Objectifs du Programme de Recherche sur l'Émigration
des Français En Nouvelle-France
Remarque : Les pages de ce site ne sont plus alimentées depuis 2006,
date de la fin du Programme de Recherche sur l'Émigration? des Français En Nouvelle-France.
Les informations qui y sont fournies correspondent à l’état des recherches à cette date.
En 2006 s’est ouverte en France, à Tourouvre (Orne), la
Maison de l’émigration française en Canada consacrée au peuplement de la
Nouvelle-France. Bien que ce musée s’adresse à tous les publics – français,
nord-américain, adulte, scolaire, etc. –, il est apparu essentiel que la
fondation de cet établissement s’accompagne d’une démarche scientifique propre
à faire progresser nos connaissances fondamentales sur les immigrants français
établis dans la vallée du Saint-Laurent et en Acadie aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Le Gouvernement du Canada a donc profité de l’occasion pour lancer, dès septembre
2001, des travaux de recherche originaux dans les archives françaises, sur la base
d’une expertise méthodologique développée au Canada depuis une trentaine d’années.
Une importante subvention de recherche, pour la période 2001 à 2006, a ainsi été
accordée à l’Université de Caen Basse-Normandie, dont le Centre de recherche
d’histoire quantitative est l’hôte de ces travaux dirigés par le professeur
québécois Yves Landry.
Le Programme de recherche sur l’émigration des Français en
Nouvelle-France (PRÉFEN) s’inspire de problématiques reliées principalement à quatre
disciplines, soit l’histoire, la démographie, l’anthropologie et la génétique. Ses
travaux ont pour objectif principal de répondre à des questions que plusieurs
générations de chercheurs se sont posées. Par exemple, qui étaient ces émigrants ?
Quels étaient leurs antécédents familiaux et sociaux ? Comment leur départ vers
le Canada s’intégrait-il à une culture familiale ou socioprofessionnelle de la
mobilité ? Quel rôle jouaient dans ce processus les solidarités locales et
familiales avec d’autres hommes et femmes déjà partis au Nouveau Monde ?
L’acte de migrer de France à Nouvelle-France était-il relié à un mécanisme
de reproduction sociale, c’est-à-dire à un système où, à chaque génération,
l’établissement des enfants était confronté au problème des ressources familiales
disponibles ? Répondre à ces diverses questions, et à bien d’autres, exige
finalement de définir la place de l’émigrant dans sa famille et celle de sa
famille dans la société locale française, donc de tenter la meilleure reconstitution
sociale et généalogique des émigrants à partir des sources françaises,
essentiellement les registres paroissiaux et les actes notariés. L’atteinte de cet
objectif servira non seulement des fins historiques, mais aussi démographiques et
génétiques, dans la mesure où la reconstitution des familles des émigrants permettra
la comparaison du régime démographique du milieu d’accueil des colons à celui du
milieu d’origine et où la recherche sur la diversité du pool génique
canadien-français doit prendre en compte l’apparentement entre émigrants, phénomène
qui ne peut être défini au mieux qu’à l’aide des archives françaises de l’état civil.
Les outils développés pour réaliser ce programme de recherche
sont de deux ordres. Il convient d’abord de poursuivre l’élaboration d’une banque de
données informatisées sur les quelque 14 000 émigrants établis au Canada avant 1760.
Amorcée en 1998 sur la base des données québécoises, cette banque s’enrichit
progressivement de l’exploitation des registres paroissiaux et des actes notariés
d’un échantillon de communes françaises. La méthodologie mise en œuvre dans la
dizaine d’essais monographiques complétés jusqu’à maintenant ou en voie de
réalisation – totalisant près de sept cents notices biographiques d’émigrants –
comporte plusieurs étapes : identification des émigrants ayant déclaré un même
lieu d’origine dans les sources canadiennes ; dépouillement systématique des
registres paroissiaux de la localité choisie afin de repérer tous les actes relatifs
aux familles des émigrants et de reconstituer au mieux la famille propre de
l’émigrant et ses familles ascendantes et collatérales ; dépouillement similaire
des actes notariés ; constitution de dossiers familiaux versés dans la banque de
données ; analyse proposant les facteurs essentiels sous-jacents à l’acte
migratoire, en rapport notamment avec l’évolution du patrimoine familial et les
antécédents migratoires. Déjà amorcées, les collaborations pour poursuivre cette
enquête devraient se multiplier au cours des prochaines années avec les centres
français d’études canadiennes et québécoises et les milieux généalogiques français.
La stratégie de travail mise en œuvre dans ce premier volet de
la recherche repose donc sur la recherche sélective d’actes concernant les familles
des émigrants. Cette approche, bien que nécessaire vu l’état de diversité des lieux
de provenance, reste limitée dans la mesure où elle ne permet pas la reconstitution
d’une communauté globale, seule démarche susceptible de situer parfaitement les
familles des émigrants dans l’ensemble de leur milieu d’origine. C’est pourquoi il
a paru opportun de développer un second volet consacré à l’étude en profondeur d’une
région particulière, soit le Perche. Comme les émigrants percherons sont originaires
d’un nombre relativement restreint de paroisses, l’analyse se concentre sur la
quarantaine de communes appartenant aux cantons de Tourouvre, Mortagne et Bellême,
soit environ le quart des quelque 150 communes du Grand Perche, pour la période
antérieure à 1700. On a donc entrepris le dépouillement systématique des registres
paroissiaux et des actes notariés conservés pour ce territoire et pour cette
période, soit approximativement 166 000 actes de baptême, mariage, sépulture et
300 000 actes notariés. Le jumelage combiné des données issues de ces deux
sources – lequel représente en soi un défi inédit, à une telle échelle et à l’aide
de l’outil informatique – laisse espérer une reconstitution de la population qui
réduise au minimum les effets des lacunes des archives, inévitables pour l’époque
considérée.
Les travaux du PREFEN ont été soutenus financièrement de 2001 à 2005 par le Gouvernement du Canada,
dans le cadre du Programme Canada-France 1604-2004. Depuis 2005, ils sont subventionnés par le Conseil régional
de Basse-Normandie. Le Conseil Général de l'Orne héberge l'équipe de recherche dans ses locaux.
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