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[1194, 29 mai-1201, 16 août]

G[arin], évêque d’Évreux, à la demande d’A[gnès], abbesse, et des moniales d’Évreux, dont l’abbaye Saint-Sauveur était totalement détruite, donne à ces dernières la terre de son fief située entre Witeilme et le fossé du seigneur Rickent, considérée par tous comme convenable à la construction d’une nouvelle abbaye. Avec l’accord du chapitre, cette terre est donnée en perpétuelle aumône avec les vignes, les cens et tout ce qui appartient au fief de l’évêque sur cette terre, à jamais libre de toute exaction, moyennant une redevance annuelle de quarante sous à payer à l’évêque et à ses successeurs au synode d’hiver.

Tableau de la tradition

Original

  • A. Original perdu.

Édition(s)

Indication(s)

Dissertation critique

La destruction de l’abbaye Saint-Sauveur d’Évreux, évoquée dans le texte et justifiant la donation faite par l’évêque Garin, a très probablement eu lieu lors de l’incendie de la ville par Philippe Auguste, peu après le 29 mai 1194, à la suite du massacre de la garnison française de la ville sur ordre de Jean sans Terre (F. Neveux, La Normandie, des ducs aux rois…, Rennes, Ouest France, 1998, p. 557). Cet événement donne le terminus a quo pour la datation de l’acte. Le terminus ad quem est donné par la mort de l’évêque Garin. La Gallia christiana propose une datation vers 1195, qui n’est pas justifiée mais apparaît crédible. Le début de l’abbatiat d’Agnès à Saint-Sauveur n’est pas daté avec certitude et ne peut donc servir d’élément de datation (la Gallia christiana, col. 655, utilise le présent acte de Garin pour dater approximativement le début de l’abbatiat, vers 1195).
La terre donnée aux moniales pour la reconstruction se situe à l’extérieur de la ville d’Évreux, alors que l’ancienne abbaye était à l’intérieur de la ville (ibid.).
a affuble d’un accent circonflexe les a longs marquant la terminaison de l’ablatif de la première déclinaison. Cette distinction est ici ignorée.

AdresseUniversis sanctæ matris Ecclesiæ filiis ad quos præsens scriptum pervenerit,
IntitulationG. divina miseratione Ebroicensis ecclesiæ minister humilis,
Salutsalutem in Domino
, etc.
ExposéCum, abbatia Sancti Salvatoris Ebroicensis funditus eversa, terra de feodo nostro quæ est inter Witeilme et fossam domini Rickent, ad novæ abbatiæ constructionem omnibus idonea videatur,
Dispositifnos, ad preces et instantiam A. tunc abbatissæ et conventus Ebroicensium, eamdem terram cum vineis, et censibus, et omnibus ad feudum nostrum in terra illa spectantibus, eisdem A. et conventui in eleemosynam perpetuam, amore Dei et caritatis intuitu, ad abbatiæ novæ constructionem, libere et pacifice et quiete, ab omni exactione immunem in perpetuum, sub annuo redditu quadraginta solidorum in synodo hiemali nobis et successoribus nostris a domo prædicta numerandorum, possidendam nostri assensu capituli, concessimus.
Clause de corroborationQuod ne oblivione fugiat vel malignitate quassetur, sigilli nostri munimine roboravimus.