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OBSERVATIONS POUR JUGER SAGEMENT DE LA VALEUR DES ACTIONS COURAGEUSES QUI SE FONT POUR PLAIRE À DIEU

AVERTISSEMENT

§ 1

Cet écrit fut fait à l’occasion d’un événement rare qui arriva vers la fin de 1734. Un évêque encore jeune quitta un riche évêché Saint-Papoul par dévotion ou par scrupule de conscience. Les uns par esprit de parti le louèrent trop, les autres le blâmèrent trop, et cela faute d’avoir recours au principe de décision1.

PRINCIPE DE DÉCISION

§ 2

Une action, une entreprise quoique très courageuse, quoique faite par esprit de religion pour plaire à Dieu, et pour en obtenir le paradis, n’est cependant louable et estimable qu’à proportion qu’elle est juste, sage, et utile au public2.

§ 3

Elle est au contraire très criminelle, et abominable devant Dieu et devant les hommes si elle est très injuste, si elle cause injustement beaucoup de grands malheurs, ou aux hommes en général, ou à sa patrie en particulier, ou à des familles particulières.

ÉCLAIRCISSEMENT I

§ 4

Nous tenons de l’Auteur de la nature deux règles : l’une pour connaître ce qui est louable et digne de récompense ; la première : Pour être plus heureux en cette première vie et dans la seconde, faites pour les autres ce que vous voudriez qu’ils fissent pour vous s’ils étaient à votre place. L’autre pour connaître ce qui est blâmable et digne de punition, qui est la première règle de la justice, et en même temps la première règle de toute société : Pour éviter beaucoup de maux, soit en cette vie, soit en l’autre, ne faites point contre un autre ce que vous ne voudriez pas qu’il fît contre vous, s’il était à votre place, et vous à la sienne.

ÉCLAIRCISSEMENT II

§ 5

Le courage n’est louable qu’à proportion qu’il est employé pour la plus grande utilité du plus grand nombre de familles. Il est blâmable à proportion qu’il est employé à faire de grands maux, de grandes injustices au plus grand nombre de familles.

ÉCLAIRCISSEMENT III

§ 6

L’intention de plaire à Dieu ne saurait jamais justifier une grande injustice : c’est qu’une action très injuste ne peut jamais que déplaire à l’Être infiniment juste, et infiniment parfait.

ÉCLAIRCISSEMENT IV

§ 7

Frère Clément, ce jeune religieux dominicain qui tua Henri III roi de France à Saint-Cloud en 1589 au milieu de son camp, ne pouvait pas assurément faire une action plus courageuse que de donner sa vie pour rendre service aux révoltés de la Ligue de Paris, qu’il prenait pour sa patrie.

§ 8

Il ne pouvait pas la donner pour un motif plus saint que pour plaire à Dieu, et pour en obtenir le paradis.

§ 9

Aussi la plupart des Parisiens parmi lesquels il vivait, la plupart des curés, des religieux, et des docteurs de Paris de ce temps-là le regardèrent alors comme un saint, comme un vrai martyr pour avoir ainsi donné sa vie pour sauver, disaient-ils, la véritable religion, qui selon leurs fausses opinions courait risque de s’éteindre sous un tel roi.

§ 10

Ravaillac, qui dix-neuf ans après tua le bon roi Henri IV et qui fut puni d’une mort terrible, commit aussi un crime semblable, avec un semblable courage, par un semblable motif de religion pour plaire à Dieu, et pour en obtenir le paradis.

§ 11

Mais ne parlons que de l’action de frère Clément : pourquoi, loin de la regarder comme sainte, comme agréable à Dieu, comme digne du paradis, tout le monde la regarde-t-il aujourd’hui comme un très grand crime digne de l’enfer ?

§ 12

Pourquoi nous qui sommes de la même religion, mais non du même fanatisme que ces anciens docteurs parisiens, que ces évêques cardinaux français, très injustes ligueurs, trouvons-nous les louanges de cette action données par ces curés, par ces docteurs, par ces religieux, par ces prédicateurs, par ces évêques, par ces cardinaux, si fausses et si extravagantes ? Pourquoi regardons-nous sans hésiter cette entreprise comme exécrable, et comme abominable devant Dieu ?

§ 13

Si nous examinons le fondement de notre jugement, nous trouverons que c’est parce qu’il y a dans cette action une injustice très grande, et très évidente, et parce que frère Clément avait une idée très fausse de la justice de Dieu, et de la nature des actions qui devaient lui plaire ou lui déplaire. Or l’intention de plaire à l’Être infiniment juste ne peut jamais justifier une action évidemment très injuste.

§ 14

L’injustice de son action est très grande, car peut-on faire à quelqu’un un plus grand mal, un plus grand tort, une plus grande injustice que de lui ôter la vie ?

§ 15

D’un autre côté, y a-t-il une vérité plus évidente, et plus conforme à nos intérêts que cette proposition : Il est injuste de faire contre un autre ce que vous ne voudriez pas qu’il fît contre vous, si vous étiez à sa place, et lui à la vôtre.

§ 16

Frère Clément aurait-il trouvé le dessein de son assassin plus facile à justifier, quand cet assassin n’aurait pris la résolution de le tuer que par esprit de religion pour plaire à Dieu et pour en obtenir le paradis ? Aurait-il jugé que la bonne conscience ou la bonne intention de son assassin auraient produit dans un pareil assassinat une action sainte et digne de louange ?

§ 17

La raison pourquoi la bonté de l’intention de frère Clément ne peut pas excuser son crime, c’est que tout homme qui a l’usage de la raison connaît et approuve par son propre intérêt la première règle de la société : Ne faites point contre un autre, etc. Et d’ailleurs peut-il ignorer que c’est déplaire à Dieu infiniment juste que de faire une grande injustice ?

§ 18

Or l’injustice n’est-elle pas d’autant plus grande que le tort que l’on fait à une personne s’étend à un plus grand nombre de familles ?

ÉCLAIRCISSEMENT V

§ 19

Il est important de remarquer ici que les erreurs dans les arts et dans les sciences, lorsqu’elles ne mènent à aucune injustice, sont des défauts très excusables devant Dieu, et devant les hommes.

§ 20

C’est que nul errant ne veut jamais être dans l’erreur ; il cesse même d’y être dès qu’il soupçonne qu’il y est, et, ce qui est décisif, son erreur ne fait aucun tort à personne, car c’est la supposition, au lieu que l’injustice par la même supposition est un déplaisir, une peine que vous faites, une douleur que vous causez, et que vous savez que vous causez à un autre, lorsque vous savez que vous ne voudriez pas qu’il vous causât ni peine, ni déplaisir, ni douleur.

§ 21

Ainsi frère Clément est d’autant plus coupable qu’il n’a pas pu ignorer son injustice, puisqu’il ne tenait qu’à lui avant de la commettre de se demander à lui-même : « Ne trouverais-je pas très injuste que quelqu’un, pour plaire à Dieu et pour en obtenir le paradis, vînt me tuer ? » Et voilà pourquoi, ni son erreur, ni son crime ne sont excusables ni devant Dieu, ni devant les hommes. Voilà pourquoi nous jugeons son action exécrable.

§ 22

De là il suit que les erreurs de spéculation, tant qu’elles ne portent point les hommes aux injures, aux insultes, aux haines, aux persécutions grandes et petites, sont à la vérité des défauts de l’esprit, mais ce sont des défauts d’autant plus pardonnables que les hommes naissent tous dans une ignorance profonde de toutes choses, et passent nécessairement leur enfance et leur première jeunesse au milieu d’une infinité d’erreurs populaires qui ne viennent que de l’enfance de la raison humaine : erreurs dont ils ne peuvent sortir que peu à peu, à mesure qu’ils ont une force supérieure à la force de leurs préjugés fréquents et anciens. Or cette supériorité de force est très rare.

§ 23

De là il suit que l’erreur qui a porté l’empereur Julien3, par exemple, à persécuter les premiers chrétiens sur leurs opinions spéculatives, lorsque avec ces opinions ils étaient justes et bienfaisants envers tout le monde, n’est excusable ni devant Dieu, ni devant les hommes, car cette persécution devait lui paraître d’autant plus criminelle qu’il aurait trouvé très injuste qu’on l’eût persécuté lui-même pour soutenir certaines opinions spéculatives qui ne portaient personne à faire aucune injustice, aucune persécution, même à ceux qui étaient dans des opinions spéculatives opposées.

ÉCLAIRCISSEMENT VI

§ 24

On peut supposer comme vérité connue avec évidence par la raison, et dictée et inspirée par l’Auteur de la nature, ces trois propositions.

§ 25

1°. Il est injuste de faire contre un autre ce que vous ne voudriez pas qu’il fît contre vous si vous étiez à sa place, et lui à la vôtre.

§ 26

Cette proposition de morale est aussi évidente que celle-ci de géométrie : Trois est à neuf comme dix est à trente.

§ 27

2°. Une action très injuste ne peut jamais être que très abominable devant Dieu, et très désagréable à l’Être souverainement juste, et par conséquent elle ne peut jamais mériter de sa part qu’une punition proportionnée à son injustice.

§ 28

Une vérité connue avec évidence par la raison, qui vient de l’Auteur de la nature, est reconnue de tous ceux qui font usage de leur raison. Ainsi elle est universelle.

§ 29

3°. Il est impossible que Dieu, qui est la vérité même, enseigne comme véritable, par une révélation ou inspiration miraculeuse, une proposition contradictoire à une vérité inspirée par lui-même comme Auteur de la nature, et qui nous est connue avec évidence par la raison commune à tous les hommes.

§ 30

De là il suit que les preuves que les écrivains de la Ligue pouvaient tirer de l’Écriture sainte pour justifier et pour sanctifier l’action de frère Clément étaient nécessairement des interprétations évidemment fausses, c’est-à-dire opposées à des vérités connues par la raison universelle, ou inspirées par l’Auteur de la nature.

ÉCLAIRCISSEMENT VII

§ 31

La justice a un grand privilège sur la vérité purement spéculative.

§ 32

Nos ignorances et nos erreurs de pure spéculation, et qui ne regardent point les mœurs justes et bienfaisantes, nous importent fort peu pour l’augmentation ou pour la diminution de notre bonheur présent, et de notre bonheur futur, qui est cependant ce qu’il y a de plus important pour nous.

§ 33

Voilà apparemment pourquoi l’Auteur de la nature ne nous a pas donné un discernement prompt, facile, sûr pour discerner l’erreur de la vérité, et la certitude qui nous vient de l’évidence même, d’avec la certitude qui nous vient de la longue habitude à juger de la même manière, soit en nous soumettant à l’autorité, soit en suivant l’exemple des hommes avec qui nous vivons, et que nous croyons sages.

§ 34

Au lieu que pour discerner le bien moral du mal moral, la justice de l’injustice, ce qui est infiniment important au bonheur des hommes et de la société, nous avons un moyen prompt, facile et parfaitement sûr. Nous n’avons qu’à nous demander à nous-mêmes : Voudrais-je que le plus fort fît la même chose contre moi ?

§ 35

De là il suit qu’il vaut beaucoup mieux pour le bonheur de la société laisser ignorer une vérité de spéculation durant quelque temps par quelques-uns, que de faire une injustice, une insulte, une persécution à d’autres.

§ 36

C’est que la connaissance un peu plus tardive de cette vérité ne cause pas la centième partie du mal que cause la persécution, vu l’injustice.

§ 37

Or de deux maux que l’on est forcé de faire aux autres n’est-il pas juste d’opter le moindre ?

§ 38

De là il suit que les écrits des docteurs, et des évêques, dans lesquels on voit des termes injurieux, des manières méprisantes, des faits désobligeants tant contre l’esprit que contre les intentions des personnes d’une opinion contraire, sont injustes, c’est-à-dire tels que les auteurs de ces écrits seraient fâchés de voir contre eux de pareils écrits.

§ 39

De là il suit qu’il serait beaucoup plus avantageux à la société que de pareils écrits, quoique fort éloquents, et faits en faveur de la vérité, fussent supprimés que publiés, puisque la connaissance d’une nouvelle erreur, ou d’une nouvelle vérité, est cent fois moins importante pour le bonheur de la vie présente et de la vie future, que la conservation de la paix, de la justice, et de la bienfaisance réciproque entre citoyens et voisins.

§ 40

De là il suit qu’il est bien plus avantageux à un État d’y ordonner et d’y faire observer le silence sous des peines suffisantes, sur des questions qui causent des disputes, des divisions, des haines, des persécutions, que de laisser la liberté d’en écrire et d’en parler : c’est qu’entre deux biens la bonne police choisit toujours le plus grand, par la même raison qu’entre deux maux nécessaires elle choisit toujours le plus petit.

§ 41

De là il suit que ces Indiens, qui pour plaire à Dieu, s’imposent volontairement de grandes souffrances journalières4, inutiles au prochain, et que ceux qui par une dévotion ridicule se font écraser sous les roues du char de la statue de leur prophète, loin de faire en cela des actions vertueuses, saintes, dignes de louanges, et agréables à Dieu, ne font en effet que des actions très folles, très méprisables, très déraisonnables, et comme telles désagréables à Dieu qui est la sagesse et la raison suprêmes5.

OBJECTION I

§ 42

Il est contre la charité, contre la bienfaisance chrétienne de retenir les vérités captives. Il faut donc faire imprimer des écrits.

RÉPONSE

§ 43

À l’égard des vérités très utiles, très efficaces, et absolument nécessaires pour le salut, telles que sont ces deux-ci.

§ 44

Pour éviter l’enfer il faut, de peur de déplaire à Dieu juste, éviter de faire du mal, c’est-à-dire éviter de faire aucun dommage, aucun tort, aucune peine à personne, comme vous voudriez qu’on évitât de vous en faire.

§ 45

Pour obtenir le paradis, et pour achever de réparer nos injustices passées, il faut, afin de plaire à Dieu, travailler à faire le plus de bien et de plaisir que vous pourrez aux autres, comme vous voudriez que les autres travaillassent à vous en faire, soit par reconnaissance, soit par piété, soit par esprit de pure bienfaisance.

§ 46

Pour ces deux vérités il ne faut jamais les tenir captives. On ne saurait jamais les démontrer, et les persuader en trop de manières. Les vérités ne sont réellement estimables qu’à proportion qu’elles contribuent plus à notre plus grand bonheur.

§ 47

Mais il y a des vérités qui ne sont nullement nécessaires au salut. On peut, sans blesser la charité et la bienfaisance chrétienne, garder un profond silence, et ne rien écrire sur celles-là, et même on le doit lorsque le gouvernement civil juge que ces écrits augmenteront la discorde, la division, la haine entre les disputants, que ces écrits formeront des partis, ou augmenteront ceux qui sont déjà tout formés, et que le bien qu’ils produiraient ne peut pas être estimé la dixième, la centième partie du mal qu’ils causeraient : n’est-il pas visible qu’alors le silence vaut cent fois mieux pour le bonheur de la société chrétienne que les meilleurs écrits ?

OBJECTION II

§ 48

Grand nombre de gens de bien et fort éclairés sont d’une opinion contraire à la vôtre, et croient que dans les temps de division entre les esprits il est utile à la société chrétienne de produire des écrits contre les errants, et contre les erreurs.

Réponse

§ 49

1°. Ces gens de bien, ces gens éclairés ne sont pas infaillibles, ils peuvent se tromper, et ils ont pris parti dans l’affaire, ainsi ils sont récusables.

§ 50

2°. Que l’on pèse donc leurs raisons sur le bien et sur le mal qui résultera, soit du silence, soit des écrits, et toujours par rapport à la plus grande utilité publique.

§ 51

3°. C’est aux magistrats du gouvernement civil à décider sur ce qui peut causer les guerres civiles, qui détruisent toute société, et par conséquent toute société chrétienne, et c’est en cela que les évêques et les autres officiers des mœurs, qui leur sont subordonnés, doivent obéir aux magistrats.

§ 52

4°. De là il suit que pour l’augmentation du bonheur des chrétiens, et pour l’augmentation de leur justice, et de leur bienfaisance chrétienne et réciproque, et par conséquent pour la sûreté de leur salut, il serait à souhaiter que les erreurs des chrétiens grecs et des protestants ne fussent regardées par les catholiques romains que comme des erreurs excusables entre théologiens de la même communion, que d’être regardées comme des hérésies, et comme sujets légitimes de haine, de schisme et de guerre.

§ 53

5°. De là il suit qu’il serait à souhaiter qu’il fût établi dans le christianisme pour maxime fondamentale que les chrétiens qui se haïssent, qui se font des injures, des persécutions et autres injustices pour plaire à Dieu, et qui ne se pardonnent pas les uns aux autres leurs injures réciproques, et qui ne se le témoignent pas par des politesses, par des services, et autres bons offices de la bienfaisance chrétienne envers leurs ennemis, sont entièrement hors la voie du salut ; il serait à souhaiter qu’ils eussent pour maxime que toute conduite malfaisante est très désagréable à l’Être souverainement bienfaisant.

§ 54

Je répéterai donc ici les termes du discours du Sauveur dans saint Matthieu, 7.12 : Faites donc pour les hommes tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous, et par conséquent ne faites pas contre eux ce que vous ne voudriez pas qu’ils fissent contre vous : Car c’est là la Loi, et les prophètes6.

§ 55

Et c’est ainsi que la règle de la raison universelle dictée par Dieu même, comme Auteur de la nature, se trouve nécessairement conforme à la Loi qu’il a dictée par une révélation miraculeuse. C’est ainsi qu’étant également divines, elles conspireront toujours également, et sans aucune contradiction, à nous apprendre à blâmer, à haïr, à mépriser beaucoup et à regarder comme punissables les actions très injustes et très malfaisantes, quoique courageuses et faites pour plaire à Dieu, et à estimer beaucoup et à regarder comme très belles et très saintes les actions de grande bienfaisance faites pour plaire à l’Être infiniment bienfaisant.

CONCLUSION [Addition du manuscrit de Neuchâtel]

§ 56

De ces considérations, on peut juger que cet évêque en quittant son évêché a fait une grande imprudence de s’ôter les moyens de faire beaucoup de bien en observant le précepte de la charité bienfaisante, mais que sa bonne intention, surtout lorsqu’il n’a fait aucune injustice à personne, rend son imprudence et sa conscience erronée très excusables, que le courage qu’il a montré eût été très louable s’il n’en eût fait usage qu’en faveur du précepte de la charité bienfaisante qui est l’essentiel de la religion, et dont ses adversaires conviennent avec lui, et non en faveur de prétendues vérités spéculatives qui ne font point partie de cet essentiel, et vérités que ses adversaires lui disputent.


1.Jean-Charles de Ségur (1695-1748), devenu évêque de Saint-Papoul en 1724, qui se démit de son évêché le 26 février 1735 : voir Introduction.
3.Tandis que la réhabilitation de Julien, opposé traditionnellement à Constantin par l’historiographie chrétienne, avait été entamée dès le XVIe siècle par Montaigne et La Mothe Le Vayer, l’abbé de Saint-Pierre reprend ici l’idée d’un Julien païen superstitieux et persécuteur, développée dans la biographie de l’empereur de Jean-Philippe René de La Blèterie, publiée deux ans auparavant (Vie de l’empereur Julien, Paris, Prault, 1735).
4.Les mortifications des moines indiens et fakirs sont connues en 1737 par les relations de Bernier, Tavernier, Renaudot, les Lettres édifiantes et curieuses des Pères jésuites et le Dictionnaire historique et critique de Bayle (1re éd., Rotterdam, Reinier Leers, 1697, « Introduction », p. 114-115).
5.Allusion aux dévots qui se feraient écraser sous les roues du char de Jagannâtha (nom de Krishna), pendant la procession de Puri, en Inde. La pratique est mentionnée par Montaigne (Essais, II, 3, Pierre Villey [éd.], Paris, Presses universitaires de France, 1992, p. 360) et Bernier (Voyages, Amsterdam, P. Marret, 1711, t. II, p. 104).
6.Matthieu, VII, 12.