


Pascale Auraix-Jonchière, professeure de littérature française Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique Structure de recherche associée à la MRSH : ERLIS Date : 04/04/2019 Lieu : MRSH Caen Durée : 55:02 | ![]() |
Cette communication a été enregistrée dans le cadre du séminaire pluridisciplinaire Organisation et réorganisation des espaces culturels : politiques et représentations organisé par l'équipe ERLIS (EA 4254).
Pascale Auraix-Jonchière est professeure de littérature française du XIXe siècle à l’université Clermont Auvergne. Après avoir dirigé le Centre de Recherches Révolutionnaires et Romantiques, elle a fondé le CELIS avec Alain Montandon et l’a dirigé de 2006 à 2016. Ses recherches portent sur George Sand (Dictionnaire George Sand, co-dir avec S. Bernard-Griffiths, Paris, Champion, 2015 ; George Sand et la fabrique des contes, Paris, classiques Garnier, 2017) et Barbey d’Aurevilly. Elle travaille sur la réception des mythes et des contes aux XIXe et XXe siècles, sur la poétique de l’espace, la poétique des genres (fictions brèves) et la sociopoétique. Elle dirige ou co-dirige plusieurs collections aux PUBP (Révolutions et Romantismes, Mythographies et sociétés) et chez Garnier (série RLM « Jules Barbey d’Aurevilly » ; série « George Sand »). Elle est rédactrice en chef de la revue en ligne Sociopoétiques. Dans le domaine des représentations sociales, elle a co-dirigé le Dictionnaire littéraires des fleurs et des jardins (Champion, 2017) et travaille actuellement sur les représentations des Roms, d’une part, du handicap, d’autre part.
Résumé de la communication
La sociopoétique est un champ d’analyse transdisciplinaire nourri d’une « culture des représentations sociales comme avant-texte », qui permet de saisir à quel point et selon quelles modalités le maniement de ces représentations « informe le texte dans son écriture même », d’après Alain Montandon. Si l’écriture des interactions sociales est concernée au premier chef par une telle approche, l’usage des espaces privés ou publics gagne aussi à être interrogé sous cet angle. Les jardins se retrouvent ainsi au cœur des pratiques en plein essor à partir du XVIIIe siècle, comme l’horticulture, mais aussi de pratiques plus domestiques, comme celle de l’hospitalité ou la promenade, par exemple.
Mais c’est plus spécialement sous l’angle du genre que se place la présente réflexion car les représentations de la femme au jardin sont codifiées : lieu de réflexion, de lecture ou de promenade, le jardin est aussi un espace clos (surtout en contexte urbain) susceptible de se transformer en prison pour dire les contraintes imposées aux femmes. Deux fictions (une nouvelle, un roman) serviront d’exemple pour interroger cette mise en scène de l’aliénation féminine : Honorine de Balzac (1843) et Isidora de George Sand (1845). Dans les deux cas, il s’agit de jardins parisiens, des jardins clos qui peuvent cependant communiquer avec d’autres jardins et dans lesquels la femme (le personnage éponyme) est confrontée à l’idée de liberté. Prisonnières enchantées de jardins dévolus au loisir, à l’art ou à la promenade, les héroïnes de Sand ou de Balzac souffrent d’un enfermement catégoriel. Victime d’un réseau d’illusions chez Balzac, l’héroïne se libère des représentations contraignantes chez Sand, en faisant du jardin une métaphore pour dire sa maturation et son détachement des impératifs sociaux, le temps passant.