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Pensées 101 à 105

M :Montesquieu 1726/1727-1755.
D :Bottereau-Duval 1718-1731.
E :1734-1739.
U :1739.
H :1741-1742.
J :1742.
K :1742-1743.
F :1743.
I :1743.
L :1743-1744.
O :1745-1747.
P :Damours 1748-1750.
Q :1750-1751.
R :Saint-Marc 1751-1754.
S :1754-1755.
V :1754.
JB :Jean-Baptiste Secondat ?-1795.
T :écriture des manchettes 1828-1835

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M : Montesquieu.
D : Bottereau-Duval_1721-1731.
H : 1741-1742.
P : Damours_1748-1750.
E : 1734-1739.
L : 1742-1744.
O : 1745-1747.
T : écriture des manchettes
JB : Jean-Baptiste_Secondat.
J : 1742.
K : 1742-1743.
F : 1743.
E2 :
I : 1743.
R : Saint-Marc_1751-1754.

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Pensées, volume I

101

A present qu’on est dans le goût des collections et des biblioteques

Catalogues des livres perdus

il faudroit que quelque laborieux ecrivain voulut faire un catalogue de tous les livres perdus qui sont cités par les anciens auteurs, il faudroit un un homme libre des {p93} soins et des amusemens mêmes, il faudroit donner une idée de ces ouvrages du genie et de la vie de l’auteur autant qu’on pourroit le faire sur les fragmens qui nous restent et les passages cités par d’autres auteurs qui ont echapé au tems ou au zele des religions naissantes, il semble que nous devions ce tribut a la memoire de tant de sçavans hommes; une infinité de grands hommes sont connus par leurs actions et non pas par leurs ouvrages

Ouvrages inconnus de grands hommes

, peu de personnes sçavent que Sylla a fait des commentaires[1] et que Pyrrhus a fait des institutions militaires[2][.] et Hannibal des histoires[3] :
Cet ouvrage ne seroit pas aussi immense qu’il paroit d’abord, on trouveroit dans Athenée[4], dans Plutarque, dans Photius[5] et dans quelques autres auteurs anciens des sources fecondes, on pourroit même se borner et ne traiter que des poëtes, des philosophes ou des historiens.
Je voudrois aussi qu’on travaillât au catalogue des arts, des sciences et des {p.94} inventions qui se sont perduës, que l’on en donnât l’idée la plus juste qu’il seroit possible, les raisons qui ont pû faire qu’on s’en est degoûté ou qu’ils sont restés dans l’oubli, et enfin comment on y a suppleé.
Je voudrois aussi qu’on traitât des maladies qui ne sont plus et de celles qui sont nouvelles, les raisons de la fin des unes et de la naissance des autres.
Ces a Je voudroy encore que l’on recüeillit toutes les citations de St. Augustin des auteurs perdus. et autres &c

- - - - -

Main principale D

102

Ces animaux que nous apellons fabuleux parce que nous ne les trouvons

Animaux qu’on appelle fabuleux

plus sur la terre quoiqu’ils ayent eté exactement decrits par les anciens auteurs ne pourroient ils pas avoir existé et leur espece s’etre perduë, car je suis persuadé que les especes changent et varient extraordinairement ; qu’il s’en perd et s’en forme de nouvelles[1] {p.95} la terre change si fort tous les jours

Idem les maladies aux medecins

qu’elle donnera sans cesse de l’emploi aux phisiciens et observateurs

Changement dans le globe

, que dis-je elle les deshonorera toujours, Pline et tous les anciens phisiciens seront convaincus d’imposture quelque vrais qu’ils fussent de leur tems, il n’y a personne qui voyant aujourd’hui le ruisseau du Jourdain ne regardent comme une [mots biffés non déchiffrés] expression amphatique tout ce qu’en ont dit les ecrivains sacrés. Une fontaine a aujourd’hui une proprieté, il est impossible que dans le mouvement de tous les principes elle la conserve invariable, ou le plus ou le m le moins suffiroit pour changer tout ; les auteurs qui nous decrivent la Gaule n’ont pas pu errer au point de se tromper dans une chose si generale et si connuë. Voyés pourtant comme Justin[2] la decrit ; nous accusons sans cesse les anciens de trahir la verité, pourquoi voulons nous qu’ils l’aimassent {p.96} moins que nous, ils devoient au contraire l’aimer davantage parce que leur philosophie avoit pour objet les meurs plus que la notre ; cet admirable ouvrage de Mrs de l’academie[3] que nous regardons comme la verité physique sera sujet quelques jours aux reproches des modernes futurs, et ils ne pourront souffrir de lire des descriptions qu’ils ne trouveront pas conformes a ce qu’ils verront.
Na que j’ai oûi parler d’un voyage d’Addisson ou il a cherché a faire voir par les choses que les poëtes ont chantées et par ce qu’elles sont a present combien il seroit dangereux de les croire, mais ce qu’il attribuë a des mensonges poëtiques pourroit bien peut etre etre attribué à des changemens reels.[4]

- - - - -

Main principale D

103

Lac Regille

J’ay vû le lac Regille qui n’est pas plus grand que la main
[1].

Main principale D

104

{p.97}

Jesuites

Si les livres qui ont eté faits contre les jesuites subsistent jusques dans l’avenir reculé et survivent aux jesuites mêmes, ceux qui les liront ne croiront-ils pas que les jesuites ont eté des assassins, des gens noircis de crimes et ne s’etonneront ils pas qu’on ait pû les laisser vivre ; ils ne s’n’ imagineront pas surement qu’ils sont a peu près comme les autres religieux, comme les autres eclesiastiques, comme les autres hommes, et i si ces gens la existoient encore, diront ils, je ne voudrois pas me trouver sur un grand chemin avec eux. Je ne scay si Baile n’a pas dit quelque chose de cela[1]

- - - - -

Main principale D

105

[Passage à la main M]

Ouvrages originaux

Un ouvrage original en fait presque toujours construire cinq ou six cens autres, les derniers se servant du premier a peu pres come les geometres se servent de leurs formulles.

- - - - -

Passage de la main D à la main M


101

n1.

Les mémoires perdus du dictateur sont la source principale de la Vie de Sylla par Plutarque (IV, 5 ; VI, 10 ; XXXVII, 1).

101

n2.

Plutarque, Vie de Pyrrhus, VIII, 3.

101

n3.

Cornelius Nepos, Hannibal, 13, 2-3.

101

n4.

Voir nº 13, note 4.

101

n5.

La Bibliothèque de Photius (820-891) est constituée de 280 notices, résumant ou citant des œuvres antiques et de théologie byzantine, dont la plupart sont perdues (Photii Bibliotheca cum notis David Hoeschelii et scholiis Andreæ Scotti, [Genève, Oliva], 1612 – Catalogue, nº 2554 et nº 2555 pour l’édition de 1611).

102

n1.

L’évolution et la disparition des espèces (nº 91, 1486 et 2016) remettent en cause le créationnisme et tout cadre fixiste (nº 1174, 2014) mais relèvent plus généralement d’un relativisme sceptique : tout est changeant (nº 76). Voir Denis de Casabianca, Montesquieu. De l’étude des sciences à l’esprit des lois, Paris, H. Champion, 2008, p. 407-411.

102

n2.

Voir nº 41n.

102

n3.

Il s’agit de l’Histoire de l’Académie royale des sciences (Paris, 1699-1719, 20 vol. – Catalogue, nº 2566). Cf. nº 806.

102

n4.

Remarks on Several Parts of Italy de Joseph Addison (Londres, J. Tonson, 1705 – Catalogue, nº 3071 ; extrait par Montesquieu entre 1731 et 1736 : Geographica, p. 13-22). Cf. ci-après, nº 103.

103

n1.

Remarque provenant des notes sur l’Italie, où le lac est nommé par erreur Vigille (Voyages, p. 325), insérée par le secrétaire E (1734-1739) dans une séquence antérieure au départ de Montesquieu (5 avril 1728). Voir aussi Romains, I, p. 97, l. 139.

104

n1.

Bayle parle de la « nombreuse Bibliotheque » formée par les publications pleines de prévention contre l’ordre (Dictionnaire historique et critique, 1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, art. « Loyola », en particulier notes Q et R – Catalogue, nº 2453).