à la main L] La situation du royaume de France

France

est facheuse en ce que elle a cent soixante et dix lieues de frontieres a garder[1] : cent soixante et dix place sur ces frontieres nonante sept trois mille[2] hommes pour garder ces places, que l’argent qu’il en coûte se consomme dans les extremités du royaume et ne revient plus, qu’il lui faut un etat major, entretenir ces place, qu’il [faut] outre cela des troupes pour l’interieur pour {f.239v} former des armés, qu’il ne faut pas moins de 25 a 30 mille hommes de recrus tous les ans, que les cotes de l’ocean sont prets de deux grandes puissances maritimes[3] et par là sont exposés, qu’ainsi il faut une marine et garder les ports, que ces cotes sont accessibles, voila donc des depenses immenses necessaires. Elle ne peut faire la guerre qu’elle ne l’ait avec toute l’Europe, luxe de la cour, necessaire entretien de la noblesse, facilité d’emprunter qui fait qu’elle emprunte.
L’Espagne

Espagne

n’a point besoin de places point besoin d’une grande armée, elle se defend toute seule, la pluspart de ses cotes de l’ocean sont inaccessibles, comme celles de la Galice &c. Celles de la Mediteranée sont eloignés des grandes puissances de mer richesse surprenante qui lui vient des Indes elle ne doit rien, elle a des laines dont tout le monde a besoin {f.240r} huiles, vins, fer, sels, soudes, mines d’or et d’argent si elle vouloit, autant de soye qu’elle voudroit, autant de bled qu’elle voudroit &c. Elle pourroit epar[g]ner autant de son revenü qu’elle voudroit pour faire les etablissemens qu’elle voudroit[4], elle n’a besoin de rien au dehors, il faut que qu tout le monde vienne à elle

- - - - -

Passage de la main M à la main L


1532

n1.

Il s’agit de l’édition de 1748 (Paris, Huart et Moreau). Voir nº 1478.

1532

n2.

Le paragraphe qui précède et cette note sont ajoutés dans l’édition de 1748 (Romains, I, p. 89, l. 9-10, apparat critique).

1532

n3.

La pagination indiquée est celle de l’édition de 1734 (Amsterdam, J. Desbordes). Le texte des paragraphes qui précèdent est supprimé dans l’édition de 1748 (Romains, p. 94, note (c) ; p. 95, I, l. 101-113 : voir apparat critique).

1532

n4.

Cf. nº 1468.

1532

n5.

Le paragraphe qui précède et la note n’ont pas été utilisés dans l’édition de 1748 et ne figurent pas dans celle de 1734.

1532

n6.

Paragraphe supprimé dans l’édition de 1748 (Romains, VI, p. 136, l. 129-132 : voir apparat critique).

1532

n7.

Note supprimée dans l’édition de 1748 (Romains, VI, p. 138, note (l)).

1532

n8.

« [Cette ville] passait pour posséder une telle opulence que le peuple vainqueur des nations et dispensateur des royaumes prononça […] la confiscation des biens d’un roi allié, encore vivant » (Florus, Abrégé de l’Histoire romaine, III, 10 (et non 9), D. Nisard (trad.), Paris, Didot, 1865). Note réduite à un renvoi à Florus dans l’édition de 1748 (Romains, VI, p. 139, note (o)).

1532

n9.

Note supprimée dans l’édition de 1748 (Romains, VIII, p. 149, note (i)).

1532

n10.

Ce nouveau paragraphe n’a pas été inséré dans l’édition de 1748.

1532

n11.

Cf. Romains, IX, p. 158, l. 90-94 et note (f).

1532

n12.

Note supprimée dans l’édition de 1748 (Romains, IX, p. 158, note (g)).

1532

n13.

La note qui suit se trouvait à la page 130 de l’édition non cartonnée d’Amsterdam (J. Desbordes, 1734 ; voir Romains, XII, p. 181, note (i)). Le débit de l’ouvrage en France exigeait de satisfaire la censure. Les suppressions et modifications demandées furent d’abord effectuées par des cartons puis intégrées aux nouvelles éditions : voir Romains, introduction, p. 37-40 ; 52-53.

1532

n14.

Note supprimée dans l’édition de 1748 (Romains, XIV, p. 195, note (b)).

1532

n15.

« Et l’on y faisait lutter non seulement des hommes, mais encore des femmes » (Suétone, Vie de Domitien, 4, 2 ; trad. La Harpe refondue par M. Cabaret-Dupaty, Paris, Garnier frères, 1893).

1532

n16.

Note supprimée dans l’édition de 1748 (Romains, XV, p. 202, note (d)) : voir apparat critique, l. 60-77.

1532

n17.

Ce passage a été maintenu dans l’édition de 1748 (Romains, XV, p. 205, l. 102-105).

1533

n1.

Voir Annie Becq, « Montesquieu et la gaieté », RM, nº 6, 2002, p. 5-15.

1535

n1.

En matière de force défensive, Montesquieu avait jugé pourtant que la médiocre grandeur de la France lui donnait un avantage sur des États comme la Perse ou la Chine (nº 271) et il reprend ce point de vue dans L’Esprit des lois pour considérer que la France et l’Espagne « sont […] de la grandeur requise » (IX, 6).

1535

n2.

93 000.

1535

n3.

L’Angleterre et la Hollande.

1535

n4.

Ces avantages font mesurer l’« horrible faute » de l’Espagne de ne pas développer son commerce : voir nº 169, 262, 264, 266.