

Jean-Pierre Poussou, professeur émérite d'histoire moderne Structure de recherche associée à la MRSH : Pôle rural Date : 08/04/2014 Lieu : MRSH Durée : 34:52 | ![]() |
Cette conférence a été enregistrée dans le cadre du séminaire annuel du pôle Sociétés et espaces ruraux de la MRSH, intitulé en 2012-2013 « 20 ans après - Toutes portes ouvertes. Au coeur des recherches sur les sociétés et les espaces ruraux ».
Jean-Pierre Poussou est professeur émérite d'histoire moderne à l’Université Paris Sorbonne-Paris IV. Sa spécialité d'origine est la démographie historique et l'histoire urbaine et, en particulier, les migrations au sujet desquelles il signe une thèse de doctorat d'État en 1978 (L'immigration bordelaise de 1737 à 1791), des articles-programmes et de très nombreuses synthèses. L'histoire des mondes anglo-saxons est sa deuxième spécialité qu'il « tient » de François Crouzet, son directeur de thèse. Ici encore, il signe quelques synthèses d'histoire politique, économique ou urbaine et défriche un territoire peu exploité par l'historiographie française. L'histoire du Sud-ouest aquitain intéresse enfin cet historien né dans le Lot-et-Garonne. Pour être tout à fait complet, on peut ajouter la Révolution française. Il est membre fondateur de l'Institut de géopolitique des populations.
Résumé de la communication
Attention ! En raison d'un incident technique, l'enregistrement n'a pu être mené à terme. Il s'interrompt alors que Jean-Pierre Poussou aborde la deuxième partie de son exposé, traitant des mobilités saisonnières et temporaires, en particulier dans les régions montagnardes. L'intégralité de la conférence pourra être retrouvée grâce au compte-rendu de la séance, prochainement disponible en ligne.
Lorsqu’au cours des années 1960 la Démographie Historique prit son essor, la mobilité rurale française entre le XVII° et la fin du XIX° siècle restait largement méconnue et sous-estimée. Les premières véritables vues d’ensemble n’apparurent qu’avec mon gros article de 1970 dans les Annales de Démographie Historique. Il montrait que les travaux étaient en réalité nombreux mais qu’en dehors de l’intérêt porté à l’exode rural qui s’installe à partir de la deuxième moitié du XIX° siècle, ils n’avaient pas débouché sur une vision globale. Depuis cette date, beaucoup d’autres travaux ont été réalisés mais la complexité de la question reste largement ignorée. Les ruraux étaient à la fois très mobiles - mais à petite distance pour la plupart, ce que j’ai proposé dès 1970 de définir comme une micro-mobilité, et non comme une migration -, et majoritairement sédentaires, à l’exception des « pays » de migrations saisonnières et temporaires. C’est essentiellement dans la deuxième moitié du XIX° siècle que se mit en place une migration de grande ampleur vers les villes ou vers l’étranger, en n’oubliant pas toutefois que, comme l’a fait remarquer Pierre Goubert, quand on regarde les monuments aux morts de la guerre de 1914 -1918, on retrouve dans presque tous les villages de France les mêmes noms de famille qu’aux XVII° ou XVIII° siècles.
Tout le monde n’a pas partagé ou ne partage pas ce point de vue. La question suscite donc de nombreux problèmes de méthodologie qu’il faudra aborder, notamment ce qu’il faut entendre par migration et par mobilité, les différences de résultats suivant les sources, ou la question de savoir s’il n’y a pas une démographie des sédentaires et une démographie des mobiles. Au bout de cette démarche, il me semble cependant possible d’affirmer avec force que très majoritairement les migrants ne constituent qu’une minorité dans les campagnes françaises des XVII°-XIX° siècles, et que par ailleurs la mobilité comme les mouvements migratoires sont fortement régionalisés.