

Auteur : Nicolas Bautès Date : mars 2015 Structure de recherche associée à la MRSH : ESO-Caen |
Cette composition photographique prise en mars 2015, fait état des traces du mouvement de révolte d’octobre 2014 contre les aspirations du président Burkinabè Blaise Compaoré de réviser la Constitution afin de pouvoir se représenter aux élections de 2015. La journée d’insurrection du 31 octobre, expression d’un conflit social latent depuis 2011, s’est soldée par le retrait du président qui déclarait la « vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d’une transition (…) » et « dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale »[1]. La transition a été l’objet de vives tensions, entre l’armée – qui prenait la tête du pays – et la société civile organisée, qui rédigeait peu après cet épisode une charte devant définir la structure des futures autorités étatiques.
Quelques mois après ces événements, les traces de l’insurrection et des conflits qu’elle a suscités demeurent, comme le montrent plusieurs slogans tracés sur les murs le long de l’Avenue de l’Indépendance : « Blaise dégage ! » ou « Bâtard assassin démon dictateur ». Mise à sac par la population, l’Assemblée Nationale du pays demeure à ce jour en état de délabrement. Si l’ordre semble revenu, cet épisode de la vie politique du Burkina Faso marque sans nul doute le renforcement de mouvements populaires en lutte pour plus de démocratie et pour l’émancipation sociale.
Invité par l’Institut de Recherche pour le Développement[2] à l’initiative d’Emmanuel Bonnet (Université de Caen, IRD), Nicolas Bautès est intervenu au sein de l’INSS - Institut des Sciences des Sociétés de l’Université de Ouagadougou[3] sur le thème des “contraintes et jeux de pouvoir autour des mobilisations sociales”, illustrant son propos par des études de cas conduites depuis plusieurs années à Mumbai en Inde et à Rio de Janeiro au Brésil. Eloignées en apparence du contexte burkinabè, les conditions de la mobilisation des plus pauvres et des luttes politiques qu’engagent les habitants de quartiers d’habitat précaire de ces deux métropoles du Sud entrent en résonance avec la situation vécue par de nombreux habitants de Ouagadougou.