

François Bizet, maître de conférences Université de Tokyo Date : 27/08/2015 Lieu : CCIC Cerisy Durée : 41:17 | ![]() |
Cette communication a été donnée dans le cadre du colloque intitulé "Francis Ponge : ateliers contemporains" qui s'est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 24 au 31 août 2015, sous la direction de Lionel CUILLÉ, Gérard FARASSE (†), Jean-Marie GLEIZE et Bénédicte GORRILLOT.
Actes du colloque
Francis Ponge, ateliers contemporains
Lionel Cuillé, Jean-Marie Gleize, Bénédicte Gorrillot (dir.)
Éditions Classiques Garnier - 2019
ISBN : 978-2-406-08795-3
Présentation du colloque
En 1975, au Centre Culturel International de Cerisy, Philippe Bonnefis et Pierre Oster organisaient, en présence de Ponge, un colloque titré "Ponge inventeur et classique" (dont les actes d'abord parus en 10/18 ont été réédités par les éditions Hermann dans la collection Cerisy/Archives) qui éclairait la proximité de l’écrivain aux démarches des néo-avant-gardes de l’époque (de Tel quel à Digraphe) et abordait son œuvre selon les approches en vogue de la "nouvelle critique" (poétiques formalistes, d’inspiration linguistique ou rhétorique). Quarante ans plus tard, il paraît indispensable de faire le point sur la place de cet auteur majeur dans le paysage littéraire, artistique et universitaire contemporain.
En France, le climat théorique et critique a évolué, de même que la connaissance objective de l’œuvre, désormais accessible dans la Bibliothèque de la Pléiade et augmentée par les annexes précieuses des Pages d’ateliers (Gallimard, 2005) ou par le corpus assez large des correspondances publiées de Ponge (avec Camus, Mandiargues, Paulhan, Thibaudeau, Tortel). Ce corpus ne cesse de s’enrichir (Correspondance avec Prigent en cours de publication) et permet d’observer la "fabrique" d’une figure et d’une posture de poète (ou de non-poète) dans le champ clos d’un paysage (liens avec les confrères, les amis, les éditeurs, les revues, etc.). Il convient aussi de prendre la mesure de ce qui continue de faire signe — et parfois leçon — pour nombre de (jeunes) écrivains ou artistes (peintres, sculpteurs, musiciens), voire pour les acteurs toujours plus nombreux à mettre en scène ses textes.
À l’étranger, les traductions de Ponge se multiplient (notamment en Amérique latine ou au Japon) et imposent d’interroger les modalités nouvelles de la réception de cet auteur. Tout aussi remarquable est l’insertion de l’écrivain dans le corpus académique (utilisation systématique dans les "ateliers d’écriture" ou programmes scolaires). Ponge reste donc au cœur des ateliers les plus contemporains de la création et de la réflexion : il convient d’évaluer les raisons d’une telle actualité et d’en préciser les différentes modalités.
Présentation de l'intervenant
François Bizet est maître de conférences à l’université de Tôkyô. Il a publié Une communication sans échange. Georges Bataille critique de Jean Genet (Droz, 2008), un essai sur le bunraku : Tôzai !... Corps et cris des marionnettes d’Ôsaka (Belles Lettres, 2013), ainsi que des articles sur Pétrarque, Georges Perec, Pierre Guyotat et Antoine Volodine. Il a également collaboré à diverses revues (Le Nouveau Commerce, La Revue littéraire, Fusées, Nioques), qui ont accueilli des extraits de La Construction d'Ugarit et du Traité du corail.
Résumé de la communication
Qu’est-ce qu’être un arbre ? Un brin d’herbe ? Comment une fleur vit-elle son expansion dans l’espace et dans le temps ? L’atelier proposé est bien contemporain, mais légèrement décalé. C’est celui, grandeur nature, de l’homme devenu botaniste, et fasciné par une altérité radicale dans l’ordre du vivant: la plante, comme le savait aussi Francis Ponge, souvent cité par les biologistes du végétal d’aujourd’hui, c’est d’abord ce qui n’a "pas de tête", un méta-individu de structure polyarchique, un superorganisme dont le corps ne tient pas dans un volume, comme celui de l’animal, mais se réitère sans cesse en multiples surfaces de captation. La poétique de Ponge, par mimétisme, semble s’être fondue dans ce mode d’être singulier, autre façon sans doute de "sortir du manège" anthropocentrique, voire zoocentrique, auquel nous sommes voués.