

Auteur : Brahim Benlakhlef Date : septembre 2015 Structure de recherche associée à la MRSH : ESO-Caen |
Cette photo prise le 21 septembre 2015 montre un parking de taxis collectifs situé en périphérie de Constantine, à proximité de la toute nouvelle gare routière de transport interurbain, à une heure de forte affluence. Le taxi collectif, de couleur jaune partout en Algérie, dessert toutes les villes de la région jusqu’à Alger qui se situe à 450 km. Il peut transporter jusqu’à sept passagers. C’est un service semblable au transport public collectif. Il a des lignes et ses tarifs sont fixés par l'administration. Mais le taxi collectif est plus rapide et plus souple : les arrêts sont à la demande des clients, à condition de respecter l'itinéraire fixé « officiellement ». Le taxi collectif peut se transformer en taxi individuel à la demande du client; le tarif est alors négociable. Dans l'agglomération de Constantine près d'un habitant sur cinq utilise le taxi jaune pour ses déplacements intra-urbains.
Une des caractéristiques du transport collectif dans les villes algériennes est qu'il est saturé de façon quasi permanente et qu'il ne couvre pas toute la demande, au point que certains établissements (grandes entreprises, administrations) à l'exemple de l'Université, assurent leur propre service de transport spécialisé. Si certaines entreprises ont réduit sensiblement le transport de leurs personnels (crise économique oblige), l'Université ne cesse d'intensifier son réseau de transport des étudiants pour pallier le déficit de services réguliers. On compte 6 bus universitaires pour 1 000 étudiants, alors que la moyenne pour l'agglomération de Constantine n’est que de 0,6 bus pour 1 000 habitants. Le standard retenu par la Banque mondiale est d’un bus pour 1 000. De fait, le parc de bus universitaire, considérable, est sous-utilisé. En dépit du développement tout récent de cette offre, le rôle des taxis collectifs jaunes a fortement augmenté. L’exemple des taxis jaunes est un révélateur tant des problèmes que des solutions dans la gestion et l’aménagement des villes algériennes.
Brahim Benlakhlef est Maître de conférences à l’Ecole normale supérieure de Constantine. Il mène ses recherches sur les changements socio-économiques des villes algériennes. Il est actuellement accueilli dans le laboratoire ESO-Caen pour une durée de 9 mois dans le cadre d’un congé sabbatique pour recherche financé par le gouvernement algérien.