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Pensées 498 à 502

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

498

Quand aux autres peuples de la cote les autheurs ont parlé des N’azamones ches lesquels le mari emportoit chez lui le jour de ses noces touts les présens que sa femme avoit recu de ses amans des Gyndames dont les femmes portoint des franges autour d’elles ou elles faisoint des neuds pour marquer leurs amours celles qui estoint le plus chargées de ces neuds se ventoint d’avoir eu plus de part a l’estime publique

Courtisanes

Pour les peuples de l’interieur ils estoint si barbares qu’ils n’avoint point de loix ; homes et non pas cytoyens ils respiroint l’air et ne vivoint pas. La plus part ne {p.410} conoissoint point le mariage ; et ne trouvoint les enfans qu’a la ressemblance[1].

Main principale M

499

Outre les bons traitemens que les Romains furent obliges d’accorder aux Sabines qu’ils avoint enlevées les Romeines ayant dans les temps difficilles témoigné du zele pour le bien public elles recurent de nouvelles marques de consideration

Femmes

Un sexe si engageant prend toujours de nouveaux avantages, elles rendirent leurs maris touts les jours moins difficiles et leur firent agréer des choses auxquelles les autres peuples n’estoint point acoutumés
Un vieux censeur s’indignoit de voir un peuple qui comendoit a touts les homes entierement dominé par les femmes[1] :
La jalousie fut si peu conüe chez les Romains que les autheurs qui nous restent ne nous parlent presque jamais de cette passion

Jalousie

.
Et l’abus alla si loin qu’il falut que la puissance {p.411} publique punit les maris de leur trop grande complaisance pour leurs femmes :
Et les empereurs romains dans l’abus continuel qu’ils firent de leur puissance dédaignérent de s’en servir pour meintenir les leurs dans la fidelité ils se contentoint presque toujours de les répudier, et souvent ils poussoint la patiance plus loin.
On voit une longue suitte d’imperatrices qui deshonorent la couche imperiale d’une maniere indigne ; plusieurs memes furent courtisanes publiques come Messaline femme de Claude et Julia femme de Severe  Severe
Le nom de Julia passa en proverbe come un nom de debauche et de prostitution[2]
Ce n’est pas qu’on n’ut tenté souvent de corriger le desordre ; sur tout lors que la republique fut gouvernée par des gens sages, sous Cæsar, sous Auguste, sous Tibere on fit des loix qui sous pretexte {p.412}

Mœurs
Revolution

de meintenir la dignité des matrones furent un peu gênantes mais quand les moeurs et le genie d’une nation sont fixés a un certein point il faut une revolution et non pas des loix pour les changer[3]

Livie

C’est en vain que Livie Livie cherche a coriger les moeurs de son siecle par les siennes[4] ; Rome ne voit que les debauches de Julie et c’est le seul exemple qu’elle suit.
Quand la loy de Cæsar punit l’adultere des matrones elles eluderent la peine en se faisant courtisanes publiques ; mais la loy de Tybere les chassa de cet indigne retranchement[5]
Mais jusqu’ou ne porterent elles point la hardiesse non seulement elles assisterent a touts les spectacles

Sueto in Aug

meme a ceux ou l’on voyoit combattre des homes nuds

Sueton in Domit

elles oserent y combattre elles memes et descendre sur l’arene avec les athlettes et les gladiateurs[6] :
{p.413} Elles parurent meme toutes nues aux bains publics et bientost elles furent reduittes a avoir honte de se couvrir quand quelques unes le firent on peut voir dans les poetes quelles humiliantes consequances on tiroit de cette modestie[7] :

Modestie

Trajan fut oblige de faire une loy pour leur deffendre de se beigner avec les homes, il les obligea malgré elles de cacher des charmes, que quand la modestie ne tiendroit point secrets la prudence seule déroboit aux yeux pour les mieux montrer a l’immagination.

Main principale M

500

J’ay mis cela dans le traite des Romains[1]

Dans le temps que l’empire romain estoit dans sa grandeur il s’en forma un autre destiné a le mortifier ce furent les Parthes ils firent perir Crassus couvrirent de honte Antoine ils insulterent Tibere enfin les Cartaginois Mitridate et eux furent les seuls vrais enemis des Romains :

Main principale M

501

Si quelqu’un vouloit epouser une fille sace il estoit obligé de la combattre et s’il estoit veincu elle l’amenoit prisonier[1].

Main principale M

502

{p.414}

Religion chretienne

Relligion chretiene le paganisme se fatigua veinement pour la detruire superieure au genie des princes, a la sévérité des magistrats a la jalousie des prétres, a la superstition des peuples elle se rendit dominante :

Main principale M


498

n1.

Pour l’ensemble du fragment, Montesquieu suit Hérodote dans sa description de la Lybie (IV, 172 ; 176). Les « peuples de l’intérieur » sont les Machlyes et les Auséens, installés au bord du lac Tritonis (ibid., IV, 180).

499

n1.

L’abrogation de la loi Oppia qui limitait le luxe des femmes opposa, en 215 av. J.-C., le tribun L. Valerius à Porcius Caton, dit Caton l’Ancien, qui deviendra censeur en 184 av. J.-C. Le premier, pour défendre la cause des dames, récapitulait leurs interventions salutaires en faveur de la patrie depuis les origines de Rome (Tite-Live, XXXIV, 5, 8-10), le second mettait en garde ses concitoyens contre leur ascendant (ibid., XXXIV, 2, 1-14) ; ce débat est évoqué dans L’Esprit des lois à propos des lois romaines concernant les mœurs féminines (EL, VII, 14).

499

n2.

Les désordres de Julia Domna (env. 170-217), seconde femme de Septime Sévère, sont évoqués dans Aurelius Victor (Historiæ romanæ breviarium, Anvers, C. Plantini, 1579, « De Cæsaribus », p. 125 – Catalogue, nº 3297, appendice nº 3), rumeur jugée calomnieuse par Dion Cassius (Histoire romaine, LXXV, 15). Brantôme, à propos du même personnage et par allusion aux deux Julie, fille et petite-fille de l’empereur Auguste, célèbres pour leurs débordements, prétend que celles qui portaient ce nom étaient « sujettes d’estre très-grandes putains » (Recueil des dames, É. Vaucheret (éd.), Paris, Gallimard, 1991, p. 256).

499

n3.

Auguste et Tibère rétablirent des lois sur les adultères et les débauches (Suétone, Vie d’Auguste, XXXIV, 1 ; Vie de Tibère, XXXV, 1). L’Esprit des lois verra dans cette sévérité inefficace une marque de la tyrannie et de la dépravation des mœurs sous l’Empire (EL, VII, 13).

499

n4.

Dion Cassius dépeint Livia Drusella, épouse d’Auguste, personnage controversé, comme un modèle de vertu féminine (Histoire romaine, LVIII, 2).

499

n5.

L’empereur condamna à l’exil ces femmes qui se faisaient inscrire sur le registre des prostituées pour éviter le châtiment encouru par les adultères (Suétone, Vie de Tibère, XXXV, 3 ; Tacite, Annales, II, 85 ; cf. nº 2197).

499

n6.

Suétone parle des mesures de l’empereur Auguste pour éloigner les dames des spectacles de gladiateurs et d’athlètes (Vie d’Auguste, XLIV, 4, 5), et des combats du cirque, sous Domitien, dans lesquels luttaient des femmes (Vie de Domitien, IV, 2).

499

n7.

Allusion à un soupçon de difformité exprimé par Martial (Épigrammes, III, 72).

500

n1.

Erreur probable de renvoi : le seul rapprochement possible avec les Romains est la mention de Mithridate au début du livre VII.

501

n1.

Élien, Variétés historiques, XII, 38.