De ceux qui ont découvert la nouvelle terre1

Di quelli che hanno discoperta la terra nuoua

Ladite terre a été découverte il y a 35 ans, pour la partie qui s’étend de l’Est à l’Ouest, par les Bretons et les Normands, et c’est la raison pour laquelle cette terre est appelée le cap des Bretons2.

Detta terra è stata scoperta da .35. anni in qua, cio è quella parte che corre leuante & ponente per li Brettoni & Normandi, per la qual causa è chiamata questa terra il capo delli Brettoni.

L’autre partie, qui s’étend du Nord au Sud, a été découverte par les Portugais3, du Capo di Ras jusqu’au Capo di buona vista4a, et s’étend sur environ 70 lieues. Le reste, jusqu’au golfe des châteaux et au-delàb, a été découvert par les Bretons et les Normands5. Cela fait environ 33 ans qu’un navire de Honfleur, dont Jean Denis était capitaine6, avec le pilote Camartc de Rouen, y est allé pour la première fois. Et en l’an 1508 un navire de Dieppe nommé la Pensée, qui appartenait déjà à Jean Angod, père de Monseigneur le capitaine et vicomte de Dieppe, y parvint, dont était maître ou patron Thomas Auberte, lequel fut le premier à conduire ici des gens du dit paysf.

L’altra parte che corre tramontana & mezzo di è stata scoperta per li Portoghesi dopo il Capo di Ras fino al Capo di buona vista, il che contiene circa .70. leghe, & il restante è stato scoperto fin al golfo delli castelli, & piu oltra per detti Brettoni & Normandi. & sono circa 33. anni che vn nauilio di Honfleur, del quale era Capitano Giouanni Dionisio, & il piloto Camarto di Roano primamente vi andò, & nell’anno .1508. vn nauilio di Dieppa detto la Pensee, ilquale era gia di Giouan Ango padre del Monsignor lo Capitano & Visconte di Dieppa vi ando, sendo maestro ouer patron di detta naue maestro Thomaso Aubert, & fu il primo che condusse qui le genti del detto paese.

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1. Voir l’étude historique.
2. Giovanni Verrazano, qui ne semble pas avoir atteint Terre-Neuve lors de son voyage sur la côte nord-américaine en 1524, parle de « la terre découverte naguère par les Bretons, qui gît par cinquante degrés ». Voir J. Habert, M. Mollat du Jourdin, Giovanni et Girolamo Verrazano, navigateurs de François Ier, Paris, Imprimerie nationale, 1982, p. 41.
3. Il est fait référence ici aux voyages des frères Gaspar et Miguel Corte-Real entre 1500 et 1502, et peut-être aussi à ceux de João Fernandes vers 1499 et de João Alvares Fagundes vers 1520-1521. Il n’est fait aucune mention des voyages d’exploration effectués pour le compte des rois d’Angleterre Henri VII et Henri VIII par Jean Cabot / Giovanni Caboto en 1497-1498, puis par son fils Sébastien Cabot en 1508-1509, ainsi que par John Rut en 1527 et par Richard Hore en 1536.
4. Le cap Bonavista est situé à l’extrémité de la péninsule du même nom, sur la côte orientale de Terre-Neuve.
5. Brettoni & Normandi. Cette distinction s’ajoute à celle faite entre les Français et les Bretons un peu plus haut et à propos du Brésil (f° 426). Voir l’étude historique.
6. vn nauilio di Honfleur, del quale era Capitano Giouanni Dionisio. Il s’agit certainement du même Jean Denis mentionné plus loin dans le texte, qui aurait par la suite découvert une partie du Brésil : vno de Honfleur chiamato Dionisio di Honfleur (f° 426v).

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a. Nothnagle : « cap de Bonne Viste » (p. 99) ; Langlois : « Cap de Bonne-Vue » (p. 113) ; Estancelin : « cap de Buena-Vista » (p. 222).
b. Estancelin n’a pas traduit fin al golfo delli castelli, & piu oltra (p. 222).
c. Camarto. Nothnagle : « Gamart » (p. 99) ; Langlois : « Camart » (p. 113) ; Estancelin : « Gamart » (p. 222).
d. Giouan Ango. Francisé bien sûr dans les trois éditions en Jean Ango.
e. Thomaso Aubert. Francisé bien sûr dans les trois éditions en Thomas Aubert.
f. che condusse qui le genti del detto paese. Ici Estancelin commet un contresens important en traduisant par « Ce fut le premier qui conduisit dans ces parages les navigateurs dieppois » (p. 222). La traduction de Nothnagle reste ambiguë : « et il fut le premier à conduire là-bas les gens du dit pays » (p. 99). Langlois a traduit correctement par : « ce fut lui qui le premier amena ici des gens de ce pays » (p. 113).