English versionPrésentation des sources et des méthodes
Pour bien comprendre l'évolution des rapports entre l'homme et le loup, l'historien doit rendre intelligibles les réalités du passé en apportant ses propres outils et en mettant en œuvre ses méthodes scientifiques. L'apparente accessibilité de la documentation historique multiplie les risques d'anachronisme (attribution d'un sens identique aux réalités du passé et à celles d'aujourd'hui), de déformation (inexactitudes ou contresens dans l'interprétation des données documentaires) ou de surinterprétation (tendance à exagérer la validité de données isolées et à affirmer sans recoupement de sources). Entre le XVIIe siècle et le XXIe siècle, des mots restés identiques n'ont plus le même sens et les réalités auxquelles ils renvoient ont pu changer. Les bouleversements de l'économie, des techniques et de la société ont exercé un impact indéniable sur l'environnement. Une bonne appréciation du contexte spatio-temporel est un préalable. Il faut donc une vision large des faits qui passe par une mesure quantitative et des changements d'échelle d'analyse. C'est à ce prix que l'historien peut apporter une contribution constructive au débat général et qu'à son tour le public trouvera une base de réflexion solide.
La mesure de la dangerosité du loup dans l'histoire conduit, plus que jamais, à expliciter les procédures de validation du travail du chercheur. L'impact émotionnel que présente le loup aujourd'hui dans un large public impose de revenir aux traits fondamentaux de la discipline. Le sujet a au moins cette vertu : celle de remettre au jour les critères de validité de la réalité historique.
Sur quelles sources s'appuyer pour élaborer des analyses ? quel crédit leur accorder ? comment optimiser leur utilisation ? Répondre à ces interrogations est d'autant plus indispensable que le terrain sur lequel l'historien s'aventure ici est miné. Par exemple, l'idée même de « loups mangeurs d'hommes », en dehors des cas accidentels d'animaux enragés, est sujette à débat. Un examen sérieux des matériaux utilisés s'impose. Leur diversité est très grande et l'on n'est jamais sûr de tout embrasser, tant la présence du loup est diffuse dans la documentation. Même sous l'angle particulier de l'anthropophagie, on ne saurait prétendre à l'exhaustivité. Notre présentation se limite donc aux grandes catégories de sources.
