Axe 6. Philosophie française
Identité et philosophie de la vie
Responsables : Anne Devarieux et Laurent Clauzade
Cet axe vient compléter l’axe 3 sur la phénoménologie française en se donnant comme objet d’étude la pensée trop sous-estimée de la philosophie française d’Auguste Comte, de Bergson, de Ravaisson et de Blondel (sans pouvoir les citer tous). Dans cet ensemble dont l’unité est elle-même une question, une attention particulière est d’abord accordée à Maine de Biran, qui représente un moment essentiel de la philosophie française au 19ème siècle. Il est tout à la fois en rupture avec l’idéologie et l’héritage condillacien, et il propose une refonte du concept de subjectivité. Au-delà de l’étude historique de la pensée de Maine de Biran, cet axe étudie également l’influence qu’a exercé Maine de Biran, sur la philosophie en France jusqu’à aujourd’hui, sur des penseurs aussi différents que H. Bergson, G. Tarde, L. Lavelle, ou M. Henry. S’interroger sur la postérité de Biran et de ses questions, c’est s’interroger sur ce que l’on nomme le spiritualisme français qui questionne la corrélation de la vie et de la subjectivité dans une philosophie renouvelée de la personne. La phénoménologie française (mais pas seulement elle) est elle-même très marquée par toute cette philosophie française du 19ème et de la première moitié du 20ème siècle et cet axe se donne aussi pour tâche d’élucider cet héritage et le sens de la rencontre entre la philosophie française et la philosophie allemande. . En opposition à cette tradition spiritualiste, le positivisme comtien refuse d'identifier subjectivité et individualité : la subjectivité n'est plus définie par rapport à la personne, mais à la collectivité. Cette thématisation en quelque sorte sociologique, qui est en fait une violente contestation de la subjectivité individuelle telle qu'elle comprise par le spiritualisme, est aussi à l'origine de l'autre grande tradition philosophique française, dans laquelle on peut notamment inclure Durkheim et Foucault.
Il est incontestable que ces traditions, si différentes dans leurs manières d'aborder la subjectivité, se sont appuyées, chez les pères fondateurs comme chez Bergson, sur les conceptions biologiques de leur époque. C'est dans une perspective semblable que cet axe, mutatis mutandis, aborde également la biologie contemporaine, en tant qu'elle est susceptible de renouveler et d'approfondir les questions de subjectivité et d'identité. En ayant recours aux récents travaux en épistémologie de la biologie, on cherchera à comprendre comment les avancées biologiques modifient la compréhension de l’identité humaine. Trois thèmes significatif peuvent être évoqués : la remise en cause, en immunologie, de la théorie classique du soi et du non soi ; l’importance de plus en plus grande donnée à l’expression des gènes au détriment d’une identification stricte entre l’individu et son code génétique ; la redéfinition, dans un cadre évolutionniste, de l'identité humaine, notamment en relation avec la question du genre ou de la préférence sexuelle. L'ensemble de ces thèmes, associés aux progrès du génie génétique, ouvrent enfin sur un faisceau de problèmes qui conduisent réévaluer le statut de la personne juridique. (Voir axe 2)