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Pensées 190 à 194

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

190

{p.189} Je ne puis concevoir les historiens françois. Voyés comme le P. Alexandre revoque en doute les faits les plus constans de l’histoire françoise pour diminuer l’autorité du pape[1] : comment peut on dementir tous les historiens contemporains ? Peut on nier que l’aveuglement ne fût grand dans ces tems la sur l’autorité du pape ?

Histoire

Nier un de ces faits particuliers qu’est ce que cela avance ? Toute l’histoire en corps n’est elle pas un monument de l’aveuglement de nos peres a cet egard ? Pour moi j’aimerois mieux ne point ecrire d’histoire que d’en ecrire pour suivre les prejugés et les passions du tems.
Tantôt l’un vous fera dêcendre les Capets des Merovingiens, tantôt l’autre voudra que le nom de tres chretien ait eté toujours affecté aux princes. françois[2]
On ne fait pas un sistême aprés avoir lu l’histoire, mais on commence par le sistême et on cherche ensuite les preuves, et il y a tant de faits dans une longue {p.190} histoire, on a pensé si differemment, les commencemens en sont ordinairement si obscurs qu’on trouve toujours assés de quoi faire valoir toutes sortes de sentimens.

- - - - -

Main principale D

191

La

Pucelle d’Orléans

pucelle d’Orléans, les Anglois la prirent pour sorciere, les François pour prophetesse et envoyée de Dieu ; elle n’etoit ni l’une ni l’autre. Voyés le même journal ou on paroit porté a croire que c’etoit une fourberie et voyés les raisons historiques qu’on en dit ; dans un fait de cette nature pour peu que l’histoire se prête a une pareille explication on doit l’embrasser parce que la raison et la philosophie nous aprennent a nous defier d’une chose qui les choque si fort l’une et l’autre : le prejugé des sorciers n’est plus, et celui des inspirés ne subsiste gueres.
Voyés l’histoire de Jacques Cœur sur l’histoire de France, il etoit argentier de Charles 7[1].
{p.191} Si l’histoire de la pucelle est une fable que peut on dire de tous les miracles que toutes les monarchies s’attribuent, comme si Dieu gouvernoit un royaume avec une providence particuliere de celle avec laquelle il gouverne ses voisins[2].

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Main principale D

192

Les

Barbares du Nord

annales chinoises observent qu’en qu’en 1196. avant J. C. les barbares du Nord se répandirent dans les isles orientales a cause de leur multitude[1].

- - - - -

Main principale D

193

Voyés

Conquêtes

combien les conquêtes sont dangereuses, les soldats romains etoient revoltés et insolens des le tems de la victoire sur Persée[1].

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Main principale D

194

Republique romaine, Sylla.
La victoire de Cesar eut le même effet a l’egard de la republique romaine

Mis dans le journal[1]

qu’auroit eu la victoire de Marius contre Sylla s’il l’avoit euë ; et si Pompée avoit eu le dessus peut etre auroit il rendu la liberté a sa patrie comme Sylla, {p.192} car celui qui soutient le peuple

Mis dans le journal

peuple lui même a des interêts bien plus noyés que le noble qui soutient le parti des nobles :
Toutes les anciennes republiques perissoient par le peuple qui autorisoit un homme contre le senat.

Republique

Deux causes occasionelles de la chute de la rep. rom. la reddition de compte que Caton fit faire aux chevaliers ; les partages des champs aux soldats[2]. Cause de la chute de l’empire le siege transporté par Constantin a Constantinople Bisance[3]

- - - - -

Main principale D


190

n1.

Le père Noël Alexandre (1639-1724), théologien dominicain, janséniste et gallican, fit paraître, au moment de l’affaire de la Régale et des Quatre Articles, opposant la cour de France et le Saint-Siège, une histoire ecclésiastique qui lui valut une proscription du pape Innocent XI le 13 juillet 1684 (Selecta historiae ecclesiasticae capita, et in loca ejusdem insignia dissertationes […], Paris, J. Du Puis, 1676-1686, 23 vol.).

190

n2.

Sur l’ancienneté de la maison capétienne, voir nº 1696. La dispute entre historiens sur le titre de Roi Très-Chrétien affecté aux rois de France, est mentionnée dans le compte rendu (p. 438) de l’ouvrage du père Châlons (voir nº 189, note 2).

191

n1.

Montesquieu remplace la formule du compte rendu mentionné ci-dessus (« d’autres l’ont regardée comme une personne inspirée ») par « les François […] de Dieu » ; selon une hypothèse développée par le père Châlons, l’intervention de Jeanne d’Arc auprès de Charles VII pourrait être un artifice du comte de Dunois, « pour faire croire aux Etrangers que Dieu assistoit la France d’une maniere miraculeuse, & pour réveiller le Roi et l’exciter à penser à ses affaires ». Une histoire de Jacques Cœur est signalée dans le même ouvrage (Journal des savants, 1720, XXVIII, p. 439-440).

191

n2.

Cf. Pensées, nº 22.

192

n1.

On lit dans la chronologie du père Couplet que, sous le règne de l’empereur Vu Ye (1201-1197 av. J.-C.), des peuples venus de l’Est se répandirent dans les îles de la mer orientale (Tabula chronologica Monarchiæ Sinicæ, Paris, A. Cramoisy, 1686, p. 9 ; et dans Confucius Sinarum Philosophus […], Paris, D. Horthemels, 1687). Montesquieu a pu connaître cette chronologie par Fréret qui en a fait des extraits commentés (Geographica, p. 425-427).

193

n1.

Victoire de Pydna (168 av. J.-C.) sur le roi de Macédoine, Persée, acquise par Paul-Émile qui avait renforcé la discipline militaire par des réformes et la fermeté de ses discours (Tite-Live, XLIV, 33-34).

194

n1.

Voir nº 140.

194

n2.

Cf. Romains, XI, p. 165, note de l’auteur (b). L’addition de « occasionnelles » (secrétaire L, 1742-1744) rectifie l’analyse en renvoyant implicitement à la distinction entre causes générales et causes particulières (ibid., XVIII, p. 235).

194

n3.

Cf. Romains, XVII, p. 225 et 227-228.