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Pensées 141 à 145

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

141

{p.126} Du 22 xbre 1722.
Il paroit ici une piece qu’on apelle la Fagonnade : une violente taxe a donné a l’auteur le feu et le fiel de Rousseau[1] ; le poëme de Racine sur la grâce est i est ici infiniment admiré et meprisé[2].

- - - - -

Main principale D

142

Contradiction

Examinés cela

de Marsham qui fonde son livre sur un passage de Sincelle qui est un auteur ancien et qui une page aprés dit que le Sincelle est un homme sans foi et sans jugement[1]. Cet article n’est pas de moi

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Main principale D

143

J’ai

Inés de Castro

entendu la premiere representation de la tragedie d’Inés de Mr de la Mothe[1], j’ai bien vû qu’elle n’a reussi qu’a force d’etre belle et qu’elle a plu aux spectateurs malgré eux, on peut dire que la grandeur de la tragedie le sublime, le beau y regnent par tout : il y a un second acte qui a mon goût est au dessus de tous les autres, j’y ay trouvé un art souvent caché et qui {p.127} ne se devoile pas a la premiere representation et je me suis plus senti touché les dernieres fois que les premieres. Au cinquieme acte il y a une scene des enfans qui a paru ridicule a bien des gens et l’auditoire etoit partagé, les uns rioient et les autres pleuroient ; je suis persuadé que cette scene feroit un effet etonnant sur un peuple dont les moeurs seroient moins corrompuës que les nôtres, nous sommes parvenus a une trop malheureuse delicatesse.

Suite

Tout ce qui a quelque rapport a l’education des enfans aux sentimens naturels nous paroit quelque chose de bas et peuple ; nos moeurs sont qu’un pere et une mere mere n’eleve plus ses enfans, ne les voit plus, ne les nourrit plus, nous ne sommes plus attendris à leur vuë, ce sont des objets qu’on derobe a tous les yeux, une femme ne seroit plus du bel air si elle paroissoit {p.128} s’en soucier : quel moyen que des esprits ainsi preparés puissent goûter sur la scene de pareils objets, Racine qui l’auroit pu faire plus impunément ne l’a pas hazardé et n’a pas osé montrer Astianax ; le petit Regulus[2] plut autrefois parce que les moeurs n’etoient pas si perverties, a present on ne les souffriroit plus : il y a une injustice etonnante dans les jugemens des hommes, nous accusons de peu d’esprit nos peres parce qu’ils ont pleuré en voyant le petit Regulus, nous croyons qu’ils pleuroient parce qu’ils n’avoient pas le sens commun ; non ils avoient autant d’esprit que nous ni plus ni moins, mais leurs moeurs etoient differentes, leur coeur autrement disposé ; c’est pour cela qu’ils pleuroient et que nous ne pleurons pas. On peut en dire de même de presque toutes les tragedies.

Main principale D

144

{p.129}

Juifs

On objecte contre la constance des martyrs ce qui est arrivé aux juifs pendant qu’ils etoient dans la prosperité chaque bonheur amenoit avec soi une chute, mais depuis qu’ils ont eté les plus miserables peuples de l’univers ils ont eté aussi fermes qu’ils ont eté inconstans.
Progrés du lutheranisme et du calvinisme malgré l’inquisition.

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Main principale D

145

Les

J’ay mis cela dans mes Romains

ministres peuvent conoitre par le change les mouvemens secrets d’un etat voisin parce qu’une grande entreprise ne se peut jamais faire

Change

sans argent et par consequent sans un grand changement dans le change[1].

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Main principale D


141

n1.

Selon Mathieu Marais, cette satire, attribuée par certains à Jean-Baptiste Rousseau, dont Montesquieu apprécie le style épigrammatique (voir nº 1530), serait de Guillaume Plantavit de La Pause, abbé de Margon. Elle concernait l’action de Louis Fagon (1680-1744), fils du médecin de Louis XIV, intendant des finances du Régent depuis le 27 mars 1722, qui présidait le bureau des taxes (Journal et mémoires de Mathieu Marais […] sur la Régence et le règne de Louis XV (1715-1737), M.-F.-A. Lescure (éd.), Paris, Firmin-Didot, 1864, t. II, p. 381, 388-393, décembre 1722 [voir en ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57244886/f398.image.r=.langFR]). Le président Barbot avait transcrit cette satire dans son Sottisier (Correspondance I, p. 48-49n).

141

n2.

Louis Racine est l’auteur d’un Poème sur la Grâce (s. l. n. d. [Paris, J.-B. Coignard, 1720]), qui défend la notion janséniste de délectation victorieuse.

142

n1.

John Marsham, chronologiste anglais (1602-1683), attribue à la chronographie de Georges le Moine, dit le Syncelle (Spicilège, nº 312), qui s’appuie sur de nombreux passages de Manéthon, l’essentiel de ce qu’on pouvait connaître sur l’origine des Égyptiens (Canon Chronicus Aegyptiacus, Ebraicus, Graecus (Francqueræ, L. Strick, 1696 – Catalogue, nº 2692, p. 1 ; 1re éd. Londres, T. Roycrost, 1672)). Dans le même ouvrage, Marsham soupçonne le Syncelle de ne connaître Manéthon que d’après Eusèbe ou Panodorus (ibid., p. 2-3).

143

n1.

Inès de Castro, tragédie d’Antoine Houdar de La Motte (1672-1731), créée par la Comédie-Française le 6 avril 1723, rencontra un immense succès (Théâtre du XVIIIe siècle, J. Truchet (éd.), Paris, Gallimard, 1972, notice p. 1393-1398). L’auteur se justifie lui-même dans la préface de sa pièce d’avoir représenté des enfants sur scène (ibid., p. 517-518), et, dans son Troisième Discours sur la tragédie à l’occasion de la tragédie d’Inès, d’avoir utilisé comme ressort l’amour conjugal et l’amour paternel (Œuvres de M. Houdar de La Motte, Paris, Prault, 1754, t. IV, p. 271). Montesquieu reprend ici cette justification d’un tragique fondé sur le pathétique, contre les critiques faites au nom du bon goût, comme celle de Desfontaines (Paradoxes littéraires au sujet de la tragédie d’Inès de Castro, Paris, N. Pissot, 1723).

143

n2.

Régulus, tragédie de Pradon (1644-1698), représentée vingt-sept fois de suite en 1688, que le comédien Baron remit à l’honneur en 1722 et que le public honora alors « de beaucoup de larmes » (Le Mercure, juin 1722, p. 111). Le « petit Regulus » désigne le jeune Attilius, fils du héros éponyme et personnage de la pièce.

145

n1.

Cf. Romains, p. 263, l. 98-99. Voir nº 7, note 1. Le change désigne ici les opérations de banque par lesquelles on fait remettre de l’argent dans un lieu éloigné (Furetière, 1690 et Académie, 1694, art. « Change »).