v. 417-490

Le Mont Saint-Michel, ses paysages, ses marées, sa faune…

 
Or feron ci digression
 
Quer un petit conter volum [1]
 
Quel fut li monz primes et pois :
 420
Veir en dirrai si con jel lieis [2].
A-f. 8r 
8rDeus cenz cotes out de hauteice,
 
Desoz est leiz, desus estreice [3].
 
A l’arche semble ou garirent
 
Bestes et genz que ne perirent.
 425
Tumbe l’apelent el païs
 
Por sol itant, cest m’est avis [4],
 
Que il apert desus l’areigne
 
En la façon de tumbe humeine [5].
 
Peril de meir rest apelez
 430
Quer molt souvent i sunt trovez [6]
 
Pelerins passanz perilliez
 
Que gort de mer aveit neiez [7]
 
Ou a l’aleir ou au venir.
 
Donc ne se puet neient tenir [8],
 435
Que, entre le jor et la noiet,
 
Ne mont dous feiz sanz nul respiet [9].
Nous allons maintenant faire une digression, car nous voulons décrire un peu le mont à ses débuts et par la suite. Ce que je vais en dire est vrai et fondé sur mes lectures. Il avait deux cents coudées [1] de hauteur ; large du bas, étroit au sommet, il ressemble à l’arche où se réfugièrent bêtes et gens, échappant ainsi à la mort. Dans la région on l’appelle Tombe, tout simplement, je pense, parce qu’il se présente au-dessus du sable à la manière d’une tombe humaine [2]. On l’appelle aussi Péril de la mer [3] car bien souvent on y trouve des pèlerins qui ont péri en faisant la traversée, noyés, soit à l’aller, soit au retour, par le tourbillon de la marée qu’on ne peut empêcher, le jour comme la nuit, de monter deux fois, sans aucun répit.
 
Des Avrenches de si qu’al mont,
 
Aveit sies miles a roont [10]
 
De pleine terre et de boschage
 440
Qui ore est tot greive et rivage [11].
 
Dous eves douces i coreient
 
Qui molt a loig d’iluec sordeient [12],
 
Et, des le mont tres qu’a la meir,
 
Autre tantes en rout par peir.
 445
De la en cha a feit tel guerre
 
Li floz de la meir a la terre [13],
 
As prez, as bois, ala forest
 
Que n’i a beste ne n’i pest.
A-f. 8v 
8vDe la forest a feit areine
 450
Entor le mont, et bele et pleine [14].
 
Entre dous eves dont vos dis,
 
Seüne et Coisnon, est assis [15].
 
La tierce i rest, qui Siee ad non.
 
Devers Bretaine cort Coisnon [16],
 455
Les autres sunt en Normendie.
 
S’i est le mont, je n’en dout mie [17].
D’Avranches jusqu’au mont il y avait environ six milles [4], de plaines et de lieux boisés [5], aujourd’hui entièrement devenus plage et rivage. Deux rivières [6] d’eau douce les parcouraient, qui prenaient leur source très loin de là ; depuis le mont jusqu’à la mer, il y avait exactement autant de distance. Sur cette étendue, le flux de la mer a mené une telle offensive contre la terre, les prés, les bois, la forêt, que plus une bête n’y vit ni ne s’y nourrit. Autour du mont, la mer a transformé la forêt en une belle et plate étendue de sable. Il est situé entre deux cours d’eau dont je vous ai parlé, la Sélune et le Couësnon ; le troisième qui s’y trouve aussi a pour nom la Sée. Le Couësnon coule en direction de la Bretagne, les autres sont en Normandie : le mont s’y trouve donc, cela ne fait pour moi aucun doute [7].
 
Molt prof d’iluec est Tumbeleine,
 
Qui por cen ad le non d’Eleine [18]
 
Que Eleine morte illuec fut
 460
Quant le jaiant ovec lei jut [19].
 
Fille Hoël esteit, le conte ;
 
En porjesant l’oscist a honte [20].
 
Auquanz dient que niece esteit
 
Le rei Artur, quin prist grant dreit [21].
Tout près de là se trouve Tombelaine, qui porte le nom d’Hélène parce que c’est là que mourut Hélène, la fille du comte Hoël, après que le géant l’eut violée : il la tua de façon honteuse en la violentant [8]. D’aucuns disent qu’elle était nièce du roi Arthur, qui en tira entière vengeance [9].
 465
Entre le mont et Tumbeleine
 
Cort tost la meir par mié l’areine [22].
 
Plenté i a de granz saumons,
 
De lamprees, d’autres peissons,
 
Quer l’en i prent et muls et bars,
 470
Bons esturgons et granz sabars [23],
 
Torboz, plaïz, congres, harens,
 
Porpeis, graspeis, quant en est tens [24],
 
E tanz menuz peissons de meir
 
Que nes vos sei demiés nommeir.
Entre le mont et Tombelaine, la mer sillonne rapidement le sable. Il y a là en abondance des grands saumons, des lamproies, et d’autres poissons : on y prend des mulets, des bars, de bons esturgeons et de grands sabars [10] , des turbots, des plies, des congres, des harengs, des marsouins, des baleines [11] quand c’est l’époque, et tant de petits poissons de mer que je ne saurais vous en nommer la moitié [12]  !
 475
Cil qui de loing veient le mont
 
Le hesment estre tout roont [25]
 
Et que l’igliese tor ressemble
 
Ou l’abeïe tote ensemble [26].
A-f. 9r 
9rEs jorz d’estei i a touz tens
 480
Dous guez ou treis, si com jen pens [27]  ;
 
Ja ne ceindra meir la grant porte
 
Vers Ardevum quant ele est morte [28]  ;
 
Et quant ele est de grant poignant,
 
Avrenches passe et Ponz avant [29]  :
 485
De rive en rive tot porprent,
 
Par le païs amunt s’estent [30].
 
En la marche siet l’abeïe
 
De Bretaigne et de Normendie [31].
 
De cest lerrei, si revendrei
 490
A ma matiere que leissei [32].
Ceux qui voient le mont de loin estiment qu’il est tout rond et que l’église et l’ensemble qu’elle forme avec l’abbaye [13], ressemblent à une tour. Les jours d’été, il y a toujours, je pense, deux ou trois gués [14]. La mer, quand la marée est de morte-eau [15], ne parviendra jamais à ceindre la grande porte, vers Ardevon [16]  ; et quand elle est de vive-eau [17], elle dépasse Avranches et Ponts [18]. Elle submerge tout, d’une rive à l’autre, et s’étend en montant à travers la région. 
L’abbaye est située à la limite entre Bretagne et Normandie. Mais je vais m’arrêter et revenir à mon sujet principal, que j’ai abandonné.

~

1    Grande initiale dans B : Or feron ci discression ; volon.

2   A : Veier ; B : le mont ; puis Veir en dire si con ie leis.

3    Dous cenz coutees i out de haut ; estreit.

4    ce mest.

5    En la fasson ; humeine.

6    mer ; est ; mout souent.

7    passans.

8    alaler ; peut ; nent.

9    nuit ; foiz ; respit.

10   A : de sic qual ; B : de si quau ; Aueit sies miles tot en roont.

11    plaine ; bosquage Qui or est greue et riuage.

12    Qui mout au loign dileuc estoient.

13    De la ensa aueit tel gerre ; delamer.

14    areigne.

15    Entre dous eues ie vous dis ; coignon.

16    see ; coinon.

17   A : le autres ; B : les autres  ; Le mont i est.

18    Mout pres dileuc ; pour ce.

19    ileuc ; Quant le geant oueuc le geut.

20    hool ; En por gesant lo sist ahonte.

21   A : Anquanz ; B : Aucuns ; niesse ; Le roi artur quen print.

22    la mer parmi lareigne.

23    grans sabars.

24   A : congries ; B, v. 467 sq. : Plente i a de grans saumons Et de lampreies dautre poissons Nen i prent et muls et bars Bons esturions et grans sabars Torboz plais con gros (ou con gres ?) harens Porpais lites et gros guitens Reies tongars et maquereaus Et sors mulez grans et bieaus Et tans menus peissons de meir Que nes uous sey mie nonmer. Cf. Introduction.

25   A : Cil qui log ; le hesmeit ; B : Cil qui de loign ; lesment estre trestot ront.

26    liglese ; resemble A labeie tot en semble.

27    Es iors deste et en toz temps ; dous guez ; si comie pens.

28    cendra mer ; Vers ardeuon quant el.

29    el est ; El passe aurenches et pons.

30    eu mont ses pent.

31    seit.

32    lerey ; ou ie lesei.

~

1    Deux cents coudées = 88 mètres.


2    Cf. Revelatio III, 1 : Hic igitur Tumba vocitatur ab incolis, qui in morem tumuli quasi ab arenis emergens in altum, in spatio ducentorum cubitorum porrigitur ; oceano undique cinctus, locus… À propos de Tombe, appellation originelle du Mont Saint-Michel, du gréco-latin tumba « monticule », et de son dérivé Tombelana (littéralement « petit mont », à l’aide du suffixe -ellu, suivi du suffixe -ana), cf. René Lepelley, Le Dicotentin, Cherbourg, Isoète, 2001, p. 15-18.

3    L’expression figure déjà dans la Chanson de Roland (éd. Ian Short, Paris, Le Livre de Poche [Lettres Gothiques ; n° 4524], 1990, v. 151-153), à la fin du XIe siècle : Quant vus serez el palais seignurill A la grant feste Seint Michel del Peril, Mis avoëz la vos sivrat, ço dit

4    Le texte de la Revelatio III, 1 : … ab Abrincatensi urbe sex distans milibus… et celui du manuscrit B : Aveit sies miles tot en roont incitent à préférer la version sies à celle de A, seit. Six milles équivalent à 9 kilomètres. Dans ce même vers nous considérons a roont comme l’équivalent de la locution en roont « environ », attestée chez Wace, Conception N. D., W. R. Ashford (éd.), 571, également dans un décompte : treiz ans en reont : « trois ans environ », cité dans le TLF, rond, XIV, 1236 b. On notera aussi la leçon de B : tot en roont.

5    Plaine terreet boschage sont souvent associés comme deux configurations opposées du terrain : à une grande étendue de pays uni (pleine / plaine terre) s’oppose un lieu boisé (boschage). L’association des deux expressions est présente aussi dans Wace, Rou I, v. 39-40 (N’a baron en sa terre o si grant herbergage Qui ost le pais enfraindre em plein ne en boscage) et III, v. 820 (Cil del boschage et cil del plain), et v. 4800 (cels de boschage et cels de plain), cf. Glyn S. Burgess (trad.), Wace, The Roman de Rou, Jersey, Société Jersiaise, 2002 [éd. augmentée de notes historiques de E. Van Houts], p. 3 et 125 : « Those from woodlands and those from open country », puis la note 3 d’E. Van Houts, p. 357 indiquant qu’il pourrait éventuellement s’agir d’une allusion aux systèmes de culture en vigueur en Normandie, en openfield (plaineterre) et en champs clos de haies vives (boschage).

6    Eve, forme de l’Ouest d’oïl pour eau (eaue en ancien français), désigne ici non pas le liquide en général mais une masse de liquide dans la nature, une rivière.

7    Dans Si est le mont je n’en dout mie, si représente la contraction de si i (« s’y ») : « et ainsi, le Mont s’y trouve, j’en suis certain ».

8    Porjesir / porgesir, « faire violence à une femme », fréquent chez Wace (Rou II 1064, 4198, 4251, III 4865), appartient au lexique de l’Ouest, c’est-à-dire aux parlers normand, anglo-normand, tourangeau, angevin. Cf. sur ce point Gilles Roques « Les régionalismes dans la Vie de saint Thomas Becket de Guernes de Pont Saint-Maxence », in Catherine Bougy, Pierre Boissel, Stéphane Laîné (dir.), À l’ouest d’oïl, des mots et des choses [actes du 7e colloque de dialectologie et de littérature du domaine d’oïl occidental, 1999], Caen, Presses universitaires de Caen, 2003, p. 191.

9    v. 457-465 : le récit de l’enlèvement, du viol et du meurtre, au sommet du Mont Saint-Michel, d’Hélène, nièce du duc Hoel, par un géant venu d’Espagne est dans l’Historia Regum Britannie de Geoffroy de Monmouth (entre 1135 et 1138), de même que l’étymologie du toponyme et le détail de la vengeance du roi Arthur. Cf. Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth, Paris, Les Belles Lettres, 1993, traduction et commentaire de Laurence Mathey-Maille, § 164-165, p. 230-235.

10    Le nom de ce poisson est inconnu. Cf. Godefroy VII, 270 a (qui cite ce vers du Roman) : « sabar : espèce de poisson ». Le FEW XXI, 257 b fait figurer sabar parmi les « noms de poissons qu’il est impossible d’identifier avec précision ». On avancera l’hypothèse d’une dérivation à partir de bar, que le FEW XV, 71 rattache au moyen néerlandais barse, « bar ». Ce poisson, le dicentrarchus labrax, est ainsi défini par le Larousse (Paris, Larousse, 1996, t. I p. 3046) : « poisson osseux des estuaires, voisin de la perche, apprécié pour sa chair ». Or l’anglais bass (basse / barse) comme l’allemand Barsch désignent à la fois la perche et le bar. Le terme est qualifié de « common Teut » (« germanique commun ») par l’Oxford English Dictionary (J. A. Simpson et E. S. C. Weiner (dir.), Oxford, Clarendon Press, 1989, 2e éd.) et attesté en anglais vers l’an mil (« Ælfric Gloss. in Wülcker / 180, lupus vel scardo, baers » [Anglo-Saxon and Old English Vocabularies, éd. R. P. Wülcker, 2e éd., 1884]). Guillaume de Saint-Pair, désireux de trouver une rime à bars, a-t-il eu recours à un terme spécialisé, peu répandu, dérivé de ce même substantif, opposant ainsi le bar de rivière au bar de mer ? Notons qu’en néerlandais et en allemand coexistent baers, Barsch « perche » et zeebars, Seebarsch, « bar commun ». Quant aux esturgeons, « ils étaient capturés au Moyen Âge dans les pêcheries des estuaires de la Vire et de l’Aure et dans la baie du Mont Saint-Michel », selon Vincent Carpentier, « Aspects de l’exploitation du littoral à l’embouchure de la Dives au Moyen Âge », in Éric Barré, Élisabeth Ridel et André Zysberg (dir.), Ils vivent avec le rivage, Pêche côtière et exploitation du littoral [actes du colloque du musée maritime de Tatihou, 2000], Caen, Centre de recherche d’histoire quantitative, (Histoire maritime, n° 2), 2005, p. 96.

11    Porpeis « marsouin », du latin tardif *porcum-piscem, littéralement « porc-poisson » ; cf. le latin médiéval porpesium et l’anglais porpoise ; le scandinave marsouin, « porc de mer », repose sur la même comparaison ; craspeis « baleine » a pour étymon *crassum piscem, « poisson gras » ; cf. le latin médiéval graspetium. Lucien Musset « Quelques notes sur les baleiniers normands du Xe au XIIIe siècle », in Nordica et Normannica, Paris, Société des études nordiques, 1997, p. 307-321 et particulièrement p. 317, signale qu’« En Avranchin, le premier document disponible est […] de la fin du XIIe siècle. À cette époque, un certain Thomas Hoel reconnut aux moines du Mont-Saint-Michel, après une longue controverse, la possession des pisces silvestres, utpote balenam et graspetium, porpesium, lutam, espaart et alia genera piscium silvestrium qui vulgo dicuntur pisces ad lardum… » et p. 321 : « … l’exploitation des richesses de la Manche en cétacés tint certainement jusque vers le XIIIe siècle une place notable. Ses racines plongent sans doute par plus d’un côté, dans le passé carolingien, mais la conquête scandinave vint la transformer, la vivifier et la généraliser. Son apogée semble se placer au XIe siècle et dans les premières années du XIIe ». Cf. aussi Jean Renaud, « L’héritage maritime norrois en Normandie », in Catherine Bougy, Pierre Boissel et Bernard Garnier (dir.), Mélanges René Lepelley, Caen, Musée de Normandie, (Cahier des Annales de Normandie, n° 26), 1995, p. 23-24 : « … Le craspois ou poisson à lard désigne toutes sortes de gros animaux, du marsouin à la baleine […]. La Manche, jusqu’au XIIIe siècle, recevait la visite de cétacés de façon assez fréquente pour justifier non seulement qu’ils fassent partie des épaves intéressantes s’ils échouaient, mais aussi que s’installent des baleiniers sur les côtes normandes […]. Il est vrai qu’on chassait la baleine avant l’arrivée des Vikings : des textes carolingiens et même mérovingiens en parlent, aussi bien pour la Baie de Seine que pour le Cotentin, et c’est sans doute pourquoi le mot latin qui désigne le cétacé n’a pas été détrôné en Normandie par le mot norrois hvalr ».

12    Cf. Catherine Bougy, « Le langage ordinaire dans la baie du Mont Saint-Michel » (2e partie), Bulletin des Amis du Mont-Saint-Michel, n° 104, année 1999, p. 29-47. Le manuscrit B comporte l’ajout de quelques noms à cette énumération, mais leur métrique imparfaite permet de formuler l’hypothèse d’une modification du texte effectuée par le copiste (cf. Introduction). Cette liste de poissons n’est pas sans rappeler celle de l’Estorie des Engles de Gaimar (1147-1151) : Peison eumes a manger, Turbuz, salmons e mulvels, Graspeis, porpeis e makerels, v. 445-446 (Thomas Wright (éd.), The Anglo-Norman metrical chronicle of Geoffrey Gaimar, New York, Burt Franklin, 1850 [réédition 1967]).

13    ou l’abeïe : « avec l’abbaye » : ouo, od, du latin apud, « à côté de », « avec ».

14    L’été, les rivières, moins hautes qu’en hiver, peuvent plus facilement être passées à gué.

15    L’adjectif morte qualifie une marée de faible amplitude, en français moderne, marée de morte-eau.

16    Ardevon, Manche, canton de Pontorson.

17    Poindre : « piquer », « éperonner (son cheval) », d’où « galoper » ; poignant, gérondif de ce verbe, a le sens d’« à toute vitesse, au galop » ; substantivé et précédé de la préposition de, il entre dans une locution qui signifie : « au grand galop » et désigne la forte amplitude de la marée montante, ce que le français moderne appelle une marée de vive-eau. Le substantif poignant est toujours attesté dans le patois normand de l’île de Jersey, sous la forme pouongnant : cf. Frank Le Maistre, Dictionnaire jersiais-français, Jersey, Don Balleine Trust, 1966, p. 424 : « pouongnant, s.m. Avance journalière ou accroissement diurne de la marée ; A[nglais] tide gain. On dira que la marée point, après la morte-eau. Ch’est l’deuxième, traîsième, quatrième jour du pouongnant… ». Frank Le Maistre (ibid., p. 417) donne pour poindre et repoindre le sens d’« avancer, après la morte-eau : se dit de la marée ». Cf. à ce propos de grant repoint, au v. 3859, commenté par Graham R. Birrell, « Regional vocabulary in Le Roman du Mont-Saint-Michel », Romania, t. 100, 1979, p. 260-270 : « Repoint is evidently the past participe of this verb, used as a noun meaning exactly the same as poignant… ». Cf. également notre introduction.

18    Ponts-sous-Avranches, Manche, canton d’Avranches.