Dire l'événement, regards croisés _ 2
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Intervenants :
La Grande Guerre fut pour les pays européens une expérience collective sans précédent pour les enfants, qui se trouvèrent plongés dans l’univers d’un conflit, et dont la mobilisation symbolique devint un élément important dans la construction du discours idéologique. En Italie, la littérature d’enfance et de jeunesse se trouva inféodée à la propagande patriotique et belliciste pour inciter les enfants à participer à l’effort national et aux sacrifices, et la guerre en cours fut expliquée, représentée, racontée par le biais de la fiction romanesque et de la presse.
Dès 1915, journaux et livres s’adaptèrent à l’actualité ; la presse illustrée commença par faire de la guerre un sujet burlesque pour amuser les plus petits, tandis que les autres publications, dues à des écrivains nationalistes, furent inspirées par la propagande interventionniste. Dans un deuxième temps, lorsque la durée et la dureté de conflit s’imposèrent à la nation, la guerre s’inscrivit sous la forme plus dramatique du « roman » ou du « conte de guerre », suscitant l’identification aux personnages et provoquant une participation affective. Cette production, abondante et variée, allait se poursuivre dans l’après-guerre, en donnant lieu à une « littérature de guerre » asservie à la pédagogie de l’héroïsme.