Érasme et le prince : épisode • 2/4 du podcast Mais qui était donc Érasme ?

Portrait de Charles Quint, par Josef Kiss and Friedrich Mayrhofer. ©Getty - DEA / A. DAGLI ORTI
Portrait de Charles Quint, par Josef Kiss and Friedrich Mayrhofer. ©Getty - DEA / A. DAGLI ORTI
Portrait de Charles Quint, par Josef Kiss and Friedrich Mayrhofer. ©Getty - DEA / A. DAGLI ORTI
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Érasme publie en 1516 "L’Éducation du prince Chrétien." Dans quelle mesure cet ouvrage exprime une révolution au sein des "miroirs des princes" ? Charles Quint a-t-il vraiment été influencé par les conseils du traité ?

Avec
  • Marie Barral-Baron Professeur d'histoire moderne à l'université de Franche-Comté
  • Juan Carlos D'Amico Professeur à l'Université de Caen-Normandie

Avec Philosophie consacre cette série d'émissions au philosophe Érasme. Dans ce deuxième épisode, Géraldine Muhlmann et ses invités s'intéressent à L’Éducation du prince chrétien.

Érasme contre la monarchie universelle au nom de la paix

En 1516, Érasme publie L’Éducation du prince chrétien, qui fait suite à une commande du chancelier de Bourgogne Jean le Sauvage pour le prince Charles Quint. “Érasme n’aurait sans doute jamais rédigé ce texte de lui-même” affirme Marie Barral-Baron. “Entre la commande du texte et la remise du traité à Charles, ce dernier est devenu roi d'Espagne”.

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Quels principes retrouve-t-on dans ce traité ? Il “demande aux princes chrétiens de vivre en paix dans leur pays, de ne pas penser à faire de guerres, de ne pas élargir leur territoire” explique Juan Carlos d’Amico. Ainsi, Érasme se présente contre l'idée d'une “monarchie universelle”.

Questions d'islam
56 min

Érasme contre Machiavel : une fausse confrontation ?

En 1515 et 1516, Machiavel rédige Le Prince. Y a-t-il un lien entre ce "miroir au prince" de Machiavel et celui d'Érasme? Ces “miroirs” sont “des textes que l'on trouve dès le 5e siècle avant Jésus-Christ” : il s’agit de “commander, pour former le prince, des traités moraux, pédagogiques, pour aider le gouvernant à bien servir, à bien traiter ses sujets” informe Marie Barral-Baron.

Il est impossible qu’Érasme ait lu l'œuvre de Machiavel. Pourtant il est possible de construire un dialogue entre ces deux auteurs. Alors que “Machiavel détache la sphère politique de la sphère religieuse”, Érasme souhaite former un “prince chrétien” affirme Juan Carlos d’Amico. En effet, pour lui “le roi doit être philosophe, mais en même temps, philosophe, c'est être chrétien”.

Pour en parler

Marie Barral-Barron, professeur d'histoire moderne à l'université de Franche-Comté. Spécialiste d'Érasme, de l'irénisme et de l'histoire des Réformes au 16e siècle. Elle a notamment publié :

Juan Carlos d’Amico, professeur à l'Université de Caen-Normandie, est l'auteur de nombreux articles consacrés à la civilisation et à littérature italiennes du 16e siècle. Il a coordonné plusieurs ouvrages sur les mythes politiques, les formes du pouvoir ou les révoltes à la même époque et il a publié trois ouvrages sur les relations entre le Saint-Empire et la péninsule italienne :

  • Charles Quint, maître du monde : entre mythe et réalité, Presses Universitaires de Caen, 2004.
  • Le mythe impérial et l'allégorie de Rome, Presses Universitaires de Caen, 2009.
  • Charles Quint. Un rêve impérial pour l’Europe, avec Alexandra Danet, éditions Perrin, 2022.
Avec philosophie
58 min

Références sonores

  • Extrait de La Reine Margot (1994), réalisé par Patrice Chéreau.
  • Archive de l’historien Bartholomé Bennassar à propos de Charles Quint dans l’émission Les chemins de connaissance, France Culture, janvier 1996.
  • Lecture par Anna Pheulpin, Érasme, L’Éducation du prince chrétien (1516), traduction du latin par Anne-Marie Greminger, Les belles lettres, 2016, p.70
  • Adaptation radio du livre d’Henri Clouard et Pierre Lafue : Charles Quint, ou L’Empire impossible (1956), RTF (Charles Quint : interprété par Serge Reggiani).
  • Chanson en fin d'émission :  It’s goog to be king est tirée de l’album Widflowers sorti en 1994.
  • Titre du générique : Sabali d'Amadou et Mariam (2008).

Le Pourquoi du comment, la chronique de Frédéric Worms

Retrouvez sa chronique ici.

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