Le concours normand « Têtes chercheuses » veut rapprocher la science du grand public

L’appel à candidatures pour le concours « Têtes chercheuses » est lancé. Il récompense des projets tournés vers le grand public. Une approche ouverte qu’apprécient les chercheurs eux-mêmes.

L’équipe de la Drugbox, primée au concours des têtes chercheuses 2022, en pleine démonstration de ses ateliers pour présenter la création d’un médicament à un jeune public./DR
L’équipe de la Drugbox, primée au concours des têtes chercheuses 2022, en pleine démonstration de ses ateliers pour présenter la création d’un médicament à un jeune public./DR

    Frédéric Naudon est un lauréat heureux. Vainqueur d’un des prix des « Têtes chercheuses » 2022, celui labellisé « science avec et pour la société », ce doctorant en sociologie pose une question qui sied à ce concours de science normand tourné vers le grand public : « Est-ce qu’une personne non spécialiste d’un sujet peut aider le chercheur à mieux comprendre son sujet ? », avec des ateliers réunissant des scientifiques et des « non-initiés ».

    Le concours de sciences est organisé par l’Université de Caen (Calvados), la fondation musée Schlumberger et le Dôme, structure scientifique caennaise qui multiplie les événements participatifs. L’idée générale : « Faire participer les gens, leur faire se réapproprier des enjeux de société, dit François Millet, directeur des programmes sciences et société au Dôme. Têtes chercheuses est une pierre de plus dans cette culture de la participation. » L’appel à candidature pour cette édition 2023 est lancé.

    La démarche d’un prix tourné vers le grand public façonne un regard différent pour les chercheurs. Une équipe de cinq membres du Centre d’études et de recherche sur le médicament de Normandie (Cermn) a remporté le prix Musée Schlumberger des Têtes chercheuses l’an passé. Chloé Rémondin, doctorante en chimie médicinale, détaille : « Il nous manquait un outil pour présenter comment on crée un médicament. Nous avons donc repris l’idée d’une drugbox, avec plusieurs petits ateliers à proposer au public. » Une petite application ludique pour créer une molécule, un puzzle 3D pour construire le principe actif du futur médicament puis un petit jeu de cartes pour déterminer sa forme. Le Dôme accompagne le projet, de la confection des pièces 3D aux réflexions sur l’application numérique.

    Une journée de rencontres le 21 mars

    La drugbox est encore en cours de confection mais elle est déjà utilisée lors d’événements publics comme la Fête de la science ou au Feno, le festival de l’excellence normande. « Les gens sont curieux. La drugbox les aide à comprendre. Ils peuvent manipuler, mettre des images, poursuivent Chloé Rémondin et ses acolytes. Et ça nous permet aussi, nous chercheurs, de prendre du recul, de sortir de notre jargon, d’être plus à l’aise pour expliquer. » Ce que confirment Frédéric Naudon et ses travaux sociologiques sur la recherche participative : « Les gens non spécialistes posent des questions de base aux chercheurs. Ils proposent, selon leurs connaissances à eux. Ça discute. » Le lauréat de Têtes chercheuses 2022 poursuit d’ailleurs ses ateliers avec la faculté de Bourgogne à Dijon (Côte-d’Or).



    Les organisateurs espèrent recevoir une dizaine de candidatures, comme l’an passé, pour ce cru 2023. Le 21 mars prochain, pour pousser la logique, le grand public est convié à une journée aux côtés des chercheurs pour échanger autour des projets et ainsi affiner leur dossier avant l’annonce des résultats le 16 mai. Un concours en écho aux ateliers de recherche participative du Dôme, bien repeuplés depuis le Covid. Une à deux fois par semaine, c’est une quinzaine de personnes qui vient participer.