“Les Français négligent l’importance du sommeil” - Benoît Mauvieux, chronobiologiste à l’université de Caen

En France, la durée moyenne des nuits est passée sous les sept heures selon l'INVS (Institut national de veille sanitaire). Pour 36 % des Français, elle est même inférieure à six heures par nuit. Les causes sont multiples : vie stressante, augmentation du travail en horaires décalés, difficile déconnexion avec les outils numériques. En cette journée internationale du sommeil, le chronobiologiste caennais Benoît Mauvieux était l’invité du 6/9 de France Bleu Normandie.

Le chercheur tire la sonnette d’alarme sur les conséquences néfastes des nuits trop courtes. “Il y a d'abord les conséquences cognitives, intellectuelles, physiques. En pénurie de sommeil, on est plus irritable, plus agressif, on a du mal à se concentrer. On a aussi tendance à être somnolent au volant avec les risques d'accidents qui en découlent” énumère Benoît Mauvieux. “Et puis, à terme, il y a une forte corrélation entre l'obésité et le manque de sommeil. C'est-à-dire qu'on a besoin de se booster. Donc on va consommer du sucre, du café. Et on va créer un dysfonctionnement de notre pancréas, on va développer du diabète de type 2” poursuit notre invité, en mettant le doigt sur une vaste question de santé publique.

Tous les Français n’ont pas forcément besoin de la même durée de sommeil. Six, sept ou huit heures, selon dépend de chacun. Mais pour Benoît Mauvieux, de plus en plus de personnes ont tendance à considérer le temps de repos comme un temps perdu, qui peut se rogner au gré des activités jugées plus prioritaires. “Le sommeil, il faut considérer que c'est une fonction vitale, comme manger ou respirer. Il y a une négligence par méconnaissance vraiment, des enjeux du sommeil, du rôle du sommeil. Les Français ne sont pas éduqués au sommeil. Pourtant notre santé commence justement par un sommeil de qualité !” insiste le chronobiologiste qui travaille, entre autres, avec les sapeurs-pompiers et des salariés en horaires de nuit pour les aider à organiser leur temps de sommeil malgré leurs contraintes professionnelles. L’interview de Benoît Mauvieux à réécouter en intégralité en vidéo ci-dessous.