


Michel Murat, professeur de littérature française Date : 26/07/2018 Lieu : CCIC Cerisy Durée : 49:55 | ![]() |
Cette communication a été prononcée dans le cadre du colloque intitulé "Que nous disent les best-sellers ?" qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 23 au 30 juillet 2018, sous la direction d'Olivier BESSARD-BANQUY, Sylvie DUCAS et Alexandre GEFEN.
Actes du colloque
Best-Sellers, l'industrie du succès
O. Bessard-Banquy, S. Ducas, A. Gefen (dir.)
Armand Colin — 2021
ISBN : 978-2-200-62932-8
Présentation du colloque
Rien n’est plus mystérieux qu’un best-seller. Car si certains semblent fabriqués à partir de recettes qui ne peuvent mener qu’au succès, combien d’autres livres issus du même moule passent complètement inaperçus tandis que des ouvrages parfois difficiles reçoivent un succès inattendu ? Quel point commun peut-on trouver au Capital de Marx, aux romans de Dickens ou aux aventures d'Harry Potter en passant par Le Petit Prince de Saint-Exupéry, Belle du seigneur d'Albert Cohen, sans oublier les œuvres de Pigault-Lebrun ou de Maurice Dekobra ? Y a-t-il des raisons objectives permettant de comprendre que ces livres aient rencontré le succès ? Et comment passer du livre qui anime une librairie à celui qui y met le feu ? Y a-t-il un élément, un secret, une technique qui permet de transformer tout volume en n°1 des ventes ? Quelle part revient à l’auteur dans cette réussite ? Et à l’éditeur ? Et aux lecteurs ? Et au-delà d’une simple recension des livres qui se sont très bien vendus depuis le XIXe siècle, que nous disent les best-sellers ? Est-ce une catégorie historique dont on peut relater l’invention ? Nous racontent-ils une histoire d’un horizon de réception, celui du "grand public", voire une histoire de la lecture ?
Présentation de l'intervenant
Michel Murat est professeur de littérature française à l’Université Paris-Sorbonne, où il a dirigé l’UFR de Littérature française et comparée, et créé l’équipe de recherche vingtiémiste, ainsi qu'à l’École normale supérieure, dont il a dirigé le département "Littérature et langages". Ses travaux ont porté sur Julien Gracq, sur l’histoire des formes poétiques, sur le surréalisme, plus récemment sur l’histoire littéraire et le romanesque des lettres.
Résumé de la communication
Si nous admettons l’idée que le best-seller c’est ce que les gens lisent, nous devons nous demander ce qu’ils y trouvent. Les réponses convergent autour de trois formules : la résilience, le développement personnel, la projection empathique. La résilience, comme dominante éthique et comme matrice narrative, celle de l’échec (du deuil, du handicap) devenant source du succès ; le développement personnel, comme finalité de la lecture et gage de l’utilité du divertissement ; la projection empathique comme vecteur communicationnel, via l’investissement des personnages. À cela s’ajoute une dimension fantastique, faisant irruption ou se glissant dans le quotidien car ces histoires conservent le tragique de la vie, mais le compensent ou le réparent: c’est le pouvoir de la fiction. Une telle proposition ouvre la discussion avec le livre d’Alexandre Gefen, Réparer le monde, qui définit cette aide à la résilience comme "l’ambition de la littérature d’aujourd’hui".