

Structure de recherche associée à la MRSH : HISTEMÉ, Villes et sciences sociales Date : 05/12/2017 Lieu : MRSH Caen Durée : 1:00:32 | ![]() |
Cette communication a été donnée dans le cadre du séminaire annuel "Villes et sciences sociales" consacré pour l'année 2017-2018 aux mutations de l'urbain.
Carole Dornier est professeur de littérature française du XVIIIème siècle à l'université de Caen.
Résumé de la communication
Dans la période 1710/1740, le roman français qui, contrairement à ses homologues espagnol et anglais, était resté marqué par la hiérarchie des genres, l’idéalisation et un romanesque invraisemblable dénoncé par ses détracteurs, connaît de profondes mutations.
Les romanciers cherchent à représenter le concret de la vie, à rapprocher les événements racontés du monde du lecteur, à mettre en débat des questions morales et sociales, à représenter des réalités jusqu’alors reléguées dans la fiction parodique et comique ou dans la « littérature de gueuserie ». Décors exotiques et champêtres, cours et palais cèdent alors la place à la Ville capitale. Si Paris est l’espace de « désagrégation » du héros classique, -elle favorise le « désordre des familles", le libertinage et l’infidélité – la ville offre aussi de nouvelles opportunités à des personnages en quête d’ascension sociale ou de liberté et aux romanciers des objets de représentation non conventionnels. Les Illustres Françaises de Robert Challe (1713), l’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut (1731), la Vie de Marianne de Marivaux (1731-1742) illustrent ce rapport ambivalent à la Ville. Dans la même période, un débat sur les avantages et les inconvénients des villes capitales s’est installé sur la scène intellectuelle, qui traduit les réticences et l’attirance suscitées par la concentration urbaine, débat dont le roman se fait l’écho.