L’institution de l’école, gratuite, obligatoire et laïque marque l’histoire scolaire de la France de façon architectonique depuis le dernier tiers du XIXe siècle et définit les conditions de l’émancipation : la réalisation de l’idéal républicain d’égalité et de liberté. Or cette synthèse historique – culturelle, politique et sociale – est devenue problématique. Elle rencontre contradictions et apories. L’école peut-elle être émancipatrice et obligatoire ? Peut-elle assurer sa fonction de sélection des élites sans devenir inégalitaire ? Comment l’idée d’unité (d’identité) républicaine de l’école (de la Nation) peut-elle résister à l’affirmation de la pluralité des cultures et des communautés ? Comment le principe de laïcité peut-il maintenir l’équilibre entre les différentes composantes d’une société fragmentée ? Le projet d’émancipation collective promu par l’école est-il conciliable avec les logiques individualistes de revendication pour chacun des espaces d’exercice personnel de sa liberté ?
Ce sont ces différentes interrogations que le dossier se propose de reprendre et, plutôt que de viser des solutions (encore moins de proposer un « programme » pour l’école), d’analyser de façon critique en examinant les processus et les contextes qui ont permis leur avènement et les conditions de leur énonciation.