


Marie-Hélène Boblet, professeur de littérature française Structure de recherche associée à la MRSH : LASLAR, Vulnérabilités, Santé et Société Date : 29/11/2018 Lieu : Amphi MRSH Durée : 25:41 | ![]() |
Cette communication a été enregistrée lors de la table ronde « Vulnérabilités et normativité » du colloque Penser / exposer la vulnérabilité, qui s'est déroulé du 29 novembre au 1er décembre 2018 à Caen.
Le colloque visait à interroger la notion de vulnérabilité dans ses origines, mais aussi dans ses implications anthropologiques, institutionnelles, politiques et culturelles. Signe d’une mutation socio-anthropologique récente de la société occidentale, elle demande à être déconstruite afin que l’on puisse en saisir les enjeux pour les individus comme pour les institutions. Le dialogue épistémologique et conceptuel entre les chercheurs permettra de conjuguer et de questionner état des lieux, évaluations normatives et médiations cathartiques.
Marie-Hélène Boblet est professeure de littérature française (XXe et XXIe s.), à l'université de Caen-Normandie. Ses travaux concernent d’une part la poétique du roman et les écritures dialogales aux XXe et XXIe siècles. Elle a publié sur ce sujet Le Roman dialogué après 1950. Poétique de l’hybridité (Éditions Champion, 2003) et plusieurs articles sur Duras, Sarraute, Beckett, Pinget, Claude Mauriac, Koltès, Vinaner, Lagarce ou Novarina. D’autre part, ses recherches portent sur les relations entre littérature, phénoménologie et sciences humaines.
Résumé de la communication
Je me propose d’articuler à l’anthropologie de la vulnérabilité une définition anthropologique (non formaliste) de la littérature : les œuvres littéraires représentent des situations de vulnérabilités – sociales, économiques, morales ; elles nous donnent à reconnaître des expériences proches des nôtres dans cette « société du risque » qui a émergé dans les années 1980. Par cette représentation « mimétique » elles engagent une réflexion sur le rapport entre les fragilités induites par la précarité ou par des inégalités et les réponses qui leur sont apportées.
Je traiterai en particulier des réponses juridiques en m’appuyant sur deux récits du XXIe siècle : D’autres vies que la mienne (Carrère, P.O.L., 2009) et Articles 353 du Code pénal de (Tanguy Viel, Minuit, 2017). Ces deux récits, dont l’un est une fiction, mettent en scène une figure de juge devant des vulnérabilités : comment les envisager comme telles et à partir de quelle définition normative ? Comment les compenser, ou les réparer ? Ces récits mettent en débat les valeurs qui déterminent les jugements en représentant le travail de la pensée d’un juge d’instance et d’un juge d’instruction.
Marie-Hélène Boblet