Ligue des Champions, dernier stade du chaos

Les organisateurs auraient surinvesti l'aspect sécuritaire au détriment d'une politique d'accueil des supporters ©AFP - FRANCK FIFE / AFP
Les organisateurs auraient surinvesti l'aspect sécuritaire au détriment d'une politique d'accueil des supporters ©AFP - FRANCK FIFE / AFP
Les organisateurs auraient surinvesti l'aspect sécuritaire au détriment d'une politique d'accueil des supporters ©AFP - FRANCK FIFE / AFP
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Lors de la finale de la ligue des champions le 28 mai 2022, de nombreux incidents ont eu lieu autour du Stade de France. Comment expliquer une gestion aussi calamiteuse ? Et comment comprendre la communication ratée des responsables politiques autour de cet évènement ?

Avec
  • Bastien Soulé Sociologue, professeur des universités à l’Université Claude Bernard Lyon
  • Ludovic Lestrelin Sociologue, est maître de conférences à l'Université de Caen

Ce devait être un match ça a été un chaos absolument indescriptible. Le 28 mai 2022, la ligue des champions de football : Liverpool contre le Real Madrid ça a été un échec dans le stade, autour du stade et aussi un échec en termes de communication. Pour revenir sur cette gestion calamiteuse, Guillaume Erner s'entretient avec les sociologues Bastien Soulé et Ludovic Lestrelin.

Le surinvestissement de l'aspect sécuritaire

Le 28 mai 2022, de nombreux incidents ont eu lieu autour du Stade de France. Mais si le comportement des supporters a été pointé du doigt au lendemain de cet évènement, c'est plutôt la gestion de l'acheminement des supporters qui serait à l'origine des problèmes rencontrés, c'est ce qu'explique Bastien Soulé : "C'est un problème de gestion de flux de supporters, des supporters non agressifs qui ont été confrontés - pour des raisons à la fois contingentes mais aussi du fait de décisions prises par les organisateurs - à des difficultés pour se rendre dans le stade."

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Pour comprendre ces scènes de chaos, il faut se pencher sur les décisions prises par les organisateurs de cet évènement sportif. Pour les sociologues Ludovic Lestrelin et Bastien Soulé, il y eut un surinvestissement de l'aspect sécuritaire au détriment des autres aspects organisationnels : "Il y a eu une approche de l'évènement du point de vue du maintien de l'ordre prioritairement au détriment d'une approche en termes de sécurité publique.". A l'origine de ce surinvestissement, il y a une certaine méconnaissance du comportement réel des supporters de football, et notamment des supporters du club de Liverpoool selon les sociologues.

Une communication calamiteuse

Alors qu'au lendemain de l'évènement, des facteurs exogènes ont été pointés du doigt par le gouvernement, notamment la présence de supporters munis de faux billets, ce phénomène a été largement surestimé selon Bastien Soulé : "Des faux billets ont circulé mais (...) on est très vite retombés de quelques dizaine de milliers à 300 ou 400. Et dans le dernier rapport on apprend qu'il y en avait moins qu'en 2017 ou en 2019. Les faux billets n'ont pas été la première source de problème."

Et si la communication ratée du gouvernement a ajouté encore au chaos de cet évènement, il faut réinscrire cet évènement dans un contexte plus général : "L'enfermement dans une argumentation qui a été vite déconstruite (...) s'explique parce qu'approche la perspective des JO 2024, et qu'au delà de l'évènement lui-même, ce qui est en jeu c'est la capacité de notre pays à accueillir des compétitions internationales." explique Ludovic Lestrelin.

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