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Pensées 2034 à 2037

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

2034

{f.323r} Academica
Fragments d’une Dissertation sur la difference des esprits
[1]

La ressemblance exterieure des enfans à leurs peres, n’est point un raport de la copie à son original
_________________________________________________________________________

Main principale Q

2034bis

[Passage à la main M] (1) Son autheur qui estoit pour lors assez jeune et qui ecrivoit dans un siecle temps ou tout le monde estoit jeune avoit ecrit dans un temps ou il esto estoit asses jeune et avoit publie son ouvrage dans un temps ou tout le monde estoit jeune :[1]
(2) Il semble qu’on n’avoit eu qu’a peindre les sentimens qu’ils avoint eus a chaque chose qui leur avoit paru extraordinaire, bien loin &c.

- - - - -

(3)Tout l’agrement ne consiste que dans le contraste qu’il y a entre des choses reelles et la maniere dont

Néant

elles sont apercües j’avouray meme que j’aurois aussi bien fait de faire un livre moins bon livre que de toucher ces matieres puis qu’on n’est jamais si sur de la maniere dont les autres sont affe[c]tés que d[e] celle dont on est affecté soy même :
De toutes les éditions… &
[f.323v-327v] Neuf pages blanches

Passage de la main Q à la main M

2035

{f.328r} [Passage à la main Q] Academica[1]
Fragments d’une Dissertation sur la difference des esprits[2]

La ressemblance exterieure des enfans à leurs peres[3], n’est point un raport de la copie à son original, comme si l’imagination des peres ou quelque cause secrette pouvoit imprimer sur le visage des enfants les traits qu’ils ont eux mêmes. Cela seroit entierrement inexplicable à la phisique. Cette ressemblance est uniquemt fondée sur ce que l’enfant étant formé de la substance du pere, et ayant eu neuf mois de suitte une vie comune avec la mere, il y a dans les uns et dans les autres un raport dans les fluides et les solides : ainsi cette qualité ou cette combinaison d’humeurs qui donne des cheveux noirs une peau blanche, de belles {f.328v} dents, une grande taille ou des traits delicats au pere ou à la mere, les donnera de même a l’enfant. Les peintres savent combien il faut peu de chose pour qu’un visage paroisse à peu prés ressembler à un autre, et à quel point un raport dans une partie frape dans le tout. Un trait seul regnera sur toute une phisionomie.
Comme les vices et les vertus humaines sont ordinairement l’effet des passions, et les passions l’effet d’un certain état de la machine (je parle du materiel des passions et non pas du formel, c’est à dire de cette complaisance que l’ame sent à suivre les mouvements de sa machine, par la douceur qu’elle y trouve ) il y a des maladies qui peuvent nous mettre dans la situation où l’on est lors de la passion même. Celles qui donneront à notre sang la disposition où est celui d’un homme hardi, nous rendront courageux ; celles qui nous {f.329r} mettront dans un état contraire, nous rendront timides : les medecins savent que de certainnes maladies rendent un homme bizarre, inquiet, et emporté ; état deplorable qui nous prouve que nous sommes tombés d’un état plus parfait.
Lorsque les medecins et les auteurs moraux traittent des passions, ils ne parlent jamais la même langue ; les moraux mettent trop sur le compte de l’ame[4] ; les autres trop sur celui du corps ; les uns regardent plus l’homme comme un esprit ; les autres plus comme la machine d’un artisan ; mais l’home est égallement composé de deux substances qui chacune comme par un flux et reflux exercent et souffrent l’empire.

- - - - -

[f.329v-333v] Neuf pages blanches

Passage de la main M à la main Q

2036

{f.334r} * Je remarque que quand les Barbares inonderent l’empire romain, ils n’exercerent point de cruauté particuliere contre les ecclesiastiques, et ne firent pas paroitre de zele de relligion, uniquement curieux du butin et de la subsistance ; mais les mêmes Barbares qui inonderent l’empire de Charlemagne exercerent d’etranges barbaries contre les ecclesiastiques, l’eglise les monasteres[1].
Quand les Romains chasserent les Barbares et les obligerent par fraieur de refouler vers la Scandinavie, ils ne leur parlerent point de relligion, mais de prendre les mœurs romaines, de payer des tributs, d’obeir. Quand les Francs rentrerent dans la Germanie, ils ne leur parlerent que de baptême, d’eglises de monasteres, de prêtres, de sorte que les Saxons et autres peuples, qui refluerent, se retirerent enragés contre la relligion chretienne et s’attacherent d’autant plus à leur culte qu’on avoit voulu les faire changer, et ils {f.334v} établirent une rude inquisition parmi eux ; ainsi quand ils sortirent, ils sortirent avec leur haine et leurs prejugés ; ainsi les mêmes peuples differerent de conduite et de fureur dans leurs invasions.
On ne peut douter que les Germains n’ayent été se mêler avec les Scandinaviens. Tacite parle des Suions[2] l’ancienne langue suedoise et l’ancienne langue danoise ont de la conformité avec l’ancienne langue germaine, soit que ce fut le même peuple qui se fut grossi par les raisons susdittes, soit qu’en se retirant en foule dans le fond du Nord, ils soient devenus la principale partie de la nation.

- - - - -

Main principale Q

2037

{f.335r} Mr de Forcalquier m’a si bien tourné la tête sur l’aprobation que Votre Excellence[1] a donné à mon gros livre, que je prend la liberté de l’en remercier. Il faut bien qu’elle nous encourage par ses louanges, elle nous decourageroit trop par ses écrits. Mr de Forcalquier m’a montré une petite relation des beautés de Rome qui étoient dans une lettre de V. E.[2] qui me fit voir en un moment ce que j’avois vû à Rome pendant huit mois, et me donna des idées justes de ce que je ne connoissois plus que confusément. J’avoüe que l’Apollon m’auroit seduit à Rome[3] si je n’avois eu le bonheur de passer par Florence, où je jurai une fidelité eternelle à la Venus de Medicis[4], que je regarde comme le meilleur predicateur qu’ayent jamais eu les Florentins, quoique je n’en connoisse pas bien le succés. Tout ceci ne m’empêche pas de faire un grand saut pour arriver à l’eglise de St Pierre et passer du merveilleux {f.335v} qui plaist au merveilleux qui étonne[5]. J’envie fort à Mr l’ambassadeur de Malthe[6] le plaisir qu’il a de vous voir, et je voudrois bien etre aussi à portée de vous faire ma cour. J’ai l’honneur d’etre avec un respect infini de V. E.[7] le tres humble et tres obeisst serviteur.

- - - - -

Main principale Q


2034

n1.

Voir nº 2035.

2034bis

n1.

Les trois paragraphes numérotés consignés ici sont des intercalations autographes prévues pour être insérées dans le nº 2033, la numérotation correspondant aux appels contenus dans cet article : le (1), finalement supprimé, prenait place à la fin de l’article, le (2) après « compatir avec de l’esprit », le (3), en partie supprimé, après « nos autres vérités ».

2035

n1.

Sur ce titre, qu’on a pu interpréter comme celui d’un recueil de dissertations académiques, voir Catherine Volpilhac-Auger, « L’ombre d’une bibliothèque : les cahiers d’extraits de Montesquieu », dans Lire, copier, écrire : les bibliothèques manuscrites et leurs usages au XVIIIe siècle, É. Décultot (dir.), Paris, CNRS Éditions, 2003, p. 81, note 8.

2035

n2.

Voir nº 6, note 1.

2035

n3.

Voir l’Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères (OC, t. 9, p. 264).

2035

n4.

Cf. nº 6.

2036

n1.

Montesquieu attribue aux envahisseurs normands ce désir de se venger des violences perpétrées par Charlemagne au nom de la religion : EL, XXXI, 10 ; voir aussi nº 198.

2036

n2.

Tacite, La Germanie, XLIV.

2037

n1.

Transcription d’une lettre adressée le 24 octobre 1749 à Louis-Jules Barbon Mancini-Mazarin, duc de Nivernais (1716-1798), élu à l’Académie française en 1742, alors ambassadeur à Rome (Masson, t. III, p. 1261-1262). Le destinataire y répond le 30 novembre (ibid., p. 1270-1271). Montesquieu fait allusion à l’éloge de L’Esprit des lois (« mon gros livre ») par son correspondant, contenu dans une lettre que celui-ci avait adressée au comte de Forcalquier ; voir la lettre de Montesquieu du 22 juillet 1749 à l’abbé Venuti (ibid., p. 1248). Sur le comte de Forcalquier, voir nº 1377, note 1.

2037

n2.

Abréviation pour : Votre Excellence.

2037

n3.

Voir nº 402.

2037

n4.

La statue est décrite dans les notes sur la galerie du Grand-Duc (Voyages, p. 570-572).

2037

n5.

Voir l’Essai sur le goût, OC, t. 9, p. 504-505.

2037

n6.

Voir nº 1064, note 2. Le bailli de Solar était alors ambassadeur de Malte à Rome où il fréquentait de duc de Nivernais. Voir la correspondance de Montesquieu de l’année 1749 (Masson, t. III, p. 1250-1254, 1263-1264).

2037

n7.

Abréviation pour : Votre Excellence.