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Pensées 1878 à 1882

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.
Q : 1750-1751.
S : 1754-1755.
V : 1754.

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Pensées, volume III

1878

{f.116v} Pour le livre 13.
Chap 18.
Du secours que l’etat peut tirer des traittans.

Dans les monarchies le prince est come les particuliers qui ont du credit en raison composée de leurs richesses, de leur conduite et des prejugés de leur condition.
Un monarque qui ne s’est pas rendu indigne du credit public en a pourvû qu’il puisse connoitre qu’il en a, et qu’il ne pense pas que ses traittans puissent lui en donner.
Les biens d’un grand etat sont si immenses en comparaison de ceux d’un, ou de quelques particuliers que lorsque ces deux credits {f.117r} s’allient, celui du particulier n’est plus rien. Si le prince a du credit, il en donne au particulier s’il n’en a pas, il fait perdre au particulier celui qu’il avoit.
Les traittans ne peuvent procurer de credit au prince que sur les mauvais marchés qu’ils lui font faire. C’est l’argent qu’ils tirent des coffres du prince qui a ce credit, et cet argent si on l’avoit gardé l’auroit eu tout de même.
J’ai vû de grands seigneurs avoir souvent besoin du credit d’un valet qui avoit mis cinquante écus à couvert. Tel sera le prince qui aura pour ressource ses traittans[1].

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Main principale Q

1879

{f.117v} La Chine

La Chine par la nature du pays ne peut gueres se diviser en plusieurs etats a moins qu’elle ne se divise come un fief et pour faire des parties d’un même corps. Il n’y a comme nous avons dit aucun pays dans le monde ou la subsistance des homes soit si peu assurée et si precaire[1]. Il n’y a donc aucune province qui puisse penser pouvoir se passer deux ans du secours de l’autre le besoin est une chaine qui les lie toutes et les maintient sous un empire.
On voit des loix ou les empereurs deffendent aux rois d’arrêter le cours des rivieres qui vont dans un autre royaume {f.118r} ce qui le feroit perir.
L’empire separé de trois côtés par la mer, des deserts et des montagnes ne peut avoir d’ennemis que du côté du Nord. Cela a fait établir le siege de l’empire dans le Nord. Or les provinces du Nord sont infiniment plus belliqueuses que celles du Midy et leurs peuples plus courageux[2], le Midy ne peut donc que difficilement se separer du Nord.

Main principale Q

1880

Chap. 6.
Par quelle raison la Chine malgré sa vaste etendüe a été obligée de temperer quelquefois son despotisme

L’empire n’eut pas d’abord une trop grande etendüe, ce qui fit que le luxe {f.118v} et les richesses y gaterent moins les princes[1]. Ils ne possedoient que les provinces du Nord, provinces les moins delicieuses ou la molesse est moindre, ou l’on est plus porté au travail et ou par conseqt les mœurs sont plus simples.
Tout le Midy étoit dans la barbarie ce furent la prosperité et le bonheur du peuple chinois qui engagerent les barbares à rechercher de vivre sous leur domination (on ne voit gueres de conquete dans l’histoire de la Chine).
La Chine est située dans un climat où come nous le dirons on est porté naturellement à l’obeissance servile {f.119r} ainsi quoi que les circonstances dont nous allons parler eussent dû la conduire au principe du gouvernement republicain, elle ne fut point une republique.
La Chine est un gouvernement mêlé qui tient beaucoup du despotisme par le pouvoir immense du prince, un peu de la republique par la censure et une certaine vertu fondée sur l’amour et le respect paternel. De la monarchie par des loix fixes et des tribunaux reglés, par un certain honneur attaché à la fermeté et au peril de dire la verité. Ces trois choses bien temperées et des circonstances tirées du physique du climat, l’on fait subsister {f.119v} et si la grandeur de l’empire en a fait un gouvernement despotique, c’est peut etre le meilleur de tous[2].
Le 8e empereur de la 2e dinastie reprime les peuples de la partie meridionale qui pilloient ses provinces. * Le Midi n’etoit donc pas soumis. 2e vol. Politica. Duhalde 126[3].
Le 11e empereur de la 3e dinastie quelques nations du Midi separées de la Chine par le fleuve Yang Kiang ayant ravagé l’empire furent reprimées. Les provinces du Midy n’etoient donc pas à l’empire 2. vol. Pol. p 131[4].
* Les empereurs de la 3e dinastie regnent assez sagement, c’est que les tems étoient {f.120r} difficiles, leur autorité bornée, les princes tributaires demandant a être menagés, l’empire moins etendu. 2. vol. Pol. p 133[5]. Il faut bien que sa grandeur l’ait affoibli, car ce n’est que depuis qu’il est de cette étendüe qu’il a été subjugué deux fois par les Tartares qui y ont fondé la 20e et la 22e dinastie[6] auparavant les Tartares dans les discordes affreuses des guerres civilles, y avoient fait quelques incursions ou invasions et jamais d’etablissements.

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Main principale Q

1881

{f.120v} Armoriques

* Je crois que le pere Hardouin fut bien content lorsque dans une ode d’Horace il decouvrit les jacobins. Ce ne dut pas etre un moindre plaisir pour Mr l’abbé Dubos lorsqu’il vit pour la premiere fois le rolle que la republique des Armoriques alloit joüer dans le monde[1]

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Main principale Q

1882

Sur les livres du climat[1]

* Voyez ce que c’etoit que les republiques des Indes lors de l’arrivée d’Alexandre
Voyez dans Diodore liv. 3 p. 296 les loix des Indiens qui ont beaucoup de raport avec ce qu’on nous en dît {f.121r} aujourd’huy, tant pour la difference des castes des conditions, la douceur de l’esclavage la proprieté des terres au souverain &c[2]. Voyez ce qu’il en dit aussi liv. 2e p 246. Ce qu’il dit qu’on n’y a jamais vû de famine[3] est bien changé, aussi n’y parle-t-on point de ris[4]
* Cela fait bien voir que ce que les Nouvelles Ecclesiastiques ont dit sur ce que j’ai dist contre la douceur du gouvernement des Indes forme une censure fort peu eclairée[5].

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Main principale Q


1878

n1.

Le chapitre de L’Esprit des lois consacré aux traitants (XIII, 20) était absent du manuscrit ; il a été rédigé plus tardivement que le reste du livre XIII, entre 1747 et 1748 (De l’esprit des loix (manuscrits), I, OC, t. 3, introduction, p. 331). Dans la version définitive, Montesquieu critiquera principalement la considération dont jouissent les traitants, source de corruption des gouvernements modérés, mais ne reprendra pas cette réflexion sur le crédit ; sur la critique des traitants chez Montesquieu, voir Céline Spector, Montesquieu et l’émergence de l’économie politique, Paris, H. Champion, 2006, p. 392-396.

1879

n1.

Cf. EL, VII, 6 ; XVII, 6.

1879

n2.

Geographica, p. 147 ; EL, XVII, 2.

1880

n1.

Voir EL, VII, 7.

1880

n2.

Les lois et la nécessité de favoriser les cultures pour nourrir un peuple nombreux viennent tempérer les effets du climat et de la grandeur de l’Empire et faire de la Chine une exception parmi les gouvernements despotiques ; voir EL, XIV, 5 ; XVIII, 6 ; nº 1840.

1880

n3.

Les références à l’extrait de la Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise du père Du Halde renvoient au recueil des Politica (« Pol. » ; voir nº 1501, note 1) mais la pagination est celle du deuxième volume des Geographica (f. 136v, p. 164).

1880

n4.

Geographica, f. 131r, p. 168. La dernière phrase (« Les provinces […] l’empire. ») y est placée entre parenthèses et précédée d’un astérisque pour signaler un commentaire personnel.

1880

n5.

Geographica, f. 133r, p. 170.

1880

n6.

Voir Geographica, p. 197, 203.

1881

n1.

Dans l’ode XX (livre II) d’Horace, jugée apocryphe, le père Hardouin (voir nº 872) voyait une allusion aux frères prêcheurs de l’ordre de Saint-Dominique ou jacobins (Johannis Harduini, Opera varia, Amsterdam – La Haye, H. du Sauzet – P. de Hondt, 1733, p. 343) ; l’abbé Dubos avait comparé ce qu’il imaginait de la révolte et de la république des Armoriques, confédération de cinq provinces gauloises, avec celles des Provinces-Unies, qui secouèrent le joug de Philippe II d’Espagne, et il leur imputait l’établissement de la monarchie française (Histoire critique de l’établissement de la monarchie française dans les Gaules, Paris, Osmont, Hourdel, Huart l’Aîné, David le Jeune, Clousier, Chaubert et Gissey, 1734, t. I, liv. II, chap. 3, p. 253 et suiv. – Catalogue, nº 2930).

1882

n1.

Les livres XIV à XVII de L’Esprit des lois sont consacrés à l’influence du climat ; sur l’Inde, voir en particulier EL, XIV, 3 et 5.

1882

n2.

Diodore de Sicile, II (et non III), 39-41. La pagination à laquelle renvoie cet article est celle du tome I de l’édition de 1737, dans la traduction de l’abbé Terrasson, possédée par Montesquieu (Histoire universelle de Diodore de Sicile, Paris, de Bure l’Aîné – Catalogue, nº 2671) ; sur l’Inde moderne, Montesquieu tire ses informations des Voyages de François Bernier et des Lettres édifiantes : voir Geographica, p. 325-345 et p. 355-413.

1882

n3.

Diodore de Sicile, II, 36.

1882

n4.

La culture du riz permet de nourrir la Chine (voir nº 234) ; sa présence dans l’Inde moderne est attestée par les Voyages de Bernier et les Lettres édifiantes (Geographica, p. 342 et 380), dans l’Inde ancienne, par Diodore de Sicile, II, 36 (Histoire universelle de Diodore de Sicile, abbé Terrasson (trad.), Paris, de Bure l’Aîné, 1737, t. I, p. 289).

1882

n5.

Dans la Suite des Nouvelles ecclésiastiques du 9 octobre 1749, le rédacteur critiqua Montesquieu pour imputer la douceur et les bonnes mœurs des Indiens au climat et s’insurgea qu’on puisse faire l’éloge d’un peuple idolâtre, dissolu et qui engage les veuves à se donner la mort (DEL, p. 29) ; Montesquieu répondit à l’objection dans sa Défense de l’Esprit des lois en 1750 (ibid., p. 95).