L’avion, un Skyvan PA-51, atterrit sur le tarmac de Buenos Aires. Le cœur de Cecilia De Vicenti se serre. "C’est un choc de voir l’avion. D’un côté, c’est un exploit de l’avoir ramené après quatre ans d’efforts pour les convaincre de l’acheter, et d’un autre côté, je pense au fait que c’est le dernier endroit où ma mère a été en vie. C’est terrible de penser qu’une mère qui ne faisait que chercher son fils a été jetée vivante de cet avion."
Sa mère, Azucena Villaflor, fut jetée vivante à la mer lors d’un de ces "vols de la mort", érigés en système pour éliminer les opposants politiques par la junte militaire au pouvoir en Argentine de 1976 à 1983. "La méthode du vol de la mort était déjà pratiquée par les Français pendant la guerre d’Algérie, rappelle Nadia Tahir, Maîtresse de Conférences à l’Université de Caen Normandie en Études hispano-américaines. Ils appelaient ça les ‘crevettes Bigeard’. Mais les Argentins ont utilisé ça de manière beaucoup plus systématique."
C’est terrible de penser qu’une mère qui ne faisait que chercher son fils a été jetée vivante de cet avion.
Les victimes, après avoir été détenues et torturées, recevaient un sédatif avant d’être jetées à la mer. Sur la porte arrière du Skyvan, rapporte El Pais, se trouvait encore une plaque indiquant "Ne pas ouvrir pendant le vol sauf sur ordre du commandant de bord", le mécanisme permettant de l’activer se trouvait du côté du copilote.