

En 1956, Pierre Mendès France organisait à Caen un colloque national de trois jours pour réfléchir aux évolutions nécessaires de la recherche et de l’enseignement supérieur. Les idées de ce colloque ont influencé trente années de politique de recherche. Nombre de dispositifs encore existants y ont pris leur source. Soixante ans après, en 2016, il est utile de revenir sur ce moment particulier, pour comprendre les ressorts de cette influence inédite, tout en se tournant vers l’avenir et tracer de nouveaux horizons. C’est le sens de la journée nationale Caen 1956-2016 La recherche. Construire demain qui s'est tenue à Caen le 3 novembre 2016 - journée qui s'est conclue par une allocution du président de la République.
François Stasse est économiste. Il est diplômé de l’Institut d’études politiques et docteur d’état en sciences économiques. Nommé conseiller d’état, en 1996, il a été Directeur général de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris de 1989 à 1993 et Directeur général de la Bibliothèque nationale de France de 1998 à 2001. Il contribue à une réflexion sur l’éthique. Il a dirigé la publication des œuvres complètes de Pierre Mendès France.
Résumé de la communication
François Stasse revient ici sur le contexte historique du colloque de 1956 où, curieusement, quelques années après la tragédie des camps nazis et la bombe d'Hiroshima, la question éthique n'a pas été abordée. Malgré un contexte colonial difficile, malgré la guerre froide qui menace de dégénérer, un vif climat d'optimisme irrigue alors la société française. Celle-ci croit en son avenir, en sa jeunesse et le moment n'est de toute évidence pas aux inquiétudes éthiques. Depuis, le décor a changé comme les enjeux ont changé. Avec les NBIC, on quitte la problématique classique de la destruction de l'ennemi pour s'engager dans une problématique sociétale révolutionnaire, puisqu'elle conduit à la modification de la nature humaine elle-même. Dans la mesure où la capacité future de la science à modifier la nature humaine est devenue une question éminemment centrale, c'est aujourd'hui à la société dans son ensemble d'apprendre à en délibérer.