ARTICLE CXXXIX.
De l’usage des mesmes Passions, entant
qu’elles appartienent à l’ame;
et premierement de l’Amour.
Ce qui suffiroit, si nous n’avions en nous que le corps, ou qu’il fût nostre meilleure partie ; mais d’autant qu’il n’est que la moindre, nous devons principalement considerer les Passions entant qu’elles appartienent à l’ame, au regard de laquelle l’Amour et la Haine vienent de la connoissance, et precedent la Ioye et la Tristesse : excepté Le Gras, p. 186![]()
Image haute résolution sur Gallica lors que ces deux dernieres tienent le lieu de la connoissance, dont elles sont des especes. Et lors que cette connoissance est vraye, c’est à dire que les choses qu’elle nous porte à aymer sont veritablement bonnes, et celles qu’elle nous porte à haïr sont veritablement mauvaises, l’Amour est incomparablement meilleure que la Haine, elle ne sçauroit estre trop grande ; et elle ne manque jamais de produire la Ioye. Ie dis que cette Amour est extremement bonne, pource que joignant à nous de vrays biens, elle nous perfectionne d’autant. Ie dis aussi qu’elle ne sçauroit estre trop grande; car tout ce que la plus excessive peut faire, c’est de nous joindre si parfaitement à ces biens, que l’Amour que nous avons particulierement pour nous mesmes n’y mette aucune distinction ; ce que je croy ne pouvoir jamais estre Le Gras, p. 187![]()
Image haute résolution sur Gallica mauvais. Et elle est necessairement suivie de la Ioye, à cause qu’elle nous represente ce que nous aymons, comme un bien qui nous appartient.
