

Ulrike Krampl, maîtresse de conférences en histoire moderne Centre Tourangeau d'HIstoire et d'Etudes des Sources (CETHIS) Structure de recherche associée à la MRSH : ERLIS Date : 09/10/2015 Lieu : MRSH Caen Durée : 58:36 | ![]() |
Cette conférence a été donnée dans le cadre du séminaire de l'équipe ERLIS intitulé Organisation et réorganisation des espaces culturels : politiques et représentations, consacré pour l'année 2015-2016 aux "espaces cachés".
Ulrike Krampl, maîtresse de conférences en histoire moderne à l’Université François-Rabelais de Tours (CeTHiS), est coordinatrice du Pôle franco-allemand de l’Université de Tours. Après une thèse consacrée aux croyances et sociabilités urbaines populaires (Les secrets des faux sorciers. Police, magie et escroquerie à Paris au XVIIIe siècle, Eds. EHESS, 2011), ses travaux portent désormais sur l’histoire des pratiques culturelles, du corps et des sens (co-dir., Les cinq sens de la ville du Moyen Âge à nos jours, PUFR, 2011). Son projet actuel cherche à élaborer une histoire des usages sociaux et économiques des langues modernes en France au XVIIIe siècle dans une perspective de genre. Parmi les publications récentes, voir : « Education et commerce à Paris à la fin de l’Ancien Régime : l’offre d’enseignements de langues modernes », Histoire de l’éducation, 140-141 (2014), p. 135-156 ; « Akzent. Sprechen und seine Wahrnehmung als sensorielle Praktiken des Sozialen. Situationen aus Frankreich im 18. Jahrhundert », in Arndt Brendecke, dir., Praktiken der Frühen Neuzeit. Akteure – Handlungen – Artefakte, Cologne/Weimar/Vienne, Böhlau, 2015, p. 442-453, ainsi que dir. (avec Xenia von Tippelskirch), mit Sprachen = L’Homme. Europäische Zeitschrift für feministische Geschichtswissenschaft, 1 (2015).
Résumé de la communication
À l’époque moderne, l’espace domestique est constitué de rapports sociaux asymétriques réunissant sous le même toit un ensemble de familiers, famille et ‘domestiques’. Ces derniers/dernières étant juridiquement et symboliquement subordonné-e-s à l’autorité des maîtres, leur parole et leur action se trouvent largement effacés du discours et des représentations du temp, alors que leur rôle intermédiaire s’avère capital pour le fonctionnement de la société. Cet espace social ainsi « caché » au sein d’un rapport de pouvoir accueille une série de pratiques serviles dont fait partie, au XVIIIe siècle, le maniement des langues : enseignement, traduction (à l’oral et à l’écrit) et services de toutes sortes (accompagnement en voyage, lecture, etc.). L’espace domestique s’avère ainsi tout à fait « bavard » et potentiellement polyglotte (vu de Paris, ce sont surtout l’italien, l’allemand et l’anglais) et constitue pour les domestiques, des hommes d’abord, mais aussi des femmes, un véritable ressort d’action sociale et économique - et ce aussi grâce à leur talent linguistique.