Première épîtreAu très vénérable
Anger / Angerius, évêque de Catane et abbé de Sant’Agata (1091/1092-1124)Anger
Sur Anger / Angerius, évêque de Catane et abbé de Sant’Agata (1091/1092-1124)Anger, voir l’article de Garavaglia 2013 et, pour plus de détails, celui de Beech 2014. Ces derniers ne remettent pas en doute l’information donnée par Geoffroi Malaterra (IV, 7), selon laquelle Anger était breton d’origine, mais tandis que Garavaglia (2013, 156-157) préfère voir en Anger un ancien moine de Saint-Évroult-en-Ouche (abbaye de), Orne, arr. ArgentanSaint-Évroult-en-Ouche, Beech montre qu’il appartenait à l’abbaye de Saint-Florent de Saumur (abbaye), Maine-et-LoireSaint-Florent de Saumur, d’où il partit en pèlerinage à Jérusalem (Beech 2014, 150-154). Il s’arrêta en Italie méridionale à son retour et s’établit à Sant’Eufemia (abbaye de) / Sancta Euphemia, prov. CatanzaroSant’Eufemia, où il devint prieur. Vers 1088, Roger [Ier] / Rogerius, fils de Tancrède de Hauteville et de Fressende, Grand Comte de Calabre et de Sicile (c. 1060-1101)Roger lui demanda de prendre la direction de l’abbaye de Sant’Agata (abbaye de), prov. CataneSant’Agata de Catane, comme l’indique Malaterra (IV, 7 [Pontieri, p. 90, l. 3-4]). Les documents conservés émanant du comte Roger [Ier] / Rogerius, fils de Tancrède de Hauteville et de Fressende, Grand Comte de Calabre et de Sicile (c. 1060-1101)Roger et du pape Urbain II, pape (1088-1099)Urbain II et datés de 1091-1092 indiquent comment le comte a d’abord nommé Anger / Angerius, évêque de Catane et abbé de Sant’Agata (1091/1092-1124)Anger, abbé de Sant’Agata (abbaye de), prov. CataneSant’Agata le 9 décembre 1091 ; il accorde en outre à ce dernier l’autorité sur la cité de Catane / Cathania, prov. CataneCatane et sur la région qui en dépend et qui était placée auparavant entre les mains des Sarrasins. Il fait ainsi d’Anger / Angerius, évêque de Catane et abbé de Sant’Agata (1091/1092-1124)Anger, auquel il concède des biens considérables, l’un des plus puissants prélats de l’île. La bulle pontificale du 9 mars reconnaît dans l’abbé de Sant’Agata (abbaye de), prov. CataneSant’Agata – Anger / Angerius, évêque de Catane et abbé de Sant’Agata (1091/1092-1124)Anger ainsi que tous les abbés qui devaient lui succéder – l’évêque de Catane / Cathania, prov. CataneCatane. Ces actes, édités dans R. Pirri, Sicilia sacra disquisitionibus et notitiis illustrata, A. Mongitore, V. M. Amico (éd.), Palerme, P. Coppulae, 1733, t. I, p. 521-523, ont fait l’objet de nombreuses études (voir par exemple White 1938, 105-107 ; Scalia 1961 ; et, plus récemment, Becker 2008a, 178-180, et 248-249 et Beech 2014, surtout 156-162, qui s’appuie sur les conclusions de Becker). Anger mourut en 1124, si bien que son abbatiat dura trente-trois ans. Bien qu’on n’ait conservé que peu de documents, l’épitaphe de douze vers, composée en son honneur et conservée dans un manuscrit de la bibliothèque du Trinity College de Dublin, et le poème de cinquante vers qu’il écrivit lui-même à la fin de sa vie donnent à son sujet des informations précieuses (voir « Introduction » de la version imprimée, p. 40-41)., évêque de
Catane / Cathania, prov. CataneCatane, de bienheureuse mémoire, frère
Geoffroi Malaterra / Gaufredus MalaterraGeoffroi, ayant reçu le surnom
Geoffroi Malaterra / Gaufredus MalaterraMalaterra de mes ancêtres,
avec le souhait qu’après avoir mené une vie heureuse dans le monde avec
Marthe / Martha, sainteMarthe, il ressuscite pour jouir du bonheur du
vrai repos que connaît
Marie / Maria, sainteMarie avec son frère
Lazare / Lazarus, saintLazare.
Très saint père, puisque je sais que, bien que j’en sois indigne, une amitié particulière me lie à vous plus qu’à tous les autres évêques, dont l’habit indique clairement leur appartenance à l’autre ordre, j’ose aussi fonder sur vous un espoir particulier plus que sur tous les autres, et vous prie d’être mon protecteur dans toutes mes affaires. Ainsi, je demande instamment que ce livre soit présenté par vous-même ou du moins en votre présence, afin qu’avec le soutien de votre autorité il gagne en faveur auprès du prince et que les jaloux, si jamais certains se levaient, n’aient pas l’audace de le critiquer par respect pour vous.Il faut néanmoins que vous sachiez, vous ou n’importe qui d’autre qui aborderez ce livre pour en donner lecture ou encore pour le traduire, que, si vous remarquez que parfois la succession des événements dans mon récit n’est guère conforme au déroulement des faits rapportés, ou encore que certains faits ont été, par oubli, passés sous silence, vous ne devez pas, dans vos récriminations, m’en imputer à moi la responsabilité, mais à ceux qui m’ont rapporté les faits, d’autant que, comme vous le savez parfaitement, au moment où ces faits s’accomplissaient, je n’étais pas présent personnellement, mais que, arrivant du pays d’au-delà des monts, je venais juste de devenir Pouille (ou de) / Apulia ou Apulus ou ApuliensisapulienPar l’adjectif Apulum, Malaterra désigne toute l’Italie (ou d’) / Italia ou ItalusItalie méridionale à l’exclusion de la Calabre, de la Sicile et de la principauté de Capoue (Houben 1996, 83). ou encore Sicile (ou de) / Sicilia ou Siculus ou Siciliensissicilien.Et s’il s’élève quelque critique à propos de mon style trop peu orné, on doit savoir que, eussé-je disposé des moyens de m’exprimer avec plus de pureté ou encore avec plus de solennité, un ordre exprès du prince m’a intimé d’écrire dans une langue claire et facile à comprendre, afin que tout ce que je pouvais dire fût accessible à tous sans effort.Pour moi donc, qu’on vienne à me reprocher ceci ou cela, je cherche refuge sous l’égide de votre protection, afin que, comptant sur un asile aussi sûr, je n’aie guère à redouter de ceux qui chercheraient à m’atteindre d’une dent hostile et que, grâce à l’appui que vous me prêtez, je gagne en faveur auprès du prince.