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SUR LE LUXE

§ 1

 [•]Le but le plus ordinaire que se proposent les bons ministres, c’est d’enrichir l’État, c’est-à-dire d’augmenter le revenu, et par conséquent le nécessaire, les commodités et le superflu de chaque famille.

§ 2

Chaque condition a son nécessaire, et son superflu. On sait que le superflu de la condition inférieure est le nécessaire de la condition supérieure, et que l’habitude [•] nous rend nécessaires des choses que nous regardions comme superflues, avant l’augmentation de notre revenu.

§ 3

Le but du bon gouvernement, c’est de procurer aux sujets deux choses difficiles à concilier. La première est l’augmentation [•] du travail, car c’est le travail qui produit l’abondance et le superflu dans les États. La seconde, c’est le bon usage de ce superflu [•].

§ 4

 [•]Le mauvais usage du superflu, c’est ce que j’appelle luxe. Or le luxe de ceux qui n’ont pour but que d’être distingués entre leurs pareils, par des dépenses vaines de pure ostentation et inutiles, ou peu utiles aux autres ; tandis qu’ils pourraient faire grand nombre de dépenses beaucoup plus honorables pour eux, et très utiles à leurs concitoyens.

§ 5

Mais il nous manque des lois qui [•] honorent suffisamment les dépenses vertueuses, utiles au public à proportion de leur utilité, et qui jettent en même temps du mépris sur les grandes dépenses [•] vicieuses, qui sont presque inutiles aux autres, en comparaison des dépenses vertueuses.

§ 6

C’est faute de ces lois sages [•] que les plus riches États ont péri, par le mauvais usage de leur superflu. C’est faute de pareilles lois que la République romaine, devenue riche, s’est corrompue au point que les Romains n’avaient presque plus de respect pour de grands hommes pauvres, ni aucun mépris pour les riches qui menaient une vie fainéante et pleine de vices. C’est faute de pareilles lois qu’ils donnaient des louanges aux somptuosités de Lucullus, et à d’autres dépenses vaines, méprisables, et même souvent honteuses [•] et injustes.

§ 7

Ce défaut de lois propres à faire honorer suffisamment les bons citoyens, dont la dépense de leur superflu était utile à la société, ce défaut de lois propres à faire mépriser les citoyens dont la dépense de leur superflu était beaucoup moins utile au public, produisit dans la République beaucoup de mauvais citoyens, qui voulaient à l’envi se distinguer, et se faire honneur par de folles dépenses, où il n’y avait cependant aucun véritable honneur à acquérir au jugement des plus sages. Et de là vint cette foule de gens ruinés, qui conspirèrent bientôt à l’envi, à qui s’emparerait plus hardiment des revenus publics en renversant le gouvernement de la République. Tels furent les funestes effets, non des richesses bien employées, mais du luxe, ou des richesses très mal employées1.

§ 8

Il est vrai qu’il y eut quelques lois somptuaires, mais elles [•] furent très mal faites2. 1° Il fallait des marques publiques de mépris, pour ceux qui y contrevenaient. 2° Il fallait des marques d’honneur pour ceux qui donnaient, soit durant leur vie, soit après leur mort [•], à certaines communautés destinées à augmenter la commodité et l’utilité du public : comme hôpitaux, collèges, académies, grands chemins, ports, canaux, théâtres. 3° Il n’y avait pas dans les provinces de compagnies poursuivantes établies pour faire exécuter la police [•] [•]. Ainsi ces lois somptuaires ne furent point exécutées, et ne purent jamais être regardées que comme de bons désirs de législateurs [•] peu habiles.

§ 9

Ainsi la dépense [•] vicieuse du superflu, étant portée au plus haut point, était honorée par le peuple ignorant, au lieu d’en être méprisée ; et cela faute de bonnes lois sur le bon usage du superflu, faute d’honorer suffisamment les bienfaiteurs du public [•].

§ 10

 [•]                                                 Sævior armis
Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem
3.

§ 11

Le luxe a commencé de corrompre les États d’Europe, par la fainéantise et par la mollesse [•] ; il serait temps de diriger la dépense du superflu vers des entreprises utiles au public. Cela se pourrait faire4 1° si le gouvernement avait soin de distribuer différentes marques extérieures de distinction honorable pour les différentes classes des bienfaiteurs publics, qui donneront, soit durant leur vie, soit après leur mort, partie de leur bien au trésor public, assignée pour telle ou telle dépense [•] ; surtout lorsque le donateur s’est distingué en probité et en justice, durant sa vie [•].

§ 12

 [•]Le difficile serait de borner les conditions, et la dépense de chaque condition, pour la table, pour les [•] voitures, pour les habits, pour les bâtiments, pour les équipages ; mais il ne faut point faire de lois somptuaires5, sans faire en même temps des lois pour récompenser, par des honneurs publics, par des inscriptions et par des marques extérieures, les bienfaiteurs du public. Il faudrait commencer par charger un bureau de faire ces lois. [•]

§ 13

Ces vues [•] me paraissent bien éloignées de la constitution de nos États d’Europe, et même de l’État de la république de Hollande, qui commence à se gâter par les dépenses vaines et frivoles de plusieurs de ses citoyens6. Le luxe, faute de bonnes lois, va s’établissant dans tous les États riches. Et tout cela vient de ce que dans ces États, les législateurs n’ont point encore été assez sages pour faire enseigner à leurs sujets, dans leur éducation, les dépenses plus ou moins honorables, plus ou moins méprisables [•], et pour faire des lois conformes à ces premiers enseignements.

§ 14

Je suis persuadé cependant que peu à peu on pourrait former sur ce sujet un règlement, et le perfectionner si bien que la plupart des hommes riches aimeraient encore mieux employer leur superflu en dépenses très utiles [•] à la nation que de l’employer à des dépenses si peu honorables et si peu utiles à leurs concitoyens.

§ 15

Il est incroyable combien les hommes peuvent tirer de secours et de grands avantages les uns des autres, avec la méthode des marques honorables, [•] si elles sont distribuées avec justice et par scrutin, dans les différentes [•] classes des citoyens, à ceux qui procureront plus d’utilité à la société, soit par leur travail sans salaire, comme les directeurs d’hôpitaux, soit par leurs talents, soit par leurs donations ; mais il faut [•] différentes classes de bienfaits plus et moins importants, statues, peintures, médailles, inscriptions, monuments, louanges enregistrées, louanges imprimées, suivant le jugement public du bureau qui aura la distribution des honneurs publics dans sa direction7.

§ 16

Si, en même temps que l’on défendrait les dépenses [•] du luxe dans Paris, le magistrat de police se chargeait de faire faire des inscriptions sur les chemins pavés [•] pour annoncer le nom de celui qui aurait donné pour faire paver à ses frais [•] tant de toises de chemin8, et le faire nommer aux prières publiques comme bienfaiteur du public dans l’église de la paroisse : on verrait en peu d’années incomparablement plus de chemins pavés aux environs de Paris, l’un pour être grand bienfaiteur de la société par ses grands talents et par ses grands emplois, l’autre par de grands revenus, ou de grandes sommes données ou léguées pour l’utilité de la société des chrétiens.

§ 17

On ne sait point assez en Europe combien il est important, pour perfectionner le gouvernement des États, de réprimer [•] les dépenses vaines du luxe, en ouvrant en même temps une porte aux dépenses fort utiles au public, et vraiment honorables pour les donateurs.

Luxe blâmable [•]

§ 18

Il est vrai que [•] chacun est maître de dépenser son bien à ce qu’il lui plaît.

§ 19

Il est vrai que le financier, qui fait raser une montagne qui lui cache une belle vue, répand des richesses qui sont à lui.

§ 20

Il est vrai que les pauvres paysans et les pauvres charretiers, qui font cet ouvrage, en tirent une sorte d’avantage [•].

§ 21

Feu [•] M. de… [•], un an avant sa mort, disait à feu Monsieur, à l’égard des dépenses qu’il faisait à M…, je suis sur le [•] seizième million, et c’était à vingt-huit livres le marc [•]9.

§ 22

Il est vrai que ces quinze millions étaient à lui. Il est vrai que cent sortes d’ouvriers ont gagné cet argent durant quinze ou vingt ans. Mais quand on songe que ces grandes dépenses n’aboutissent qu’à une petite augmentation du plaisir d’un particulier, ou de quelques particuliers en petit nombre, tandis que cette même dépense pourrait être employée à [•] rendre la Seine plus navigable en été et en hiver, à donner plus de fontaines de l’eau de la Seine dans les faubourgs de Paris par des pompes sur les ponts, à donner plus de places de marchés pour débarrasser les rues [•], à des pavés, à des ponts, à des ports, à des collèges, à des hôpitaux dans les provinces, qui diminueraient considérablement les maux, et augmenteraient de beaucoup les biens d’une infinité de personnes, et qui feraient incomparablement plus d’honneur au maître de ces richesses et à sa famille que les fades louanges que quelques complaisants donnent à sa magnificence et à son goût : alors je trouve cette dépense de [•] quinze [•] millions, pour une maison de campagne d’un ministre [•], très mal placée pour sa réputation. Faire travailler une grande quantité d’ouvriers pour la plus grande utilité publique, voilà où doit se placer la magnificence pour mériter des louanges.

§ 23

[Fin de l’« Observation V sur le luxe », dans l’imprimé de 1734 (B).]

[Addition du manuscrit de 1739 (C).] [•]

§ 24

Un homme d’un esprit superficiel10, voyant que nos carrosses dorés, nos meubles, nos habits magnifiques faisaient entrer dans le royaume beaucoup d’argent de nos voisins et faisaient ainsi vivre grassement quantité d’ouvriers et de pauvres familles françaises aux dépens des Italiens, des Espagnols, des Portugais, des Allemands, des Anglais et même des Hollandais, concluait assez imprudemment que notre luxe, loin de devoir être banni, était utile à la nation, et qu’ainsi il fallait plutôt inventer des moyens d’augmenter ces magnificences que de les diminuer.

§ 25

Vous souvient-il, lui répondis-je, du proverbe qui dit : à quelque chose malheur est bon ? N’est-il pas vrai que c’est prudence de tirer quelque utilité d’un malheur ou d’une perte ? N’est-il pas vrai que la perte en est moins sensible ? Mais, comme après tout ce malheur est toujours une vraie perte, un vrai malheur, conclurez-vous qu’il faut plutôt songer à augmenter le nombre et la qualité des malheurs qu’à les éviter ?

§ 26

Le luxe de France a quelque utilité pour quelques familles françaises ; donc il est fort utile à toutes les familles de France qui se ruinent par le luxe : votre conclusion vous paraît-elle juste ?

§ 27

Les dépenses excessives et mal employées, en un mot le luxe, est [sic] en France une sorte de poison dont la nation s’empoisonne agréablement à l’envi ; elle y perd beaucoup pour elle-même mais une partie de la nation y gagne quelque chose par l’argent des étrangers : cela fait-il que le total de la nation n’y perde pas beaucoup plus qu’elle n’y gagne ?

§ 28

Direz-vous que les vingt-cinq millions que M. de Louvois avait employés à embellir Meudon qui était déjà assez beau quand il l’acheta, que les vingt-cinq millions étaient plus utilement employés à abattre des hauteurs, à faire de grandes terrasses et à bâtir un palais et des jardins pour une seule famille, que s’il les avait employés aux ouvrages de Paris que nous venons d’indiquer ? N’aurait-il pas fait subsister pareil nombre d’ouvriers et n’aurait-il pas de plus procuré pour toujours à un nombre infini de familles françaises pauvres et riches une infinité de grandes commodités et de grands avantages ? Que revient-t-il à l’État de sa magnificence, en comparaison de tout ce qu’il pouvait lui procurer, d’une utilité incomparablement plus grande ? Quelles bénédictions, quels honneurs ces ouvrages ne lui eussent-ils pas mérités ?

§ 29

Or n’est-il pas de l’intérêt de l’État d’empêcher les sujets qui ont du superflu chacun dans sa condition de l’employer mal à propos et de leur donner les moyens d’employer avec plaisir et avec sagesse ce superflu pour acquérir une réputation incomparablement [plus] précieuse que la gloriole11 qu’ils acquièrent par leurs folles dépenses, par leurs magnificence vicieuse ? Car chaque condition a sa magnificence vicieuse et blâmable ; les hommes, faute de lumières et de bonnes lois, ne sauraient porter leurs vues vers ce qui est le bien le plus estimable et le plus désirable ; et, faute de bonne éducation, ils ne pensent, sur leurs dépenses les plus importantes et sur ce qui peut leur faire honneur, que comme le bas peuple et comme des enfants.

§ 30

Demandez à vingt mille écoliers qui sortent du collège tous les ans en Europe qui est l’homme le plus estimable de sa condition ; ils devraient vous répondre tous : « C’est le plus bienfaisant, c’est le plus grand bienfaiteur de sa famille, de sa ville, de sa patrie, du genre humain. » Je doute que vous en trouviez un qui vous fasse une pareille réponse ; il est vrai que, puisque la raison humaine va toujours en croissant, il arrivera un siècle où les écoliers répondront raisonnablement ; mais qu’il y a encore loin à ce bienheureux siècle, à moins que les bonnes lois ne viennent au secours !

§ 31

N’est-il pas d’un sage gouvernement d’attacher du mépris et du ridicule à ces sortes de dépenses excessives et folles, et de montrer enfin aux femmes et aux autres ignorants en quoi consistent les dépenses dignes d’estime et de louanges, et combien il est ridicule d’imaginer que l’on doit plus estimer les femmes qui portent beaucoup de beaux diamants que celles qui, au lieu d’en porter, en donnent la valeur pour soutenir de malheureuses familles ?

§ 32

Livres, sermons, satires, comédies, tout doit être employé pour diminuer le luxe et pour en faire employer les ouvriers aux ouvrages les plus utiles à l’État et à diminuer le nombre des ouvrages moins utiles au bonheur public12.

§ 33

Notre nation ne peut-elle pas trouver le moyen d’employer beaucoup plus de bras inutiles de ses sujets à des ouvrages qui soient beaucoup plus utiles à l’État que nos étoffes, nos meubles de luxe ? N’y a-t-il rien à faire pour perfectionner nos manufactures utiles, nos colonies et notre commerce ? Ne peut-on pas attirer chez nous ceux des étrangers qui y ont plus de réputation afin d’y multiplier et d’y perfectionner ces manufactures ? Ne pouvons-nous rien imaginer pour nous donner une décharge de notre trop plein ou de notre abondance superflue que le plaisir de la gloire que cause la magnificence de chaque condition, de chaque famille ?

§ 34

Et puisque la cause de notre magnificence vient du plaisir naturel que nous sentons à être distingués par là entre nos pareils, serait-il impossible que par de bonnes lois, de bons établissements, de[s] punitions et de[s] récompenses, nous fissions, dès le temps de notre éducation, apercevoir aux jeunes gens que le plaisir de la distinction entre pareils dans la dépense de la magnificence n’est qu’une gloriole et une distinction petite et méprisable, en comparaison de la distinction entre pareils qui a pour but la plus grande bienfaisance envers les concitoyens ?

§ 35

Est-ce donc que la fausse gloire sera toujours préférée à la gloire la plus précieuse, les faux diamants aux véritables ? Est-ce que la vérité ne saurait parvenir à bannir l’erreur, surtout avec le secours de la bonne police ?

§ 36

Il faut que M. de Louvois ait cru, comme le bas peuple et comme son fils, l’archevêque de Reims13, que l’homme le plus estimable était le plus riche. Comme si le plus estimable n’était pas celui qui faisait de ses richesses l’usage le plus estimable et le plus digne de louanges ! Ses dépenses à Meudon démontrent évidemment quelle était son opinion sur la dépense la plus honnête et la plus honorable ; il n’avait de ce côté-là nulle élévation au-dessus des pensées du bas peuple, au-dessus de son cordonnier. Si on demande quelles ont été les maximes qui ont conduit la dépense de ses vingt-cinq millions à Meudon, on peut répondre que ce n’ont pas été des maximes de dépenses glorieuses, des maximes de bienfaiteur public, et propres au grand homme, mais des maximes de magnificence, des maximes de vanité, des maximes de gloriole, maximes de dépenses du cordonnier.

§ 37

Revu à Hénonville, 8 juin 173914.


1.Ce thème de la corruption de la République romaine par le luxe est traité dans la même période par Montesquieu, qui s’appuie sur Plutarque, Polybe et Salluste : voir le chapitre X des Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence [1734], in Œuvres complètes de Montesquieu, texte établi et présenté par Françoise Weil et Cecil Courtney, introd. et commentaires de Patrick Andrivet et Catherine Volpilhac-Auger, Oxford / Naples, Voltaire Foundation / Istituto italiano per gli studi filosofici, 2000, t. II, p. 160-163 ; voir aussi Pensées, no 968, in Montedite. Édition critique des “Pensées” de Montesquieu, Carole Dornier (éd.), Caen, Presses universitaires de Caen, 2013, en ligne.
2.Sur ces nombreuses lois, dont les lois Fanniennes et Liciniennes qui règlementaient le luxe de la table, sur les sources antiques les évoquant, voir, in Mélanges de l’École française de Rome - Antiquité, no 128, 2016 : Anna Bottiglieri, « Le leggi sul lusso tra Repubblica e Principato : mutamento di prospettive », en ligne ; Marianne Coudry, « Lois somptuaires et comportement économique des élites de la Rome républicaine », en ligne.
3.« [Nous souffrons aujourd’hui des maux d’une longue paix.] Plus funeste que les armes, la luxure s’est ruée sur nous et venge l’univers asservi » (Juvénal, Satires, VI, v. 292-293, Pierre de Labriolle et François Villeneuve [trad.], Paris, Les Belles Lettres, 1971). Cf. Paix 2, § 225.
4.Figure dans l’imprimé à cet endroit un « 1° », trace de la suppression du deuxième terme d’une énumération : voir variante du texte (A).
5.Sur la législation réglementant le luxe au XVIIe siècle et sous la Régence, voir Introduction à Luxe, § 2.
6.La représentation de la Hollande, où les plus puissants de l’État avaient un train de vie ordinaire qui ne les distinguait pas du commun des bourgeois, s’était répandue, entre autres, par l’ouvrage de William Temple, Remarques sur l’État des Provinces-Unies des Pays-Bas, faites en l'an 1672 [1674], La Haye, J. et D. Steuker, 1692, p. 123 et 216-218 ; voir Commerce, § 125.
7.L’auteur reprend les propositions du Projet pour mieux mettre en œuvre dans le gouvernement des États le désir de la distinction entre pareils (1730) : voir Distinction, Seconde partie.
9.Entre 1679 et 1691, Louvois, secrétaire d’État à la guerre, fait aménager à grands frais sa propriété de Meudon par Le Nostre et par Mansart : sur ces dépenses, voir Saint-Simon, Mémoires, Yves Coirault (éd.), Paris, Gallimard, 1983, t. I, p. 229 ; Monsieur désigne Phillippe de France (1640-1701), duc d’Orléans, frère du roi et père du régent.
10.Il s’agit probablement de Jean-François Melon (1675-1738), mort l’année précédant celle de la rédaction de cette addition. Voir Introduction à Luxe, § 1, § 5.
11.Saint-Pierre introduit le néologisme gloriole dans son Projet pour mieux mettre en œuvre dans le gouvernement des États le désir de la distinction entre pareils (1730), afin de « faire sentir […] la grande distance qui est entre la distinction précieuse, que l’on peut appeler gloire, et entre la distinction méprisable, que les Latins appellent gloriola et [qu’il] appelle gloriole » (Distinction, § 9).
12.Saint-Pierre renvoie implicitement à plusieurs de ses projets visant à diriger l’attrait du plaisir vers la recherche de la bonne gloire : Projet pour rendre les livres et autres monuments plus honorables pour les auteurs futurs et plus utiles à la postérité (1733), « Observations pour rendre les sermons plus utiles » (1726), « Mémoire de M. l’abbé de Saint-Pierre pour rendre les spectacles plus utiles à l’État » (1726).
13.Charles-Maurice Le Tellier (1642-1710), archevêque de Reims de 1671 à sa mort, n’était pas le fils, mais le frère de Louvois.
14.Au château d’Hénonville, dans le Vexin, chez la présidente Ogier : voir Patrizia Oppici, Introduction à Douceur, § 6 ; Lettre de l’abbé de Saint-Pierre à madame Dupin, le 11 septembre 1742, in Le portefeuille de madame Dupin, Gaston Villeneuve-Guibert (éd.), Paris, Calmann-Lévy, 1884, p. 231.