Axe3. 3 Phénoménologie, ontologie et éthique
Personne, sujet et existence
Responsable : Emmanuel HOUSSET
Cet axe phénoménologique étudie ce que devient le concept de sujet à partir la rupture kantienne, dans l’idéalisme allemand et surtout dans la phénoménologie de Husserl, de Heidegger, ainsi que dans les différentes figures de la phénoménologie et de l’herméneutique (Scheler, Edith Stein, Gadamer, Binswanger, Merleau-Ponty, Ricœur, Levinas, Henry, Maldiney). A partir de l’œuvre de Husserl, il est possible de reprendre à nouveaux frais la question de l’identité en la libérant de toute forme d’anthropologie et de psychologisme. Le je transcendantal, auquel donne accès la réduction phénoménologique, permet d’accéder aux questions les plus difficiles de la temporalisation active et passive qui animent la philosophie contemporaine. Sans aucun retour au réalisme, sans aucune rechute dans l’anthropologie empirique, il est possible de décrire la corporalité du sujet et son lien essentiel à une communauté. Cet axe de recherche envisage également les analyses heideggériennes de l’ipséité qui permettent de penser une individualisation qui n’est pas celle de la chose et qui n’est pas non plus le seul produit de l’activité réflexive. Il s’agit d’échapper à une interrogation purement théorique et abstraite sur l’identité personnelle de façon à envisager également les dimensions pratique et éthique d’une identité qui n’est pas un simple invariant anthropologique, mais un avoir à être, une tâche d’être. Cela n’est possible qu’à partir d’une remise en cause du principe d’identité à partir de la phénoménalité elle-même.
Le dépassement de toute forme de naturalisme et de subjectivisme par la phénoménologie a ouvert la possibilité d’une toute nouvelle éthique phénoménologique qui s’attache à élucider les vécus qui donnent lieu à un devoir. Au-delà d’une conception formelle du devoir, il est possible de comprendre la responsabilité à partir des situations concrètes dans lesquelles le sujet est pris, sans retomber dans l’empirisme. Au-delà des mirages contemporains d’un sujet tout puissant, la dimension éthique de l’identité personnelle impose de tenir compte de l’essentielle finitude de l’action. La description d’une subjectivité exposée, blessée, permet une phénoménologie du corps et une éthique comprise comme philosophie première (Levinas). Les paradoxes de l’identité personnelle ne peuvent être étudiés sans une phénoménologie du corps qui se trouve au cœur de la pensée contemporaine (Merleau-Ponty, Henry, Levinas, Henri Maldiney, Jean-Luc Marion, Didier Franck, Jean-Louis Chrétien). Le corps est indissociable de la recherche de la vérité comme de l’accomplissement éthique, il donne à voir et à être, et ainsi étudier la corporalité de l’homme, c’est envisager la liberté d’un sujet fini engagé dans le monde et qui répond du sens du monde à travers sa finitude.
Le fil conducteur de cet axe est donc l’étude de la tension essentielle entre ontologie et éthique : la responsabilité peut-elle se constituer hors de toute ontologie et l’éthique peut-elle se constituer comme philosophie première ?
Publications de l’équipe en fonction de cet axe :
- Revue Philosophie n°88 Le témoignage, hiver 2005, dir. P. Engel et E. Housset
- Revue Les études philosophiques Personne et ipséité, avril 2007, dir. E. Housset
- Cahiers de philosophie de l’Université de Caen n°47, « Le phénomène Europe », 2010, PUC.
- Revue des sciences philosophiques et théologiques Tome 94, n°3, juillet-septembre. 2010, La singularité de la personne : entre liberté et humilité, dir. E. Housset.
- Cahiers de philosophie de l’Université de Caen n°49, Levinas : au-delà du visible, PUC, 2012, dir E. Housset et R. Calin.
- Max Scheler Ethique et phénoménologie, dir. G. Mahéo et E. Housset, Presses Universitaires de Rennes, 2015.
- Revue Philosophie, septembre 2015, « Fondation et fondement », dir. E. Housset.
- Revue Ethique et Santé, volume 14 de 2017, n°2, 3 et 4, sur Les émotions dans le soin, J.-M. Baleyte et E. Housset.