Pensées, volume I

{p.391} Il y a deux ou trois argumens qui pressent les athees et aux quels il est impossible de bien repondre mais ils font touts leurs efforts pour les eluder

1º. Celui de la perf^[1]

Je ne suis point etoné de voir les embitieux se donner un air de modestie et se deffendre de l’embition come d’un vice honteux ; celui qui montreroit toutte son embition etoneroit touts ceux qui voudroint le servir. D’ailleurs come persone n’est assuré de reussir dans le chemin de la fortune on veut se prepare la ressource de faire croire qu’on l’a meprisée.

Un athée jeune home qui par ses raisonemens n’est capable de prouver sa relligion ny de la detruire se doñe l’air d’en faire des raïlleries ; je dis qu’il se done un air car les railleries semblent suposer qu’il a raisoné qu’il a examiné qu’il a jugé, enfin qu’il est sur de son fait :

{p.392} Envoyés dans un royaume nouvelement découvert un jesuitte et un jacobin ; dans un an vous apprendrés que le jesuitte sera a la cour, et le jacobin parmi la canaille.

Touts les princes homes sont des bettes les princes sont des bettes qui ne sont pas attachées ; Cher :