Axe 4. Ontologie
L’histoire moderne de l’ontologie
Responsable : Gilles Olivo
Avec cet axe, qui constitue en fait le développement autonome d'un moment privilégié de l'axe Les mutations de la question de l'identité : de la substance à la subjectivité, la recherche philosophique se fait plus précise et plus délibérément érudite, ainsi que, nécessairement, plus internationale. Il requiert une présentation un peu plus détaillée. Il s'agit de tracer l'histoire de l'ontologie, entendue en son sens historiquement rigoureux, c'est-à-dire de sa naissance (le mot apparaît, en grec, en 1613 chez Goclenius et Lohrardus avant de se trouver en latin sous la plume de Clauberg en 1647) à ce qu'on peut considérer, selon le point de vue adopté, comme sa mort ou son accomplissement définitif, la philosophie kantienne. L'ontologie apparaît donc au début du XVIIe siècle dans le cadre général d'une pensée de l'objet, et dans le site plus étroit de ce qu'on appelle le philippo-ramisme. L'ontologie, au sens exact où elle est un courant de la métaphysique moderne, opère, à l'intérieur des formes complexes et variées des aristotélismes tardifs, le passage de la tradition métaphysique qui, voyant dans le concept de substance la réponse à la question de l' ens in quantum ens, se veut fidèle à l'ousiologie aristotélicienne, à la détermination moderne de l' ens ut cogitabile.
Il s'agit donc d'étudier des auteurs comme Timpler, Goclenius, Clauberg, etc., qui non seulement conduisent à la Schulphilosophie d'un Wolff ou d'un Baumgarten, mais éclairent d'un jour nouveau Leibniz ou Kant. Ce faisant, il s'agit aussi d'étudier les représentants d'autres courants de la seconde scolastique dont ils sont proches (Suarez par exemple) ou auxquels ils s'opposent (Zabarella par exemple). Plus encore, il s'agit de mesurer le rapport qu'entretiennent l'ontologie et Descartes lui-même. Car, dès lors qu'elle est née de l'effort scolaire pour atteindre un concept universel d'étant, effort principalement accompli au sein de la problématique scotiste d'une interprétation univociste de l'être, l'ontologie représente la voie philosophique que Descartes rejette exemplairement. Rien ne s'oppose plus en effet à la noétique de l'ontologie que l'épistémique cartésienne de l'ordre et de la mesure ; rien ne s'oppose plus à la primauté et à l'universalité de l'étant commun et abstrait, obtenues par l'indétermination du concept objectif d'étant, que la primauté et l'universalité acquises par la mathesis universalis. Comme le montre abondamment la bibliographie cartésienne, le renouvellement des études sur Descartes aujourd'hui passe par de telles études, qui requièrent également des collaborations internationales fortes et régulières (voir les liminaires successifs des Bulletins cartésiens).