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Pensées 1884 à 1888

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1884

Commerce

Il est naturel a la France de souffrir plutôst le commerce en Hollande qu’ailleurs ; elle a un lien general avec la France qui est celui du commerce et les liens qu’elle a avec l’Angleterre sont des liens particuliers, telle que l’alliance du stathouder, l’argent {f.123r} qu’elle a dans les fonds publics &a. D’ailleurs il est de l’interest de la France de pouvoir dans de certaines occasions mettre sur pied une armée navale, elle trouve en un quart d’heure tout ce qu’il lui faut pour cela, parce que la Hollande est le magazin general. L’argent y est si commun que tout ce qu’on y porte est d’abord achepté, ainsi la France y trouve tout dans un moment et evite les longueurs d’aller chercher bien loin en Norwege et ailleurs, et d’ailleurs la France peut toujours faire la guerre deux ans avant que la Holande ne se declare

Main principale Q

1885

Il n’y a rien de si bête en fait de comerce que les Parisiens, ce sont des gens d’affaires {f.123v} qui enrichis tout a coup et aisement trouvent tout facile pour s’enrichir encore ils croyent même qu’ils doivent leurs richesses a leur esprit ; ils sont même incités a entreprendre le commerce par les marchands des villes maritimes, ceux ci leurs proposent de grands projets ou ils entrent pour tres peu, mais gagnent une commission tres forte sur le tout, et quand ils perdroient tout ce qu’ils y ont mis, ils gagneroient six ou sept fois plus pour la commission outre qu’ils disposent de tres gros fonds
La compagnie d’assurance à Paris en 1750[1] n’a pas le sens commun, il {f.124r} m’est visible qu’elle ne peut pas reussir. 1º Dans les ports de mer une societé de marchands se joint pour faire des assurances ils connoissent leur besogne et s’eclairent les uns les autres ils savent si le vaisseau sur lequel on assure est bon ou mauvais si l’equipage est bon ou mauvais, si le capitaine est experîmenté ou sage, s’il est un ignorant ou un étourdi, si les chargeurs sont suspects sont de bonne reputation ou peuvent etre soupconnés de fraude, si le voyage doit etre long, si la saison se presente bien ou non, ils savent tout parce que chacun s’instruit, a Paris on ne sait rien et pour que la compagnie {f.124v} y scût tout cela, elle perdroit autant pour les frais des lettres et des correspondances qu’elle gagneroit par la prime, d’ailleurs c’est une sottise de faire un fond de trois millions, il ne faut point de fond et meme il doit naturellement y avoir de l’argent dans la caisse puisque la prime entre d’abord, et que ce n’est que dans la suitte que les pertes et les avaries se payent[2]
3º Il arrivera que les bonnes assurances se feront dans les ports de mer et qu’on ne se pourvoira a Paris que pour les mauvaises, les marchands qui par leurs correspondances particulieres auront des nouvelles qui rendront l’affaire {f.125r} perilleuse se pourvoiront vers la compagnie qui ne les saura pas. Dans les ports de mer quoiqu’on ne mette point de fonds, la societé des assureurs assure sur son crédit et sachant que tous les assureurs ne manqueront pas a la fois, on est tranquille come s’il y avoit de l’argent dans la caisse, et l’argent dans la caisse ne tranquilise pas, car qui peut savoir l’etat particulier de cette caisse.

Main principale Q

1886

J’ai oui dire que dans nos isles de l’Amerique on comencoit à employer plus de chevaux et de mulets qu’on ne faisoit autrefois, au moins à St Domingue, et il y a des terres qui ont assez de profondeur pour souffrir le labour, les mulets mangent moins {f.125v} que les chevaux et travaillent plus.
Les negres sont si naturellement paresseux que ceux qui sont libres ne font rien et la plus part sont entretenus ou nouris par ceux qui sont serfs, ou demandent l’aumone ou sont miserables, on employe d’ailleurs les chevaux a porter le sucre au port.
On espere toujours un meilleur commerce aprés la paix ; mais l’année aprés la paix les denrées baissent ordinairement parce que le commerce devenant libre, personne ne se presse d’achetter[1].

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Main principale Q

1887

{f.126r} Histoire du commerce[1]

La navigation de la Mediterranée et de la mer Noire etoient les seules qu’on connût ; celle de l’ocean etoit impraticable ; la boussole n’avoit pas encore reuni l’univers[2]
Les voyages qu’un marchand de Constantinople ou de Smirne font dans deux mois, faisoient dans ce tems l’admiration du monde et etoient chantés par tous les poëtes[3] ; ainsi il ne faut pas s’etonner de voir tant de defectuosités dans les anciennes histoires, et tant d’empires et de royaumes dans l’oubli.
Il n’en etoit pas comme à present que tous les peuples sont si liés que {f.126v} l’histoire de l’un éclaircit toujours celle des autres.
Chaque grande nation se regardoit presque comme la seule : les Chinois croyoient que leur empire étoit le monde. Les Romains se croyoient les monarques de l’univers. L’impenetrable continent de l’Affrique, celui de l’Amerique formoient toute la terre pour ses conquerants.
La philosophie ne faisoit que decourager ceux qui auroient voulu tenter quelques decouvertes ; elle enseignoit que de cinq parties de la terre, il n’y en avoit que deux habitables, et que ceux qui étoient dans l’une ne pouvoient pas penetrér {f.127r} jusque dans l’autre.
Cependant tous les obstacles ont reculé devant les voyageurs.
Souvent on s’est garenti des ardeurs du soleil en se mettant au milieu de la zone torride, et souvent on s’est sauvé du grand froid en approchant de plus prés du pole. Souvent on a trouvé sur une même montagne la zone torride d’un côté et la zone glaciale de l’autre.
La mer a donné des passages où l’on croyoit qu’il n’y avoit que des terres et de grands continents ont paru dans les lieux où l’on ne soupçonnoit que de vastes mers
Les eclipses des astres ont été une source {f.127v} de connoissances, et ce que les hommes croyoient ne s’etre passé dans le ciel que pour les intimider n’y paroissoit que pour les conduire.

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Main principale Q

1888

Je voyois la liste des marchandises que les negotians d’Europe portent tous les ans à Smirne, je voyois avec plaisir que ces bonnes gens prenoient quatre cens balles de papier pour plier du sucre et ne prenoient que trente balles de papier pour ecrire :

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Main principale Q


1885

n1.

La « Chambre d’Assurances & Grosses Avantures dans la Ville de Paris & les Places Maritimes » fut établie au début de l’année 1750, avec un capital de quatre millions cinq cent mille livres. Les membres se déclarèrent par souscription jusqu’à la fin de l’année 1749 (Jacques Savary des Bruslons, Dictionnaire universel de commerce, Copenhague, C. Philibert, 1765, t. V, p. 1698).

1885

n2.

Écrit au crayon, sous la ligne : « (Usage contraire) ».

1886

n1.

La guerre dite « de l’oreille de Jenkins », front antillais de la guerre de Succession d’Autriche, prit fin en 1748. Entre 1750 et 1755, le port de Bordeaux expédiait en moyenne cent soixante-deux navires par an dont 50 à 60 % pour Saint-Domingue. Montesquieu pouvait avoir obtenu ces informations de relations bordelaises ; voir Philippe Chassaigne, « L’économie des îles sucrières dans les conflits maritimes de la seconde moitié du XVIIIe siècle », Histoire, économie et société, vol. 7, nº 1, 1988, p. 93-105.

1887

n1.

Matériaux pour L’Esprit des lois, livre XXI, « Des lois, dans le rapport qu’elles ont avec le commerce, considéré dans les révolutions qu’il a eues dans le monde ».

1887

n2.

Sur le rôle de cette invention dans l’ouverture de nouvelles routes commerciales, voir EL, XXI, 10 : Derathé, t. II, p. 39.

1887

n3.

Cf. EL, XXI, 6 : Derathé, t. II, p. 24.