Le transanimalisme ou comment transformer l’animal pour servir les intérêts de l’Homme

Transanimalisme : courant qui tend à se servir des technosciences pour modifier profondément les animaux au bénéfice des humains. ©AFP - Mathieu Thomasset / Hans Lucas
Transanimalisme : courant qui tend à se servir des technosciences pour modifier profondément les animaux au bénéfice des humains. ©AFP - Mathieu Thomasset / Hans Lucas
Transanimalisme : courant qui tend à se servir des technosciences pour modifier profondément les animaux au bénéfice des humains. ©AFP - Mathieu Thomasset / Hans Lucas
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Un recueil de travaux effectués par plusieurs chercheurs et coordonnés par Emilie Gaillard, Bénédicte Bévière-Boyer et Amandine Cayol alerte sur les risques du transanimalisme.

Avec
  • Émilie Gaillard Maître de conférences HDR en droit privé à Sciences Po Rennes, directrice scientifique de la chaire d’excellence CNRS Normandie pour la paix (région Normandie, MRSH Université de Caen Normandie)

Modifier l’animal par la génétique ou la technologie, au service exclusif de l’Homme, il s’agit déjà une réalité. Invitée de Secrets d’Info, Emilie Gaillard, maître de conférences en droit privé à Sciences Po Rennes, dresse une liste des pratiques en cours : des poulets de chair sont soumis à d’importantes modifications génétiques pour qu’ils grandissent plus vite en vue d’un abattage plus rapide. Mais cela entraîne des problèmes moteurs, cardiaques, des pattes anormalement grandes et des poitrines disproportionnées qui font basculer les animaux vers l’avant.

Des chercheurs travaillent aussi sur des “xenogreffes” qui visent à implanter à l’Homme, pour le soigner, un organe d’origine animal. Mais les essais vont plus loin. En 2017, le Salk Institute d'études biologiques de Californie a produit des premiers embryons mi-humain mi-porc. Une équipe de Boston a, quant à elle, réussi à connecter un cerveau humain à un cerveau de rat et à faire bouger sa queue par la simple pensée de l’Homme. Tandis qu’une équipe de l’université de Berkeley a pu contrôler le vol de scarabées géants grâce à une électrode implantée dans le lobe optique de l’animal.

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Toutes ces recherches posent des questions éthiques. “Nous sommes la seule espèce au monde à nous comporter comme si tout ce qui existe sur cette planète n’existait que dans notre intérêt”, relève Emilie Gaillard. Selon elle, il est temps de réfléchir à un cadre éthique qui donnerait de nouveaux droits aux animaux. Et la chercheuse de paraphraser Hannah Arendt : “Si un jour, notre capacité de faire dépasse notre capacité de penser ce que l’on est en train de faire, nous pourrions devenir les pauvres créatures otages et esclaves serviles des objets que nous avons-nous-mêmes créés.”

Lire l'enquête :

Transanimalisme : l'animal augmenté, entre exploitations et protections, sous la direction de : Amandine Cayol, Emilie Gaillard et Bénédicte Bévière-Boyer (Editions Mare et Martin, 2024)

39 min

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