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Pensées 836 à 840

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

836

Ce que Mr Vandale dit de la perfi friponerie des pretres ne me par sur les oracles[1] ne me paroit nullement prouvé il y a grande aparance qu’ils estoint deçus[2] eux {p.536}

Oracles

memes j’en juje par le miracle ledu sang de St Janvier que je puis prouver n’estre point une fourberie les pretres sont de bonne foy Naples est dans la bonne foy[3] et cela ne peut pas estre autrement en fait de credulité generale et successive il faut que les ministres soyent trompes ce qu’on dit icy que dit Mr Schot[4]du trepied de Delphes qui parloit par le vent qui sortoit de la montagne et entroit dans quelque le creux de cette machine et estoit apparament augmenté ou diminué par quelque ressort caché ne me paroit pas probable a moins que la sib pretresse ne fut elle meme trompée : (c’est dans le journ litteraire de nov. et decem. 1714[5] :) il pouvoit arriver naturelement que la pretresse dans sa fureur fut seduite elle meme par la persuasion des presens qu’on avoit fait au temple et ou par la flaterie l’inclination a la l’inclination a la flaterie ou enfin se prevenant elle meme pour un home plutost que pour un autre mais que cela put estre fabriqué par friponerie cela ne se peut dans aucun siecle il peut bien y avoir un premier fripon mais une succession continuele et secrete de fripons sans ombre de relligion cela ne se peut ou n’est pas vraisemblable
{p.537} Na Mr Icman Hickman[6] explique la fiole du sang de St Janvier par de l’huile d’anis bien rectifiee melee avec je croy de bon esprit de vitriol bien rectifie ce qui la rend si susceptible des changemens du chaut et du f[r]oit que l’attouchement suffit : or cela fut regardé come miraculeux avant l’invention des termomettres et l’on crut que cela estoit sang parce que cela estoit rouge.
Il y a contre moy l’histoire du livre de Daniel de la fourbrie des pretres de Darius Medus je ne scay si elle se trouve dans un livre canonique sans cella elle auroit bien l’air d’une comp histoire faite a plaisir[7] : et on voit par le peu de succes de ces pretres combien il estoit aisé de les conveincre : en un mot c’est un fait singulier.

Imposteurs

Mais les homes sont plus aisement dupes qu’imposteurs sur tout lors qu’il faut un grand nombre de gens pour cela la raison est que le grand nombre des complices nuit pour l’imposture mais le grand nombre de complices sert pour la prévention et la credulité et meme y sert et la favorise :

Main principale M

837

{p.538} J’ay la maladie de faire des livres et d’en estre honteux quand je les ay faits :

- - - - -

Main principale M

838

Mensonge

Estre vray partout, même sur sa patrie. Tout citoyen est obligé de mourir pour sa patrie persone n’est obligé de mentir pour elle.

- - - - -

Main principale M

839

Coutume de Paris

Fontenelle sai[1]. Rien ne fait faire plus de cocus que la coutume de Paris qui donne permission à la femme de s’obliger pour son mary

- - - - -

Main principale M

840

Le rouge

Je dis que le rouge bien loin d’estre une marque que les femmes cherchent songent plus a pl leur beauté fait au contraire qu’elles y songent moins, on ne scauroit croire combien les femmes estoint occupées de leur tein autrefois combien elles se regardoint au miroir quelles precautions elles prenoint combien elles vivoint sous le masque de peur du hasle c’est que come il y avoit pour lors des teins et que la beauté estoit en propre[1] cela donnoit de grandes distinctions et de grands avantages aujourd’huy touts les visages sont les memes : idem depuis qu’on ne met plus de corps[2] pour leur taille :

Main principale M


836

n1.

Antoine Van Dale (1638-1710), auteur du De Oraculis Ethnicorum (Amsterdam, H. et T. Boom, 1683) qui a servi de base à l’Histoire des oracles de Fontenelle. La thèse chrétienne orthodoxe considérait les oracles païens comme œuvres des démons et du diable, qui cessèrent à la venue de Jésus-Christ. Van Dale n’y voit que la manifestation de la fourberie des prêtres des sanctuaires ; voir Jonathan I. Israël, Les Lumières radicales, la philosophie, Spinoza et la naissance de la modernité (1650-1750) [1re éd. en anglais 2001], Paris, Éditions Amsterdam, 2005, p. 409-413 ; Spicilège, nº 421.

836

n2.

« Tromper adroitement. Il ne faut pas se laisser decevoir aux belles apparences » (Furetière, 1690, art. « Décevoir »).

836

n3.

Montesquieu a consigné ses observations faites à Naples le 30 avril 1729 concernant la liquéfaction du sang de saint Janvier (Voyages, p. 311 et 313-314).

836

n4.

Johann Carl Schott (« Mr Schot »), érudit attaché à la cour de Prusse, partageait l’opinion de Van Dale sur la fourberie des prêtres païens et expliquait l’oracle de Delphes par une invention cachée actionnée par la Pythie (Explication nouvelle de l’apothéose d’Homère, représentée sur un marbre ancien, de l’usage du trépied de Delphes, et de l’emploi des engastrimythes [1re éd. en latin, 1709], Amsterdam, J. Boom, 1714, p. 94-95).

836

n5.

Compte rendu de l’ouvrage de Schott dans le Journal littéraire (VI, novembre et décembre 1714, p. 347 et suiv.).

836

n6.

Peut-être Nathaniel Hickman, médecin, membre de la Royal Society, de la loge de la Horn Tavern à Westminster, précepteur du duc de Kingston, lié à Buffon, féru d’histoire naturelle et de peinture, qui séjourne avec son élève en France et en Italie en 1730-1732 ; voir Shackleton, p. 107-108 ; Françoise Weil, « La correspondance Buffon-Cramer », Revue d’histoire des sciences, vol. 14, nº 2, 1961, p. 121, note 4.

836

n7.

Le chapitre 14 du livre de Daniel, qui raconte l’imposture des prêtres de Bel, est étranger au canon hébraïque et considéré comme « du deuxième canon » dans la bible catholique (La Bible, Le Maître de Sacy (trad.), Paris, R. Laffont, 1990, « Introduction », p. XIV-XV).

839

n1.

Pour l’anglais said (« a dit ») : cf. nº 1205.

840

n1.

« Qui appartient à quelqu’un à l’exclusion de tout autre » (Académie, 1694, art. « Être en propre »).

840

n2.

« Partie de certains habillements, qui est depuis le col jusques à la ceinture » (Académie, 1718, art. « Corps »).