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2009

Le cartulaire de l’abbaye de la Trinité de Caen (fin XIIe-début XIIIe siècle)

The cartulary of Holy Trinity Abbey, Caen (end of the 12th-beginning of the 13th century)
Catherine Letouzey-Réty

Résumés

Le cartulaire le plus ancien conservé pour la Trinité de Caen, autrement appelée l’Abbaye-aux-Dames, concentre une part essentielle de la richesse du fonds de l’abbaye pour les XIe-XIIe siècles. L’édition récente de ce document, malgré une érudition sans faille, soulève un certain nombre de problèmes et rappelle la nécessité du retour au manuscrit, pour émettre quelques hypothèses quant à la logique de composition du cartulaire.

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Texte intégral

  • 1 Soit environ dix ans plus tôt que Saint-Étienne. Dans le cas de l’abbaye de la Trin (...)
  • 2 Id., 1967, p. 19.
  • 3 La Trinité a été de ce point de vue davantage dépouillée que Saint-Étienne. Au moins quatre (...)

1Le fonds de l’Abbaye-aux-Dames fait partie des archives caennaises parmi les plus prestigieuses pour la période des XIIe-XIIIe siècles. L’abbaye fut fondée par Guillaume et Mathilde vers 1059, et dédicacée dès 10661, mais le fonds actuel de l’abbaye ne comporte aucun document original pour la fin du XIe siècle. À la suite de « l’incurie qui règna au dépôt départemental de Caen jusqu’à la fin de la Monarchie de Juillet »2, plus aucune charte des fondateurs de l’abbaye ne subsiste en original dans les dépôts publics d’archives3. La dispersion des actes des XIIe-XIIIe siècles est aujourd’hui extrême, particulièrement en ce qui concerne les documents ayant une dimension anglo-normande, les plus intéressants pour les trafics de chartes avec le monde des antiquaires anglais du XIXe siècle.

  • 4 Les chartes de l’abbé de Tewkesbury et de Robert de Calix à l’abbesse Damette sont les seul (...)
  • 5 Contrairement à la Trinité, pour le cartulaire de Saint-Étienne, Lucien Musset a eu accès à (...)
  • 6 Musset, 1967, p. 22.

2D’autant plus précieuse apparaît donc la seule source conservée pour la documentation du XIe siècle : un petit cartulaire, conservé à la Bibliothèque nationale de France, sous la cote BnF ms lat. 5650. Il s’agit de l’un des documents les plus anciens qui nous soit parvenu du chartrier original4. Contrairement au cas de Saint-Étienne, pour lequel Lucien Musset a été contraint en 1968, de travailler à son volume sur les abbayes caennaises à partir de copies5, le cartulaire de la Trinité n’a jamais disparu et l’on sent un certain soulagement sous la plume de l’historien : « […] par chance, [dans le cas de l’Abbaye-aux-Dames], un cartulaire remarquablement ancien a survécu à Paris »6.

Histoire du cartulaire

  • 7 Datation proposée par Musset, 1967, p. 23 ; cette datation était déjà émise par Léopold D (...)
  • 8 Rappelé dans l’introduction de Léchaudé d’Anisy à son Cartulaire de Basse-Norma (...)
  • 9 Avec une erreur d’interprétation ; Musset, 1967, p. 95, note 2.
  • 10 Delisle, 1851.
  • 11 Stein, 1907, p. 100. Stein mentionne deux cartulaires pour la Trinité : celui-ci et le 2 (...)
  • 12 Carabie, 1943.
  • 13 Postan, 1937, p. 183.
  • 14 Il faut également citer Jean Birdsall, élève de Charles H. Haskins, qui a étudi (...)
  • 15 Poole, 1951, p. 45 ; Duby, 1962, II, p. 434.
  • 16 Postan a fait, dans le cas de la Trinité, une interprétation un peu hâtive ; le « cas (...)

3Malgré l’absence de préambule ou de colophon, la datation de ce cartulaire se situe de manière assurée à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle7. Appartenant originellement au fonds de l’abbaye, le cartulaire a été transmis dès 1736 à la Bibliothèque du Roi, par l’intermédiaire de l’intendant de Caen Nicolas-Joseph Foucault (dont les armoiries figurent sur l’ex-libris du premier feuillet de garde), puis du bibliophile Charles d’Orléans de Rothelin. Ce parcours un peu particulier lui a permis d’échapper à la fois à l’arrêt révolutionnaire prescrivant la destruction de tout document en lien avec l’Angleterre8 et aux « emprunts » d’érudits normands. Ainsi protégé et conservé dans une collection prestigieuse, ce cartulaire est connu depuis longtemps : il sert d’exemple pour l’une des entrées des continuateurs de Du Cange9, il est connu de Léopold Delisle10, inventorié par Henri Stein sous le numéro 70911 et utilisé par Robert Carabie12, ou encore par Michael Moïssey Postan dans un article resté célèbre13, pour ne citer que quelques exemples14. Fait intéressant, Postan a eu connaissance du manuscrit grâce à un microfilm fourni par Marc Bloch. Son article a eu un grand retentissement en Angleterre, et l’interprétation du cas de la Trinité a été vulgarisée ensuite dans des manuels, notamment celui d’Austin Lane Poole en Angleterre. Georges Duby a repris ce dernier ouvrage pour les exemples anglais de l’Économie rurale15, et le cas du cartulaire de la Trinité est ainsi devenu « un classique » – à l’issue d’un détour par l’Angleterre16.

  • 17 Lucien Musset s’en étonnait déjà en 1967 : « En dépit de la célébrité des abbayes caennai (...)

4Malgré cette longue liste des intérêts que le cartulaire de la Trinité a suscités, le manuscrit lui-même a été peu considéré, et son appartenance au « genre » des cartulaires occultée17.

Intérêt du cartulaire

  • 18 On exclut les quelques feuillets d’ajouts postérieurs à la fin du cartulaire (f (...)
  • 19 Six folios pour les enquêtes du début du XIIe siècle (fol. 20-23v pour la Normandie, fol. (...)

5Pour quelles raisons a-t-il alors attiré l’attention ? D’abord en raison de sa précocité : le cartulaire date de la fin du XIIe ou du début du XIIIe et les documents qu’il contient sont tous de la seconde moitié du XIe et du XIIe siècle18, période pour laquelle nous disposons d’un nombre de sources restreint dans le fonds de l’abbaye. Le cartulaire est également intéressant par son contenu : au milieu des copies « classiques » d’actes divers (chartes, notices, pancartes), se trouvent deux séries d’enquêtes réalisées en parallèle sur le temporel anglais et normand de l’abbaye (l’une réalisée au début du XIIe siècle et la seconde à la fin de ce même siècle). En termes de volume, ces enquêtes occupent à elles seules plus de la moitié du cartulaire (52 folios sur 87)19.

6À la suite d’Henri Stein ou de Marjorie Chibnall, on est en droit de se demander s’il s’agit alors d’un « vrai » cartulaire. Pour Henri Stein, « trop souvent, on a groupé improprement sous le nom de cartulaires des recueils qui ne répondent pas à ce titre : principalement des censiers, des inventaires de titres […]. »20. Marjorie Chibnall partage manifestement la définition adoptée par Stein, et précise au sujet du cartulaire de la Trinité : « Although known as a cartulary, it contains only a small number of charters and notices […] »21. Mais si l’on adopte une définition plus large du cartulaire, celui de la Trinité se rattache sans conteste au groupe des « cartulaire-censiers », suivant la typologie des cartulaires esquissée par exemple dans le répertoire CartulR d’Ædilis22 : il s’agit bien d’un « cartulaire hybride, dans lequel copies d’actes et données foncières sont associées, avec les fonctions d’un censier/rentier/terrier […] ». Ici, les deux éléments sont très étroitement imbriqués, comme le remarque Lucien Musset : le cartulaire « se compose de deux éléments entremêlés, mais bien distincts par leur nature »23 : d’une part, une série de chartes et de notices (biens anglais et normands) et, d’autre part, une série de censiers concernant les principaux domaines des deux pays.

  • 24 S’agit-il des hasards de la conservation ?
  • 25 Baldwin, 2002.

7La présence d’enquêtes au sein d’un cartulaire n’est pas en soi un fait extraordinaire mais, pour la Normandie du XIIe siècle, il n’y a pas d’autre exemple connu de ce genre24. John Baldwin, dans l’introduction à l’édition du Livre de terres de Pierre du Thillay, mène une réflexion très riche sur le titre adéquat à donner à son ouvrage et, s’interrogeant sur le contexte normand de mise par écrit d’enquêtes, émet l’hypothèse que la Trinité inaugure ce genre pour la Normandie – d’après les sources qui nous sont parvenues, bien entendu25.

  • 26 Le don de ces manoirs est résumé dans la pancarte de 1082 (fol. 17), Musset, 1967, nº 9, (...)

8Le dernier intérêt majeur de ce cartulaire tient dans la description qu’il offre de réalités anglaises et normandes, continuellement mises en parallèle dans le manuscrit. Dès 1066, l’abbaye a en effet reçu des mains de ses fondateurs de riches manoirs en Angleterre26, qu’elle conserve, bien après 1204, jusque tard dans le XIVe siècle, alors que la Guerre de Cent Ans battait son plein. De ce point de vue également, il s’agit d’un document sans équivalent en Normandie. Du côté de l’historiographie anglaise, les enquêtes contenues dans le cartulaire se rattachent au groupe des rares et célèbres enquêtes préservées pour le XIIe siècle (celles de Glastonbury, Burton, Shaftesbury, par exemple). Celles de la Trinité de Caen revêtent en outre un intérêt notable au sein de cet ensemble documentaire restreint : un aspect évolutif (elles sont réalisées à deux dates successives, ce qui évite l’écueil de l’image statique fournie en général par ce type de source). Ainsi, même pour des historiens anglais plus familiers de ces archives, les enquêtes de la Sainte-Trinité paraissent exceptionnelles.

Une longue liste de prétendants à l’édition

  • 27 Bloch, 1967.
  • 28 Logique illustrée par son imposant Cartulaire de la Basse-Normandie, aujourd’hu (...)
  • 29 Davis, 1913 ; Round, 1899.
  • 30 Birdsall, 1929.
  • 31 Haskins, 1918, p. 63-64 (fol. 39 du cartulaire).
  • 32 On conserve aujourd’hui encore ses notes préparatoires à la Bibliothèque nationale, BnF (...)
  • 33 Ses notes furent détruites en 1944 ; Musset, 1967, p. 23.
  • 34 Chibnall, 1982.
  • 35 Walmsley, 1994.

9Malgré cet intérêt connu et reconnu, l’édition du cartulaire est relativement récente. Le constat apparaît d’autant plus étonnant que ce document constitue un « cas d’école » presque inespéré pour l’application concrète des théories comparatistes de Marc Bloch, développées notamment dans son cours intitulé « Seigneurie française et manoir anglais »27. Dès le XIXe siècle, Amédée-Louis Léchaudé d’Anisy avait bien perçu l’intérêt des archives de la Trinité dans cette perspective comparatiste28 (avec l’optique de revendre aux Anglais soit des transcriptions, soit les documents eux-mêmes). C’est par l’intermédiaire de cet érudit qu’ont été transmis un certain nombre de documents ayant servi aux éditions anglaises (celles de Round et de Davis par exemple)29. Concernant le cartulaire de la Bibliothèque nationale à proprement parler, seules des éditions partielles existaient jusqu’en 1994. Les érudits normands ont fourni à leurs correspondants des copies, qui ont permis la connaissance de certaines des pancartes en Angleterre. Lucien Musset déplore en 1967 le manque de rigueur de ces éditions, partielles, incomplètes et parfois erronées. Pour y remédier, à la suite de son édition des pancartes, il projetait en 1968 une édition des enquêtes du cartulaire, dont seule la partie anglaise avait été jusque-là exploitée, par Jean Birdsall, élève de Charles Homer Haskins30. Ce dernier avait, quant à lui, publié un document devenu dès lors célèbre31, emblématique des spoliations subies par les abbayes normandes lors du conflit opposant Robert Courteheuse et Henri Ier. L’édition du cartulaire dans son intégralité avait été préparée dès le XIXe siècle par Léopold Delisle, qui y travailla de 1846 à 185032. René-Norbert Sauvage reprit le projet d’édition sans le mener à bien33. C’est finalement une collection anglaise, les Records of Social and Economic History de la British Academy, qui publie en 1982 le premier tome d’édition du cartulaire, fruit du travail de Marjorie Chibnall34. Lucien Musset devait être l’auteur du second volume, mais il n’a pu mener ce projet à son terme. C’est à John Walmsley, chercheur australien, que l’on doit le second volume, qui achève douze ans plus tard la publication intégrale du cartulaire35.

  • 36 Ces trois volumes couvrent presque l’intégralité du cartulaire, à l’exception de la chart (...)
  • 37 Bates, 1998a (nº 58-65 pour la Trinité).
  • 38 Fauroux, 1961.
  • 39 Guyotjeannin et al., 1993.
  • 40 On sent néanmoins un regret chez John Walmsley. Ce dernier suit en général plus (...)
  • 41 Voir en annexe le sommaire du manuscrit avec le renvoi aux différentes éditions.

10Le projet d’édition a donc abouti à la publication de deux volumes distincts (trois en fait avec le volume de Lucien Musset36). L’édition de Lucien Musset – complétée par la nouvelle édition des Regesta par David Bates37 –, comme celle de Marie Fauroux38, s’est attachée aux chartes et pancartes ducales, suivant une logique de comparatisme entre les abbayes de Saint-Étienne et de la Trinité. Le projet d’édition anglaise suit, quant à lui, un strict critère géographique par pays (logique pourtant anachronique pour l’époque de rédaction du cartulaire) : Marjorie Chibnall a édité les textes concernant l’Angleterre (enquêtes et chartes dans des sections distinctes) – et a ajouté des enquêtes postérieures sur les possessions anglaises, conservées sous la forme de rôles, à Kew majoritairement. Sur le même modèle, John Walmsley a édité les documents portant sur la Normandie. Or, comme on l’a vu, ces différents éléments sont étroitement entremêlés dans le cartulaire original. Ce projet d’édition n’est donc pas sans soulever un certain nombre de problèmes : malgré des introductions et un texte d’une érudition absolue, nous ne sommes pas très loin des principes d’édition du XIXe siècle. Le second tome a été publié en 1994, donc quelques années après la table ronde de l’École des Chartes sur les cartulaires39, mais il suit, inévitablement, la même logique en miroir du premier tome40. Ces publications, bien entendu essentielles, nécessitent allers et retours constants vers le manuscrit pour retrouver la structuration de ce dernier, que l’édition a entièrement fait perdre41.

Retour au manuscrit

11Il s’agit d’un petit volume in-octavo, constitué à l’origine de onze cahiers de huit folios, soit quatre-vingt-huit folios. Un douzième cahier, aujourd’hui en mauvais état, rédigé par plusieurs mains au XIIIe siècle, a été ajouté par la suite (fol. 89-95v). La reliure a été refaite au XIXe siècle. La partie initiale du cartulaire (fol. 1-87) est écrite d’une seule main vers la fin du XIIe siècle – datation cohérente avec les actes contenus dans le cartulaire –, en grosse libraria à la régularité extrême, remplissant uniformément vingt-deux à vingt-trois lignes par page.

Une homogénéité marquante

  • 42 Cette unité n’est pas aussi marquante dans le cas du cartulaire de Saint-Étienne. La (...)

12La remarquable unité du cartulaire contraste fortement avec la dispersion extrême de la documentation de l’abbaye, et des éditions existantes42. L’absence de réagencement postérieur des cahiers, l’extrême rareté des ratures et ajouts contemporains, et l’enchaînement intégral du texte orientent vers un projet cohérent et d’emblée bien réfléchi, sur lequel il faut s’interroger.

13Cette unité apparaît encore plus délibérée si l’on tente de se représenter la distance entre les éléments décrits : le temporel de l’abbaye s’étend dès le XIe siècle de la plaine de Caen jusqu’au Norfolk, à plus de 400 km au nord, avec la Manche à traverser. Toutefois, dans le cartulaire, les différents éléments du patrimoine s’enchaînent, y compris parfois sans saut de ligne, ou avec un début à la dernière ligne du feuillet précédent. Il faut par exemple s’aider des titres pour savoir que de felstedo ouvre – pour qui connaît la localisation de Felsted – la première série d’enquêtes concernant les manoirs anglais (fol. 26). Plus loin dans le texte (fol. 60v), une fois encore, seuls les noms des seigneuries permettent de saisir que nous sommes passés de Pinbury, dans le Gloucestershire, à Carpiquet, en Normandie, à plus de 350 km de distance.

Une fonctionnalité pratique

14Face au problème de gestion soulevé par un tel temporel, l’idée d’une fonctionnalité pratique du cartulaire est l’évidence. De fait, la caractéristique principale de ce cartulaire est la surabondance des enquêtes : il faudrait adjoindre aux deux séries d’enquêtes précédemment citées et identifiables aisément, les documents d’ordre économique des folios 23v-26 (liste de rentes à Ouistreham, memorandum sur les terres du bailli de Villons-les-Buissons), le document concernant la ferme de Jersey (fol. 32v-33), l’enquête sur Ouistreham du folio 38, ainsi que le groupe d’enquêtes portant sur les destructions subies par le temporel de l’abbaye des folios 38v-41 (notes sur les déprédations de Simon de Felsted en Angleterre, compte rendu des spoliations des grands en Normandie après la mort de Guillaume, note sur la destruction des bois dans les possessions anglaises sous le règne d’Étienne).

  • 43 Le cartulaire de Saint-Étienne comporte certes quelques éléments de liste ( (...)

15D’autres documents rejoignent la logique de la liste : la répartition des biens entre les différents services de l’abbaye (fol. 18v-20), la liste des ornements de l’église et des reliques (fol. 25v-26), la notice des dons des premières religieuses (fol. 29v-31) et la liste des achats de la reine Mathilde (fol. 34v-36v). Cette « manie » des enquêtes semble spécifique à la Trinité43. Elles interviennent souvent dans un contexte de menace à l’encontre du patrimoine : c’est très nettement le cas avec les spoliations mentionnées dans les folios 38v-41, mais également avec le memorandum sur les terres du bailli Raoul (fol. 25), par exemple. De plus, les dates successives de réalisation des enquêtes les plus détaillées – celles portant en parallèle sur le temporel anglais et normand – montrent la volonté de gérer au plus près, de façon évolutive, la situation sur le terrain et de remédier aux troubles décrits. La part prise par la description du temporel est écrasante : plus de la moitié du document est ainsi occupée par les enquêtes, qui se situent au cœur du projet de rédaction, hypothèse confirmée par le petit format choisi, aisément maniable et transportable. Les rubriques et l’usage des couleurs (limité au rouge et au vert, mais selon un usage régulier soulignant le même type d’élément du texte – les rubriques et les signa, notamment) servent sans aucun doute de repère pour faciliter une lecture rapide. Cette visée pratique s’est poursuivie dans le temps, au moins durant le siècle suivant, comme l’indique la présence d’annotations marginales de différentes mains du XIIIe siècle, époque où le cartulaire n’était donc pas considéré comme périmé. Ce cartulaire devait évidemment permettre une gestion plus efficace du temporel anglo-normand de l’abbaye.

La logique de composition

  • 44 Il faudrait également émettre l’hypothèse de l’existence d’archives au niveau local (su (...)
  • 45 Ce qui fait pâle figure à côté de Saint-Étienne, dont le fonds comporte encore neuf (...)
  • 46 Arch. dép. Calvados, 2H2 et 2H27. La charte de Robert de Calix à Damette a également ét (...)

16Déterminer plus avant la logique qui a présidé au choix des documents au sein de la bibliothèque de gestion de l’abbaye pose problème44. Dans le cas du cartulaire de la Trinité, seuls deux documents ont été préservés en original dans le fonds de l’abbaye45 : la charte de Fromund, abbé de Tewkesbury, des années 1163-78, et la charte de Robert de Calix à Damette, des années 1152-1178, qui sont parmi les actes les plus anciens du chartrier46. En ce qui concerne les chartes des fondateurs, toutes ont disparu aujourd’hui des fonds publics d’archives. Le cartulaire remplit maintenant l’une des fonctions essentielles soulignées par Henri Stein, la préservation des titres originaux, les plus prestigieux – et par conséquent les plus susceptibles de disparaître –, indispensables à la (sur)vie de toute grande abbaye.

Une fonction de prestige ?

  • 47 Musset, 967, nº 8 (II).
  • 48 Cette incohérence causera d’ailleurs des soucis à l’abbaye en termes de justification d (...)
  • 49 Musset, 1967, nº 8, nº 27 ; Bates, 1998a, nº 59.
  • 50 Le « comble de l’inconséquence » est néanmoins réellement atteint avec un autre (...)
  • 51 On trouve un cas similaire pour l’abbaye du Bec en 1077 ; Gazeau, 1985. Nombre de panca (...)
  • 52 Il semble manquer néanmoins à cette fonction de prestige les bulles pontifi (...)

17Le cartulaire devait de fait remplir cette fonction de prestige, malgré l’absence d’illustration brillante et le petit format employé. Le début du cartulaire est très intéressant de ce point de vue. Un problème se pose face au choix paradoxal opéré quant à la version et l’ordre des premières pancartes au sein du cartulaire. La pancarte placée en en-tête47 est contradictoire dans les dates, ce que n’a pas manqué de relever Lucien Musset : elle se contredit entre le début et la fin de l’acte (1080, puis 1082)48. Deux autres pancartes existaient dans le fonds de l’abbaye, cohérentes, elles, en termes de date : la version nº 8 brève (1082), ou la version nº 27 (1109) de l’édition de Lucien Musset49. Le choix de la pancarte la plus contradictoire semble surprenant pour un document dont les premiers mots ouvrent le cartulaire, en l’absence de préambule. Deux inconvénients peuvent être trouvés aux autres versions : celle de 1082 n’est pas assez globale, celle de 1109 est trop tardive et sans clauses finales (or la précocité et la présence des signa des grands sont des éléments de prestige recherchés en en-tête). Finalement, on a préféré – « comble de l’inconséquence » pour Lucien Musset – la fusion maladroite de deux pancartes, rassemblant à elles deux tous les éléments recherchés : précocité, signa des grands et confirmation la plus large possible du temporel normand50. La seconde place dans le cartulaire revient à la pancarte de 1066, sans conteste la plus prestigieuse (réalisée lors de la dédicace de l’abbaye, en présence de tous les grands51, juste avant le départ pour Hastings, cérémonie durant laquelle Cécile, la fille de Guillaume et Mathilde, fut offerte comme oblate). Il s’agit bien du document le plus prestigieux en termes de réseau social et de proximité avec le pouvoir royal, mais l’ampleur des possessions mentionnées est moindre que dans le premier document. Ces deux pancartes initiales, dont l’esprit se prolonge dans toute la première partie du cartulaire, suivent bien la logique du « document-monument », de la fonction de prestige et de la valeur mémorielle attribuée au cartulaire, conservatoire de la memoria de l’institution (et de ses fondateurs, extrêmement présents dans ce cartulaire)52.

  • 53 CartulR - Répertoire…, page d’introduction à la typologie des cartulaires ; Milagros C (...)
  • 54 Ibid., p. 251.
  • 55 Le terme n’est ici pas péjoratif, mais renvoie à la proximité de ce cartula (...)
  • 56 Sur la question des mécanismes d’élaboration des pancartes : Musset, 1967, p. 26 ; Pari (...)
  • 57 Musset, 1967, p. 35.

18En l’absence de préambule, la logique d’ensemble du cartulaire ne se retrouverait-elle donc pas dans ces pancartes initiales ? On pourrait de fait voir le cartulaire comme une pancarte étendue, suivant la même logique, c’est-à-dire un arbitrage pour combiner d’une part l’ampleur du temporel (efficacité gestionnaire), et, d’autre part, le prestige (proximité avec le pouvoir royal), avec l’objectif de « fondre » ces préoccupations en un document d’apparence cohérente. Cet effort de synthèse que l’on trouve dans l’ensemble du cartulaire suit de fait la logique mise en œuvre dans les pancartes. Ces dernières sont considérées tantôt comme des « faux frères » du cartulaire, tantôt comme des pré-cartulaires53 ; il y aurait chronologiquement d’abord le cartulaire du IXe siècle, puis les pancartes ou pré-cartulaires (tels ceux de Saint-Martin de Tours) et enfin le cartulaire « classique » du XIIe-XIIIe siècle. La rédaction de la pancarte (ou charte globale) se justifie par l’émiettement des biens à gérer54, suivant la logique qui semble présider à l’ensemble de la rédaction du cartulaire de la Trinité. L’aspect « primitif »55 de l’écriture du cartulaire de l’Abbaye-aux-Dames renforce ce rapprochement entre cartulaire et pancarte. Comme le montre Lucien Musset, les pancartes sont des tentatives de fusion d’éléments multiples56 ; il en est de même pour l’ensemble de ce cartulaire, le but étant de connaître globalement, d’un seul coup d’œil – ou presque – l’étendue des droits des moniales. Le cartulaire tout entier suit ainsi le même esprit que la pancarte, « document sincère qui fixe le moment d’une évolution fluide »57.

  • 58 Bates, 1998b, p. 101.

19Ce rapprochement de logique entre contenant et contenu semble particulièrement valide dans le cas du cartulaire de la Trinité. Comme le souligne David Bates, pour la plupart des abbayes normandes à cette époque, une pancarte ou une charte de confirmation suffisait pour établir une sorte de registre des possessions, ce qui peut expliquer l’absence de réalisation de cartulaire. Les deux exceptions à cette logique se trouvent dans les archives des abbayes de la Trinité du Mont et de Fécamp, pour lesquelles on conserve les cartulaires les plus précoces de la province (fin du XIe siècle). David Bates remarque à leur sujet : « Notre connaissance de ces deux premiers cartulaires souligne le rapport qui existait en Normandie entre les pancartes ou chartes de confirmation et le cartulaire »58. Ce lien semble bien se confirmer dans le cas de l’Abbaye-aux-Dames.

  • 59 Musset, 1967, p. 28, p. 34. Mais subsiste la question du moment où, dans le droit médi (...)

20La recherche d’unité du manuscrit, remarquablement atteinte dans le cas de la Trinité, est à mettre en relation avec le souci des scribes normands d’un éventuel usage des documents en justice. Comme le souligne Lucien Musset, pour cette raison, la cohérence de l’écriture d’une pancarte prévaut absolument sur sa cohérence chronologique59. L’hypothèse du rapprochement entre la logique des pancartes et celle du cartulaire dans son ensemble s’avère nettement plus convaincante dans le cas du cartulaire de la Trinité que dans celui de Saint-Étienne, et ce grâce au resserrement chronologique de réalisation du premier, et à l’unité qui en découle. Ce manuscrit, qui recouvre l’ensemble du temporel de l’abbaye, dont il rappelle sans cesse l’origine prestigieuse, témoigne d’une volonté de se prémunir contre les spoliations et, enfin, de maîtriser le réel.

Le cartulaire : reflet de la perception mentale unifiée d’un temporel éclaté

  • 60 Suivant les analyses de Goody, 1979 ; Morsel, 2006.
  • 61 Suger, 1996, p. 54-57. David Bates souligne également la qualité des archives de gestion (...)

21Le cartulaire de la Trinité témoigne de fait de la maîtrise de techniques particulières de l’écrit : il existe bien une manière graphique de raisonner, particulièrement au Moyen Âge où la matérialité visible du document est cruciale60 et où ces techniques, loin d’être strictement symboliques, constituent des outils intellectuels essentiels à la maîtrise du réel et à l’action économique. Suger, abbé de Saint-Denis, notait en 1144-1145 dans ses Gesta Suggerii abbatis les liens qui unissaient travail d’écriture et restauration du temporel de Saint-Denis61.

  • 62 Il pourrait s’agir de la septième abbesse. Voir la liste des abbesses dressée par Marjori (...)
  • 63 Il s’agit du texte qui a frappé Charles Homer Haskins, fol. 39v-40v.

22Peut-on alors trouver, dans le cas de la Trinité, un autre Suger – son pendant féminin ? Il y a sans conteste une forte personnalité derrière ce projet construit et réfléchi de rédaction du cartulaire, mais aucune indication directe ne nous est parvenue. Une abbesse, sans aucun doute, mais laquelle ? Sous quel abbatiat sommes-nous à la fin du XIIe ou au début XIIIe siècle ? Il s’agit certainement d’une Jeanne, mais laquelle ? L’idée d’un changement d’abbatiat et d’une volonté de reprise en main du temporel à cette occasion est envisageable, mais un flou certain sur la chronologie de la succession des abbesses durant cette période empêche de tirer des conclusions62. C’est en tout cas manifestement une abbesse – des abbesses ? – particulièrement active(s), n’hésitant pas, pour restaurer leur temporel, à citer nommément les grands qui ont spolié les terres de l’abbaye63, ce qui ne remplit pas exactement les fonctions positives traditionnelles de la memoria recherchée par ces grands. La memoria du temporel telle que l’ont établie les fondateurs prime nettement dans ce cartulaire sur la memoria des grands.

  • 64 Higounet, 1989 ; Devroey, 2007 ; Gautier-Dalché, 1990.
  • 65 Devroey, 1993a et 1993b, p. 441 et p. 93.
  • 66 Raftis, 1961.
  • 67 Sur l’aspect identitaire des cartulaires, voir notamment Geary, 1996, p. 25.

23Ainsi, de même que les fusions maladroites des pancartes ne doivent pas être perçues comme absurdes, de même cette volonté de synthèse, pour fixer à un moment donné l’image idéale du patrimoine dans le cartulaire, ne signifie certainement pas que les problèmes de gestion d’un tel patrimoine étaient gommés, ni que la perception géographique du rédacteur laissait à désirer64. Ce temporel était alors perçu dans l’esprit des moniales comme un espace économique unifié, à l’image des vastes temporels décrits dans les polyptyques carolingiens, et ce malgré la présence de la Manche. À l’instar des polyptyques, l’écriture du cartulaire évoque l’ordre, l’homogénéité, voire l’immobilisme. Mais, comme le précise Jean-Pierre Devroey, qui a réexaminé la « perfection glacée » qui émane des polyptyques, « il n’y a […] pas […] “illusion d’immobilité”, pour reprendre Georges Duby, mais intention d’immobilité »65. Comme le remarque James Ambrose Raftis, le monastère se doit avant tout d’être un microcosme d’ordre et de stabilité dans un monde de chaos66. Dans ce cartulaire, le but essentiel semble bien être la préservation de l’intégrité du temporel tel que l’a reçu l’abbaye des mains des fondateurs et donc, en parallèle, la sauvegarde de l’identité même de l’abbaye67.

Épilogue : entre Normandie et Angleterre…

  • 68 Par exemple, dans le cas de l’enquête de Ouistreham du fol. 38, non datée, mais probablem (...)
  • 69 Bates, 1998b, p. 105.
  • 70 Bates, 1985, p. 4-5.
  • 71 Bates, 1998b, p. 109 ; Potts, 1992.

24S’il y a proximité avec le pouvoir politique dans le cartulaire de la Trinité, c’est bien directement au plus haut niveau, avec les ducs-rois. Il faut ici souligner la particularité du cas normand, marqué par la puissance de son duc, et les liens étroits entretenus avec les abbayes de la province, liens qui se traduisent directement dans les pancartes des grandes abbayes normandes. Les pratiques de mise par écrit développées dans l’abbaye dénotent cette proximité avec le pouvoir ducal68, puis royal, et l’importance accordée à l’écrit comme mode de gestion. Le cartulaire se rattache de ce point de vue au contexte anglais, avec le développement précoce des usages de l’écrit dans un but pratique. Il faut ajouter le lien spécifique que l’on peut tisser en Normandie entre les pancartes comme outil de gestion du temporel et le Domesday Book, produit dans le même univers anglo-normand : comme le souligne David Bates, il est significatif de voir le nombre de pancartes confirmées par Guillaume dans les années 1070-1080, qui constituent une sorte de confirmation générale des possessions des abbayes normandes, selon une chronologie et une logique que l’on ne peut manquer de rattacher à celles du Domesday Book69. David Bates remarque que ces pancartes normandes réalisent la symbiose entre les traditions diplomatiques de la Normandie et de l’Angleterre, celle des pancartes (et du monde carolingien) d’une part, et celle du Domesday Book, d’autre part. De fait, de façon significative, dès le XIe siècle, le Domesday Book est qualifié de descriptio ou de carta70. En Normandie, la tradition des pancartes se poursuit jusqu’aux années 1130 et fait la transition « entre l’époque où les chartes normandes sont restées plus fidèles aux formes carolingiennes, et l’arrivée du bref en Angleterre sous Henri Ier »71. Le cartulaire de la Trinité, par sa forme et son approche spécifique, apparaît ainsi à la fois imprégné de traditions carolingiennes et d’influences anglo-normandes. Quelques autres exemples de cartulaires contemporains anglais, contenant également des extraits d’enquêtes liées explicitement au Domesday Book nous sont parvenus : par exemple, les cartulaires d’Ely, d’Abingdon, de Bath ou d’Evesham.

  • 72 Letouzey, 2009.
  • 73 Menant, 2006, p. 41.

25L’analyse des enquêtes du cartulaire de la Trinité montre précisément que l’abbaye a suivi les pratiques gestionnaires d’outre-Manche – largement en avance sur celles du continent –, et a fait notamment le choix, malgré la distance, du retour à une gestion directe dans l’ensemble de ses seigneuries72. Dans le contexte spécifiquement anglais du XIIe siècle, le lien entre développement de l’écrit pratique et retour au faire-valoir direct des seigneuries, alors les mieux gérées d’Occident, a été depuis longtemps souligné. La mise par écrit des enquêtes, et leur insertion dans ce cartulaire devait ainsi à la fois aider l’abbaye de façon pratique pour la gestion de ses possessions et participer à l’affirmation du pouvoir de l’abbesse grâce à la présence physique d’enquêteurs sur le terrain, rappelant le contrôle ferme exercé par ce seigneur lointain. Cette efficacité gestionnaire rappelle tout à fait le « grand projet de rationalisation clunisien »73 et la forte centralisation de son système. Fait intéressant, se trouve derrière ce projet Henri de Blois, ami de Pierre le Vénérable, frère du roi d’Angleterre, trésorier du royaume, représentant des milieux gestionnaires les plus éclairés de l’Europe du XIIe siècle et, aussi, neveu de Cécile, seconde abbesse de l’Abbaye-aux-Dames.

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Annexe

Sources manuscrites

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  • BnF ms lat. 5650.
  • BnF nouv. acq. fr. 21 831 (notes préparatoires de Léopold Delisle).
  • John Rylands Library, Manchester, BMC/62 (bulle de 1278 en faveur de La Trinité).
  • NA : P.R.O 31/8/140B « Cartulaire de Basse-Normandie » par Léchaudé d’Anisy, 3 vol.

Sommaire du cartulaire BnF ms. lat. 5650

  • fol. 1-8v : pancarte de Guillaume et Mathilde, 1081-2 (Musset, 1967, nº 8, nº 27 ; Bates, 1998a, nº 59)
  • fol. 9-3v : grande pancarte de Guillaume et Mathilde, 18 juin 1066 (Fauroux, 1961,nº 231 ; Musset, 1967, nº 2)
  • fol. 13v-15 : notice d’un accord conclu en 1183 au sujet de Villons-les-Buissons (Walmsley, 1994, doc. 1, p. 113)
  • fol. 15-16v : accord avec Saint-Étienne, 1083 (Musset, 1967, nº 17 ; Bates, 1998a, nº 64)
  • fol. 17 : charte de Guillaume et Mathilde, 1082 (Musset, 1967, nº 9 ; Bates, 1998a, nº 60)
  • fol. 17v-18v : charte de la comtesse Adèle de Boulogne, 1075 (Musset, 1967, nº 21 ; Bates, 1998a, nº 58)
  • fol. 18v-20 : De institutione ecclesie, pancarte inachevée de Guillaume et Mathilde établissant la répartition de chaque élément du patrimoine foncier pour les différents services de l’abbaye (Musset, 1967, nº 12 ; Bates, 1998a, nº 62)
  • fol. 20-23v : première série d’enquêtes, Normandie, début du XIIe siècle (Walmsley, 1994, p. 53-60)
  • fol. 23v-24 : liste de rentes, Ouistreham, s.d. (Walmsley, 1994, doc. 2, p. 113)
  • fol. 23v : droits concernant Ouistreham, 1230 (Walmsley, 1994, doc. 3, p. 115)
  • fol. 24-25 : achats divers, 1083-4 (Walmsley, 1994, doc. 4, p. 116)
  • fol. 25 : memorandum sur les terres de Radulfus, pretor de Villons-les-Buisson, s.d. (Walmsley, 1994, doc. 5, p. 117)
  • fol. 25v-26 : De ornementis ecclesie (Musset, 1967, nº 16 ; Bates, 1998a, nº 63)
  • fol. 25v-26 : De reliquiis ecclesie (Musset, 1967, nº 29)
  • fol. 26-29v : première série d’enquêtes, Angleterre, début du XIIe siècle (Chibnall, 1982, p. 33-38)
  • fol. 29v-31r : notice des dons des premières religieuses (Musset, 1967, nº 22)
  • fol. 31-32v : chartes de particuliers conférant des terres à l’abbaye, fin XIe-début XIIe siècle (Walmsley, 1994, doc. 6-9, p. 118-121)
  • fol. 32v-33 : ferme des propriétés de l’abbaye à Jersey, 1066-1113 (Walmsley, 1994, doc. 10, p. 121)
  • fol. 33 : donation d’une terre et d’une maison à Coleville, fin XIe-début XIIe siècle (Walmsley, 1994, doc. 11, p. 122)
  • fol. 33-34 : notice de l’abbesse Dametta rappelant que Robert de Calix a constitué l’abbaye héritière de ses propriétés à Calix, vers 1152-1178 (Walmsley, 1994, doc. 12, p. 122)
  • fol. 34 : charte de Robert Courteheuse, vers 1087-94 (Walmsley, 1994, doc. 13, p. 123)
  • fol. 34v-36v : pancarte inachevée de Guillaume et Mathilde, 1066-1083 (Musset, 1967, nº 11 ; Bates, 1998a, nº 61)
  • fol. 36v-37 : charte de Fromund, abbé de Tewkesbury, 1163-78 (Chibnall, 1982, nº 3)
  • fol. 37-38 : charte d’Henri Ier confirmant les possessions anglaises, 1106-35 (Calendar of Charter Rolls…, v, 158)
  • fol. 38 : enquête pour Ouistreham, s.d. (Walmsley, 1994, doc. 14, p. 124)
  • fol. 38v-39 : note sur les déprédations de Simon de Felsted, avant 1175 (Chibnall, 1982, p. 39-40)
  • fol. 39v-40v : compte rendu des spoliations subies par l’abbaye après la mort de Guillaume, 1087-1100 (Walmsley, 1994, doc. 15, p. 125-128)
  • fol. 40v-41 : note sur la destruction des bois dans les possessions anglaises, règne d’Étienne (une seconde version de cette note se trouve à l’intérieur des enquêtes anglaises, fol. 52-3)
  • fol. 41-60v : deuxième et troisième séries d’enquêtes, Angleterre, fin du XIIe siècle (Chibnall, 1982, p. 40-74)
  • fol. 60v-87 : seconde série d’enquêtes, Normandie, fin du XIIe siècle (Walmsley, 1994, p. 61-109)
  • fol. 87 : notice rappelant que l’abbaye a prouvé en justice son droit sur une maison à Caen, 1183 (Walmsley, 1994, doc. 16, p. 128)
  • fol. 87 : don d’une maison par Robert de Calix, fin du XIIe siècle (Walmsley, 1994, doc. 17, p. 129)
  • fol. 87v : dispute concernant l’église de Carpiquet, 1185 (Walmsley, 1994, doc. 18, p. 129)
  • fol. 88 : chartes concernant une tenure et des moulins à Caen, XIIe siècle (Walmsley, 1994, doc. 19-21, p. 131-132)
  • fol. 88v : jugement concernant Caen, 1217 (Walmsley, 1994, doc. 22 p. 132)
  • fol. 88v-95v : ajouts postérieurs, concernant essentiellement des jugements (XIIIe-XIVe siècles)
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Notes

1 Soit environ dix ans plus tôt que Saint-Étienne. Dans le cas de l’abbaye de la Trinité, la date de la fondation reste hypothétique seule celle de la dédicace est assurée, car elle donna lieu à l’une des grandes pancartes confirmatives de l’abbaye ; Musset, 1967, p. 14 ; Id. 1984, p. 191-210.

2 Id., 1967, p. 19.

3 La Trinité a été de ce point de vue davantage dépouillée que Saint-Étienne. Au moins quatre originaux de la fin du XIe siècle existaient encore au XIXe siècle dans le fonds de l’abbaye. Selon les indications de Lucien Musset, des collections privées conservent encore aujourd’hui l’original du nº 17A, et des copies du XIIe siècle des nº 2 et nº 8 (II). Au XIXe siècle, le nº 27 existait encore, puisque l’abbé De La Rue en exécuta une copie figurée ; Musset, 1967, p. 23.

4 Les chartes de l’abbé de Tewkesbury et de Robert de Calix à l’abbesse Damette sont les seules copiées dans le cartulaire et préservées en original ; Arch. dép. Calvados, 2H7 et 2H27. L’ensemble des chartes du XIe siècle conservées pour la Trinité proviennent du cartulaire. Pour le XIIe siècle, près de la moitié des chartes transmises sont issues de copies opérées dans le cartulaire (19 chartes sur 41 préservées).

5 Contrairement à la Trinité, pour le cartulaire de Saint-Étienne, Lucien Musset a eu accès à certains des originaux ayant servi à le rédiger.

6 Musset, 1967, p. 22.

7 Datation proposée par Musset, 1967, p. 23 ; cette datation était déjà émise par Léopold Delisle dans ses notes préparatoires, BnF nouv. acq. fr. 21 831 ; elle est confirmée par Marjorie Chibnall et John Walmsley (Chibnall, 1982, p. xxii et Walmsley, 1994, p. 2).

8 Rappelé dans l’introduction de Léchaudé d’Anisy à son Cartulaire de Basse-Normandie, NA P.R.O.31/8/140B, i, p. 4 (décret du 7 messidor An II). Mais peu de temps après, un rapport de l’an VII (1792) insiste sur la nécessité de conserver les cartulaires ; Stein, 1907, p. IX. Les deux préconisations apparaissent contradictoires dans le cas du cartulaire de la Trinité. Mais aucune des deux n’a été suivie d’effet à Caen.

9 Avec une erreur d’interprétation ; Musset, 1967, p. 95, note 2.

10 Delisle, 1851.

11 Stein, 1907, p. 100. Stein mentionne deux cartulaires pour la Trinité : celui-ci et le 2H4 (nº 710). La base CartulR d’Ædilis a repris les mentions de Stein ; CartulR - Répertoire… [en ligne].

12 Carabie, 1943.

13 Postan, 1937, p. 183.

14 Il faut également citer Jean Birdsall, élève de Charles H. Haskins, qui a étudié les surveys anglais ; Birdsall, 1929.

15 Poole, 1951, p. 45 ; Duby, 1962, II, p. 434.

16 Postan a fait, dans le cas de la Trinité, une interprétation un peu hâtive ; le « cas d’école » de la Trinité est donc en réalité erroné : Chibnall, 1982, p. xlix, note 5 ; Letouzey, 2009.

17 Lucien Musset s’en étonnait déjà en 1967 : « En dépit de la célébrité des abbayes caennaises, leurs archives offrent encore à l’érudition normande un champ de travail presque vierge et très prometteur », Musset, 1967, p. 48.

18 On exclut les quelques feuillets d’ajouts postérieurs à la fin du cartulaire (fol. 89-95v).

19 Six folios pour les enquêtes du début du XIIe siècle (fol. 20-23v pour la Normandie, fol. 26-29v pour l’Angleterre, soit trois folios par enquête). Les enquêtes de la fin du XIIe siècle occupent, quant à elles, quarante-six folios (fol. 41-87, avec dans le détail dix-neuf folios pour l’enquête anglaise et vingt-sept pour la normande).

20 Et Henri Stein de préciser : « Dans le présent travail, tous ces divers recueils ont été laissés de côté ; on n’y trouvera que les véritables cartulaires ou recueils d’actes relatifs à un même établissement, à une même localité, quelle qu’en soit l’origine, quelle qu’en soit la date », Stein, 1907, p. VII-VIII. Pourtant, sous le nº 709, le cartulaire de la Trinité apparaît bien sous la dénomination « cartulaire ».

21 Chibnall, 1982, p. xxii.

22 CartulR - Répertoire… [En ligne] http://www.cn-telma.fr/cartulR/entite4417/ ; Milagros Carcel Orti et Bautier, 1997, p. 74-81.

23 Musset, 1967, p. 23.

24 S’agit-il des hasards de la conservation ?

25 Baldwin, 2002.

26 Le don de ces manoirs est résumé dans la pancarte de 1082 (fol. 17), Musset, 1967, nº 9, p. 90-91 ; Bates, 1998, nº 60, p. 287-288. Les quatre manoirs principaux, cités dans cette pancarte, sont Felsted (Essex), Minchinhampton et Pinbury (Gloucestershire), Tarrant (Dorset). Il faut ajouter pour compléter la liste des possessions de l’abbaye en Angleterre : Avening (Gloucestershire), Tilshead (Wiltshire) et Horstead (Norfolk).

27 Bloch, 1967.

28 Logique illustrée par son imposant Cartulaire de la Basse-Normandie, aujourd’hui aux National Archives, à Kew ; Arch. Nat. P.R.O. 31/8/140B.

29 Davis, 1913 ; Round, 1899.

30 Birdsall, 1929.

31 Haskins, 1918, p. 63-64 (fol. 39 du cartulaire).

32 On conserve aujourd’hui encore ses notes préparatoires à la Bibliothèque nationale, BnF nouv. acq. fr. 21 831.

33 Ses notes furent détruites en 1944 ; Musset, 1967, p. 23.

34 Chibnall, 1982.

35 Walmsley, 1994.

36 Ces trois volumes couvrent presque l’intégralité du cartulaire, à l’exception de la charte de confirmation d’Henri Ier (fol. 37-38v), publiée dans les Calendar of Charter Rolls…, v, 158. Les ajouts du XIIIe siècle des feuillets de fin, très abîmés, sont inédits.

37 Bates, 1998a (nº 58-65 pour la Trinité).

38 Fauroux, 1961.

39 Guyotjeannin et al., 1993.

40 On sent néanmoins un regret chez John Walmsley. Ce dernier suit en général plus méticuleusement l’ordre du cartulaire, notamment dans la partie "documents annexes" qui achève son édition (cette section regroupe les documents qui ne sont ni des pancartes, ni des enquêtes).

41 Voir en annexe le sommaire du manuscrit avec le renvoi aux différentes éditions.

42 Cette unité n’est pas aussi marquante dans le cas du cartulaire de Saint-Étienne. La partie originelle de ce manuscrit comprend quarante-trois folios, mais dans cette partie initiale aussi, l’homogénéité n’est pas significative, Arch. dép. Calvados, 1J41.

43 Le cartulaire de Saint-Étienne comporte certes quelques éléments de liste (notamment la longue liste d’achats des premiers abbés), mais cet aspect y demeure moins marquant.

44 Il faudrait également émettre l’hypothèse de l’existence d’archives au niveau local (sur les possessions). Des documents étaient par exemple conservés à Quettehou (chef-lieu de canton, arr. Cherbourg-Octeville), et furent transmis aux Archives départementales de la Manche. Mais, dans les manoirs anglais de l’abbaye, cette documentation n’atteignit jamais l’ampleur de celle des prieurés des autres grandes abbayes anglo-normandes, car la Trinité n’avait pas de prieurés en Angleterre, à la différence de Saint-Étienne ou du Bec, par exemple. Jusqu’à la fin du XIIIe siècle, la documentation conservée en Angleterre est presque nulle, signe d’une centralisation administrative très poussée, contrastant avec le cas du Bec, qui possédait des prieurés « réels », au sens conventuel du terme, en Angleterre. Pour le cas du Bec : Morgan, 1946, p. 2. Sur la question de l’expression trompeuse des « alien priories » en Angleterre : Matthew, 1962, p. 51-65 ; Knowles, 1940, p. 124. Sur le cas de la Trinité : Birdsall, 1929 ; Chibnall, 1982, p. xl.

45 Ce qui fait pâle figure à côté de Saint-Étienne, dont le fonds comporte encore neuf pancartes « originales » ; Musset, 1967, nº 1, 3, 5, 6, 7, 10, 18, 19, 28. Pour la Trinité, le seul original qui existe est un acte concernant également Saint-Étienne ; ibid., nº 17 A (aujourd’hui coll. privée).

46 Arch. dép. Calvados, 2H2 et 2H27. La charte de Robert de Calix à Damette a également été copiée dans un cartulaire postérieur ; Arch. dép. Calvados, 2H1, fol. 26 ; Walmsley, 1994, doc. 12.

47 Musset, 967, nº 8 (II).

48 Cette incohérence causera d’ailleurs des soucis à l’abbaye en termes de justification de ses droits lors d’une affaire de la fin du XVIIIe siècle. Sur ces problèmes d’incohérence, voir Bates, 1998a, p. 275-276 ; Fujimoto, 2001.

49 Musset, 1967, nº 8, nº 27 ; Bates, 1998a, nº 59.

50 Le « comble de l’inconséquence » est néanmoins réellement atteint avec un autre document ; Musset, 1967, nº 15. Lucien Musset dresse l’inventaire des maladresses trouvées pour la Trinité ; ibid., p. 35.

51 On trouve un cas similaire pour l’abbaye du Bec en 1077 ; Gazeau, 1985. Nombre de pancartes ont été confirmées par Guillaume dans ces années 1070-1080 ; Bates, 1998b, p. 105.

52 Il semble manquer néanmoins à cette fonction de prestige les bulles pontificales. Se trouvaient-elles dans un autre cartulaire contemporain ? Rien ne permet de l’affirmer, même si un annotateur du XVIIe siècle a inscrit au recto du second feuillet de garde de ce cartulaire la mention « troisième chartrier ». Il reste aujourd’hui dans le fonds de l’abbaye cinq autres cartulaires (Arch. dép. Calvados, cartons 2H1-3 et 2H4-7), tous postérieurs. Sur les quinze bulles conservées dans le fonds de l’abbaye pour les XIIe-XIIIe siècles (Arch. dép. Calvados, 2H25/2 et John Rylands Library, Manchester, BMC/62), seule une, datant de 1184, aurait probablement pu être intégrée au cartulaire (Walmsley, 1994, nº 5 ; Ramackers, 1937, nº 257), mais elle ne fait que confirmer des droits concédés par Guillaume le Conquérant dans une pancarte qui est, quant à elle, recopiée dans le cartulaire (Musset, 1967, nº 8). Dans ce cartulaire, l’accent est manifestement mis sur les fondateurs et l’entourage royal, et très peu sur les grands ecclésiastiques (une seule charte les représente, celle de l’abbé de Tewkesbury, aux fol. 36-37r., charte étroitement liée aux préoccupations administratives de l’abbesse).

53 CartulR - Répertoire…, page d’introduction à la typologie des cartulaires ; Milagros Carcel Orti et Bautier, 1997, nº 50 ; Parisse, 1997.

54 Ibid., p. 251.

55 Le terme n’est ici pas péjoratif, mais renvoie à la proximité de ce cartulaire avec ceux qui ont été produits dans le monde culturel carolingien.

56 Sur la question des mécanismes d’élaboration des pancartes : Musset, 1967, p. 26 ; Parisse, 1997 et 1998 ; Bates, 1998a et Bates, 1998b.

57 Musset, 1967, p. 35.

58 Bates, 1998b, p. 101.

59 Musset, 1967, p. 28, p. 34. Mais subsiste la question du moment où, dans le droit médiéval, les copies dans le cartulaire n’ont plus la même valeur que les chartes originales : est-ce le XIe siècle ? le XIIe siècle ? Y-a-t-il vraiment une spécificité normande de ce point de vue ? CartulR - Répertoire…, 2006.

60 Suivant les analyses de Goody, 1979 ; Morsel, 2006.

61 Suger, 1996, p. 54-57. David Bates souligne également la qualité des archives de gestion des abbayes normandes : « Il me paraît que les moines travaillaient régulièrement pour tenir à jour les documents qui concernent les patrimoines de leurs abbayes et qu’ils utilisaient des archives assez importantes et bien organisées » ; Bates, 1998b, p. 109.

62 Il pourrait s’agir de la septième abbesse. Voir la liste des abbesses dressée par Marjorie Chibnall ; Chibnall, 1982, p. 139-140.

63 Il s’agit du texte qui a frappé Charles Homer Haskins, fol. 39v-40v.

64 Higounet, 1989 ; Devroey, 2007 ; Gautier-Dalché, 1990.

65 Devroey, 1993a et 1993b, p. 441 et p. 93.

66 Raftis, 1961.

67 Sur l’aspect identitaire des cartulaires, voir notamment Geary, 1996, p. 25.

68 Par exemple, dans le cas de l’enquête de Ouistreham du fol. 38, non datée, mais probablement très ancienne, qui pourrait être le reste d’une enquête ducale (hypothèse de Mathieu Arnoux).

69 Bates, 1998b, p. 105.

70 Bates, 1985, p. 4-5.

71 Bates, 1998b, p. 109 ; Potts, 1992.

72 Letouzey, 2009.

73 Menant, 2006, p. 41.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Catherine Letouzey-Réty, « Le cartulaire de l’abbaye de la Trinité de Caen (fin XIIe-début XIIIe siècle) »Tabularia [En ligne], Les cartulaires normands. Bilan et perspectives de recherche, mis en ligne le 18 décembre 2009, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/tabularia/482 ; DOI : https://doi.org/10.4000/tabularia.482

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Auteur

Catherine Letouzey-Réty

Université de Paris I-Panthéon Sorbonne

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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